mardi 23 juin 2015

M.O. Béjaïa, La Coupe qui marque…l’Histoire


                                                                                                                               
Après seulement deux saisons en Ligue 1, le Mouloudia de Béjaïa, avec 18 mois seulement de préparation sous la coupe d’Abdelkader Amrani  (vainqueur pour la troisième fois de cette compétition-couperet)  remporte son premier titre majeur (la Coupe d’Algérie) après une rencontre inédite dans les annales du football algérien face au RC Arbaâ, une équipe de la Mitidja ayant accédé en même temps que le M.O.B. parmi l’élite du football national.
Pour les « Crabes », les supporters du club populaire de la capitale des Hammadites, ce titre revêt une saveur particulière. Ils ont rejoint dans le palmarès, leurs voisins et rivaux irréductibles de la JSM Béjaïa qui se l’était approprié en 2008 et qui cette saison évolue en Ligue 2, alors que leur équipe favorite est encore concernée par la conquête du titre de champion.
On comprend donc que leur joie soit démultipliée. Bien que la rivalité entre les deux galeries soit intense, elle n’est pas aussi systématique et mesquine que l’on aurait tendance à le croire. Dans les moments de liesse, les plus irréductibles savent faire la part des choses en encourageant l’ « autre » équipe, en se déplaçant et en se mêlant avec les supporters, en partageant ces moments de bonheur fugace. Un phénomène qui n’est pas aussi anodin qu’il le parait. Un peu comme si les Chenaoua se plaçaient aux côtés des supporters de l’USMA ou les Sanafirs auprès des Mocistes, etc.
Malgré les dérapages et les égarements verbaux de quelques supporters zélés pendant les jours qui ont précédés la finale, il a été remarquable de noter que les dirigeants du club se sont comportés non pas comme des représentants de la cité historique mais de toute une région, d’un arrière pays sans lequel elle ne serait pas ce qu’elle est. La répartition et la gratuité des billets d’entrée au stade Tchaker est révélatrice de cet état d’esprit, de la communion qui anime les cœurs que l’on soit de la ville, de la « vallée de la Soummam », qui a fourni de nombreux joueurs de qualité aux deux grandes équipes de la wilaya, ou du Sahel, cette bande littorale Est, réputée pour ses plages (Tichy, Aokas, Souk El Tenine, etc.), qui conduit vers Kherrata.
Cité multimillénaire, Béjaïa est aussi au carrefour de deux couloirs géographiques porteurs séculaires d’Histoire, de populations refusant de plier devant les invasions. Kherrata, symbole de la ville-martyr du 8 mai 1945, s’allie à Ifri-Ouzellaguen du 20 août 1956, du congrès et de la plate-forme de la Soummam (moments forts de la guerre de libération) mais aussi à Tazmalt, Akbou, Sidi Aïch, El Kseur ou encore Amizour, marqueurs de la pensée ouverte vers d’autres horizons.     
La victoire du MOB s’inscrit dans la longue lignée des exploits des associations sportives de la wilaya. Sidi Aïch et Akbou prenaient part au championnat national de division 2 des années 80 et les équipes de volley ball (féminines et masculines) de Béjaïa et d’El Kseur rivalisaient déjà en ce temps-là  avec les ténors nationaux, africains et arabes  de « la balle au filet ». Les collégiennes d’Ifri-Ouzellaguen passionnées de « la petite balle » jouée sur des terrains impropres à la pratique sportive s’embarquaient pour l’Afrique.
Bien avant, depuis et avant la proclamation de l’Indépendance, les pugilistes faisaient tourner en bourrique leurs adversaires. Et, plus tard, vint Soraya Haddad et tant d’athlètes qui firent et font honneur aux couleurs nationales. 
Pourraient-on oublier l’athlétisme bougiote qui submerge l’athlétisme national en s’accaparant près de la moitie des places du « Top 20 » par clubs dont une deuxième derrière l’inabordable GSP. Sans compter la deuxième place aux classements des ligues.

La victoire du MOB couronne une période historique. Mais, elle est aussi, le symbole d’une wilaya sportive où la pratique multidisciplinaire n’est pas un vain mot. Y compris dans les bourgades les plus reculées et malgré l’absence de moyens.      

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