Après seulement deux
saisons en Ligue 1, le Mouloudia de Béjaïa, avec 18 mois seulement de
préparation sous la coupe d’Abdelkader Amrani
(vainqueur pour la troisième fois de cette compétition-couperet) remporte son premier titre majeur (la
Coupe d’Algérie) après une rencontre inédite dans les annales du football
algérien face au RC Arbaâ, une équipe de la Mitidja ayant accédé en même temps
que le M.O.B. parmi l’élite du football national.
Pour les
« Crabes », les supporters du club populaire de la capitale des
Hammadites, ce titre revêt une saveur particulière. Ils ont rejoint dans le
palmarès, leurs voisins et rivaux irréductibles de la JSM Béjaïa qui se l’était
approprié en 2008 et qui cette saison évolue en Ligue 2, alors que leur équipe
favorite est encore concernée par la conquête du titre de champion.
On comprend donc que
leur joie soit démultipliée. Bien que la rivalité entre les deux galeries soit
intense, elle n’est pas aussi systématique et mesquine que l’on aurait tendance
à le croire. Dans les moments de liesse, les plus irréductibles savent faire la
part des choses en encourageant l’ « autre » équipe, en se
déplaçant et en se mêlant avec les supporters, en partageant ces moments de
bonheur fugace. Un phénomène qui n’est pas aussi anodin qu’il le parait. Un peu
comme si les Chenaoua se plaçaient aux côtés des supporters de l’USMA ou les
Sanafirs auprès des Mocistes, etc.
Malgré les dérapages
et les égarements verbaux de quelques supporters zélés pendant les jours qui
ont précédés la finale, il a été remarquable de noter que les dirigeants du club
se sont comportés non pas comme des représentants de la cité historique mais de
toute une région, d’un arrière pays sans lequel elle ne serait pas ce qu’elle
est. La répartition et la gratuité des billets d’entrée au stade Tchaker est
révélatrice de cet état d’esprit, de la communion qui anime les cœurs que l’on
soit de la ville, de la « vallée de la Soummam », qui a fourni de
nombreux joueurs de qualité aux deux grandes équipes de la wilaya, ou du Sahel,
cette bande littorale Est, réputée pour ses plages (Tichy, Aokas, Souk El
Tenine, etc.), qui conduit vers Kherrata.
Cité multimillénaire,
Béjaïa est aussi au carrefour de deux couloirs géographiques porteurs
séculaires d’Histoire, de populations refusant de plier devant les invasions.
Kherrata, symbole de la ville-martyr du 8 mai 1945, s’allie à Ifri-Ouzellaguen
du 20 août 1956, du congrès et de la plate-forme de la Soummam (moments forts
de la guerre de libération) mais aussi à Tazmalt, Akbou, Sidi Aïch, El Kseur ou
encore Amizour, marqueurs de la pensée ouverte vers d’autres horizons.
La victoire du MOB
s’inscrit dans la longue lignée des exploits des associations sportives de la
wilaya. Sidi Aïch et Akbou prenaient part au championnat national de division 2
des années 80 et les équipes de volley ball (féminines et masculines) de Béjaïa
et d’El Kseur rivalisaient déjà en ce temps-là avec les ténors nationaux, africains et arabes
de « la balle au filet ». Les
collégiennes d’Ifri-Ouzellaguen passionnées de « la petite balle »
jouée sur des terrains impropres à la pratique sportive s’embarquaient pour
l’Afrique.
Bien avant, depuis et
avant la proclamation de l’Indépendance, les pugilistes faisaient tourner en
bourrique leurs adversaires. Et, plus tard, vint Soraya Haddad et tant
d’athlètes qui firent et font honneur aux couleurs nationales.
Pourraient-on oublier
l’athlétisme bougiote qui submerge l’athlétisme national en s’accaparant près
de la moitie des places du « Top 20 » par clubs dont une deuxième
derrière l’inabordable GSP. Sans compter la deuxième place aux classements des
ligues.
La victoire du MOB
couronne une période historique. Mais, elle est aussi, le symbole d’une wilaya
sportive où la pratique multidisciplinaire n’est pas un vain mot. Y compris
dans les bourgades les plus reculées et malgré l’absence de moyens.
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