Taoufik Makhloufi, champion olympique du 1 500 mètres aux Jeux
Olympiques de Londres (2O12) est encore à
la « Une ». Après une période hivernale déstabilisatrice marquée par
une polémique avec les instances sportives nationales (ministère des sports et
fédération algérienne d’athlétisme) au sujet de la prise en charge financière
d’un stage qui a vu le formalisme administratif prendre le pas sur les
considérations techniques et sportives, il fait à nouveau parler de lui dans
les milieux sportifs et médiatiques. Malheureusement, le débat n’a pas lieu sur
la scène, au grand jour mais dans les loges, les coulisses, dans les vestiaires
(pour rester dans le registre sportif) qui, en athlétisme, sont l’équivalent
des « cafés de supporters » pour le football.
Depuis l’épisode de la polémique avec l’ancien ministre des sports
impliqué malgré lui dans un débat qui n’avait pas lieu d’être si les
administrations du ministère et de la FAA avaient été compétentes, c’est une
série digne des chaînes de télévisions qui a été entamée. On y trouve un
épisode consacré à son choix d’entraineur. Une question qui avait interpellé
l’ancien ministre qui ne comprenait pas comment le médaillé olympique avait pu
se déplacer aux Etat Unis sans entraineur. L’explication a été fournie un peu
plus tard lorsque nous apprîmes que T. Makhloufi comptait rejoindre (avec l’accord
de la FAA dans le cadre d’une convention) le groupe d’athlètes entrainés par
l’entraineur français Philippe Dupont (entraineur, il y a une décennie et
demie, d’Ali Saidi Sief, contrôlé positif et dépossédé de sa médaille des Jeux
de Sidney), coach de deux franco-algériens (Mekhissi et Tahri) réputés
mondialement sur 3 000 mètres steeple où ils sont des rivaux coriaces de
l’armada kenyane et manageur du marathon à la fédération française d’athlétisme.
L’Algérien et le « groupe Dupont » étaient en stage sur le même site,
à la même époque. Observons que des athlètes de différentes nationalités et de
divers groupes d’entrainement peuvent se retrouver sur les mêmes installations
et au même moment dans de nombreux pays (Maroc, France, Portugal, Etats Unis,
Mexique, Afrique du Sud, Kenya, etc.) en vue de se préparer pour les mêmes
compétitions.
L’épisode suivant est celui de l’absence de l’athlète à la course
d’ouverture de la « Diamond League » de Doha initialement prévue dans
son programme de préparation aux championnats du monde qui se dérouleront en
Chine à la fin du mois d’août. Le prétexte invoqué est celui de la perturbation
de la préparation et d’un souci d’un rattrapage du retard accumulé. Pour
beaucoup, l’explication est légère. Pourtant, souvenons-nous qu’à la fin du printemps
1992, Nouredinne Morceli, alors en stage de préparation, s’était blessé et avait raté sa participation aux Jeux
Olympiques de Barcelone avant, quelques
semaines plus tard, battre à Rieti (Italie) son premier record du monde du
1 500 mètres.
La polémique autour et sur T. Makhloufi a rebondi à nouveau avec des propos, des écrits journalistiques
et une mise au point de la FAA sur l’hypothèse d’un changement de nationalité
sportive du médaillé olympique. Les commentaires sont nombreux, d’autant que
les faits (entrainements avec un groupe d’athlètes franco-algériens, passage
sous la coupe technique d’un coach français) peuvent être interpréter comme
concordants et annonciateurs d’une telle éventualité.
A nouveau, la fédération s’emmêle dans des propos oiseux et vains qui
encouragent cette situation qui s’opacifie encore plus. Le changement de
nationalité sportive est connu (presque dans le détail) par tous les supporters
des « Fennecs » depuis l’adoption – l’instigation de l’Algérie - de
la loi dite de Bahamas qui permet à un joueur de foot de changer de
« passeport sportif », à sa demandes expresse, pour peu qu’il n’ait
pas intégrer une équipe nationale « A ». En athlétisme, la
réglementation est plus permissive puisqu’elle permet ce changement à condition
de passer 3 « saisons blanches », sans participations à des
compétitions internationales organisées sous l’égide de l’IAAF, c'est-à-dire
sans championnats continentaux, championnats du monde et Jeux Olympiques. Cette
durée peut toutefois être réduite à une « saison blanche » lorsqu’il
y a accord entre les deux membres (fédérations) au sujet de la
« libération » de l’athlète.
En ce qui concerne T. Makhloufi, l’opposition de la FFA (et des
pouvoirs publics qui financent sa préparation et lui octroie un certains nombre
d’avantages) équivaut à lui interdire la participation aux Championnats du
monde 2015, aux jeux olympiques de 2016 et aux championnats du monde de 2017.
Il ne pourrait alors que participer aux meetings, certes fort rémunérateurs,
mais ne pourrait enrichir son palmarès par les titres qui comptent. Il
suffisait de le dire pour clore le débat !
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