Ces deux écoles (demi-fond et 400 m haies) avaient été inspirées et
encadrées par des entraîneurs venus des contreforts de l’Oural. Deux écoles orientées
par deux champions dont la notoriété olympique fut négligée, médiatiquement
inexploitée.
En ces temps-là, les champions du monde (les premiers championnats du monde
eurent lieu à Helsinki à l’été 1983) n’étaient pas légions. Les champions olympiques étaient une denrée d’une
grande rareté. La périodicité (quadri-annuelle) de la rencontre sportive universelle y
concourait. Les premiers Algériens (Hassiba Boulmerka et Noureddine
Morceli) premiers détenteurs algériens de ce titre ne pourront s’en glorifier qu’après 1991.
Le petit commando de formateurs soviétiques sut mettre en valeur un
territoire propice au développement de la course de demi-fond prolongé. Leurs efforts
donnèrent des fruits qui prirent la forme d’escadrons d’athlètes appartenant à
l’élite razziant titres, sélections nationale et accessits. Miloud Abaoub fut
l’un de ces fruits. Sans doute l’un des tout derniers, l’un des plus brillants.
Un élément de l’arrière garde, tel Roland à Roncevaux, retardant l’échéance.
Nous laisserons aux membres de
la famille athlétique aurèsienne le soin de fouiller dans leurs mémoires, leurs
archives afin d’indiquer les identités de ces deux champions dont l’un, soit dit
en passant, fut champion olympique du 10 000 mètres.
A l’inverse, Hamma-Bouziane n’était alors qu’une petite ville
dissimulée par l’ombre que rejetait sur elle Constantine, capitale historique,
politique, culturelle, administrative. L’athlétisme, malgré le « Cross
du parti » et le sport scolaire, n’y était qu’une activité
sportive dont nous ne dirons pas qu’elle fut secondaire car elle fut dérisoire.
La discipline avait acquis une forme parasitaire dans le système de
pensée. En outre, elle possédait de très forts accents populaires et protocolaires…..
comme le serait un défilé de troupes folkloriques de « banadirs »
(tambourins) et de « ghaïtas » (flûtes traditionnelles) animant les
rues d’une petite cité provinciale en mutation.
Reconnaissons cependant que cela changea avec l’influence exercée par Ali
Saïdi-Sief, sa médaille olympique argentée, ses victoires télévisées puis son
statut victimaire (découlant de son contrôle positif) sur les mentalités et
l’imaginaire locaux. La lumière fût. Le parasitisme fut plus marqué à partir du
changement de millénaire et ce malgré
l’apparition, une bonne dizaine d’années plus tard d'un nouvel héros local,
Tayeb Filali.
Ali Saïdi-Sief, le futur champion de course à pied, ne pouvait évoluer,
progresser harmonieusement dans une ambiance où, en d’autres circonstances que
celles accompagnatrices des titres de Hassiba Boulmerka et Noureddine Morceli,
le football était déjà (depuis des décennies, on aurait tendance à l’oublier)
en haut de l’affiche, au cœur de tous les discours, de toutes les
préoccupations. Saïdi-Sief raconte que son parcours de champion de course à
pied débuta par le poste de gardien de but dans une équipe locale.
Aux championnats du monde junior de Sidney (1996), le début du
processus d’inversion était déjà amorcé. Abaoub Miloud ne savait pas qu’avec l’expatriation
il perdrait les moyens logistiques qui lui avaient permis d’être un leader
mondial dans sa catégorie d’âge. Même s’ils ne furent pas tout à fait à la
hauteur de ses attentes, de ses rêves et du projet sportif envisagé ou
simplement esquissé du fait des actions pénalisantes qui étaient et sont
toujours monnaie courante. Ce sont ces mêmes moyens (plus que souvent décriés
parce que jamais au diapason des besoins exprimés par les entraîneurs) qui lui avaient
permis d’être performant chez les cadets et les juniors de son époque.
Les moyens (même en diminution depuis le changement de législation
opérée en 1989) mis à disposition par un club « professionnel »
algérien via un mouvement sportif soutenu financièrement par l’Etat et par les
collectivités locales ne pouvaient qu’être supérieurs à ceux d’un club amateur
français.
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