vendredi 18 août 2017

Samira Messad (40), Ce foot au statut particulier

L’interview du docteur Mekacher a aussi porté sur la question sensible de la confidentialité des informations, sur la protection de la vie privée des sportifs incriminés dans des affaires de dopages. Cet aspect fait partie du crédo de l’AMA, des fondamentaux que l’agence mondiale défend avec force. L’AMA qui s’est dotée du pouvoir régalien de rendre justice, de préserver l’équité, ne reconnait que des « allégations de dopage » tant que la procédure n’est pas achevée.

Le docteur Mekacher, dans sa réponse à une question directe, s’inscrit en droite ligne dans la démarche discursive de l’AMA. Il assimile cette question problématique de la confidentialité en matière de dopage à celle qui prévaut dans les affaires de justice où rappelle-t-il à bon escient que « vous êtes présumé innocent tant que la justice n'a pas statué sur votre cas ».

Revenant à ce qui est de son domaine d’expertise, le président de la CNAD (spécialiste es toxicologie) apporte les précisions suivantes : « Si vous êtes contrôlé, rien ne se dira sur votre cas tant que les premiers résultats de l'analyse ne sont pas dévoilés. Si le contrôle s'avère positif, vous avez  le droit de faire appel et de demander une contre-expertise. Si celle-ci aboutit au même résultat, l'affaire est rendue publique puisqu'il y a sanction ».

Nous devons donc considérer, sur la base de la déclaration du docteur Mekacher, que la  divulgation du cas de dopage (et du nom du produit dopant) est liée à la sanction définitive. Tant que celle-ci n’a pas été prononcée ou plus exactement tant qu’elle n’est pas devenue officielle, rien ne peut et ne doit être révélé.

Sauf que, dans la réalité, les faits et les actes ne semblent pas être aussi simples que peut le laisse entendre l’affirmation du docteur Mekacher. Nous reviendrons sur cette thématique en abordant ces situations particulières qui sont celles des interférences pouvant se produire lorsqu’intervient un recours à la procédure d’appel par le sportif ou par les parties habilitées, ou encore à propos de ces rumeurs qui ont cours au stade annexe déflorant au passage les procédures en cours et qui sont donc inabouties.

Sur cette notion d’appel, le docteur Mekacher, à partir d’ « un point de vue juridique » (en réponse à une question portant sur la problématique d’une décision qui aurait été prise par la FAF et qui ne satisferait pas la CNAD), estime qu’il existe « des dispositions  règlementaires imposées par l'Agence mondiale antidopage et par la Fifa. Si un jugement est estimé antiréglementaire par l'une de ces deux parties ou par les deux, il faut s'attendre à ce que ce soient elles qui fassent appel pour exiger que la sanction soit en rapport avec les nouvelles dispositions de janvier 2015 ».

Dans ce cas particulier de dopage en milieu footballistique, la CNAD ne serait qu’observatrice, en position attentiste. La possibilité d’intervenir dans le processus serait donnée (en priorité) aux instances internationales (l’AMA et la FIFA) avant l’intervention de la CNAD proprement dite. Il semblerait que ces interventions exogènes soient privilégiées à l’intervention de la CNAD.

Il a été remarqué que la question qui est au cœur du football, frappé à l’époque de l’interview par plusieurs cas (dont le plus médiatique, celui de Youcef Belaili, le joueur milliardaire) échappe à la CNAD.

Le docteur Mekacher reconnait cette particularité. Elle serait la conséquence des us et coutumes, de la place distinctive de l’univers footballistique dans le mouvement sportif national qui s’appuierait entre autre sur une spécificité née d’« une vieille tradition de lutte contre le dopage » que détiendrait la fédération algérienne de football, du nombre de contrôle qu’elle effectue chaque année et de ses capacités financières qui ne sont pas celles des autres fédérations.

Par ailleurs, cette autonomie d’action (encore une fois renouvelée) de la FAF aiderait la CNAD qui pour toutes ces raisons « n'a ainsi pas besoin d'intervenir dans le football », une discipline sportive dont le médecin fédéral, dispose d’un avantage supplémentaire, certainement en raison de son expertise et de son expérience dans le domaine et du poids représenté par 361 contrôles (plus de 50 % du bilan) réalisés en neuf mois (janvier à septembre 2015), celle d’être «membre de la commission de discipline de la CNAD ».


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