Ces deux compétitions (le cross Oudiba et le semi Larbi Ben Mehidi) ont
été créées depuis l’arrivée de Zahra Bouras (2014-2015) dans le club de
Bounouara. Ces deux compétitions nationales se sont ajoutées, dans le paysage
sportif de cette daïra, au traditionnel semi-marathon Chihani Bachir du
Khroub organisé depuis la fin des années 1980. Difficile d’y voir un effet du
hasard.
Par la force des choses, le MAC
fut mis dans l’obligation de réorienter sa politique de recrutement en
faisant maintenant appel à quelques athlètes plus âgé(e)s, à des athlètes
certes confirmé(e)s mais paradoxalement en fin de carrière sportive.
Le MAC se tourna en premier lieu vers des vétéranes (Oulmi
Fatima-Zohra, Aissani Wassila, Amina Chaâbane), puis des vétérans (Filali
Tayeb), spécialistes d’abord des courses sur route et de la marche avant de porter
son regard vers quelques sauteurs (Tibermacine) et lanceurs.
Ils étaient tous d’anciens internationaux au riche pédigrée. Dans ce
groupe se mêlèrent des sélectionnés pour des compétitions maghrébines ou
africaines et d’autres retenus pour des championnats du monde ou les jeux
olympiques. Ces athlètes étaient là pour servir d’exemples à de jeunes talents
athlétiques prometteurs. Ils étaient les locomotives du club.
Au cours des dernières saisons, les plus récentes de l’histoire du
club, à savoir (2014-2015 et 2015-2016), celles correspond à la présence de
Zahra Bouras à l’ASC Bounouara, les relations entre Hassiba Boulmerka et Amar
Bouras se crispèrent plus qu’elles ne l’avaient jamais été.
Dans cette évocation historique, nous n’aurons garde d’oublier que
Hassiba Boulmerka considéra Amar Bouras comme une « carte gagnante ».
L’opportunisme n’est pas unilatéral. Mais, depuis quelques années, des
divergences étaient apparues entre la star populaire et celle du système
technocratique fédéral.
Hassiba Boulmerka est une femme de caractère qui, son statut de star
aidant, sut dire à son ancien entraîneur des vérités que d’autres n’auraient
pas osé lui dire. En particulier que sous sa présidence, le nombre de licenciés
avait régressé. Samira Messad, elle aussi n’a pas la langue dans la poche.
Rancunier, Amar Bouras aurait alors retiré l’aide fédérale au challenge
de courses de demi-fond, à prétention internationale, que Hassiba Boulmerka et
Abboud Labed s’attelaient à bâtir pour redorer le blason de Constantine dont le
meeting international des années 1990 avait disparu quand il commença à
recevoir la reconnaissance des instances
internationale (CAA et IAAF) et le coup fatal porté par ses géniteurs.
Parallèlement, le président de la fédération vindicatif aidait le club
rival.
C’est ce contexte de rivalité exacerbé qui permit au MAC de faire évoluer
sa perception de la pratique de l’athlétisme, de faire enfin comme les autres
clubs, de se lancer dans le recrutement tout en poursuivant les efforts fournis
en matière de formation.
On ne peut comprendre le lien (dénoué par la décision reçue le 27
avril 2017) entre le MAC et Samira Messad si l’on n’a pas à l’esprit ce que nous venons
d’écrire. Mais, cette compréhension demeurera superficielle.
Pourtant, si cet aspect est révélateur, il est impossible de faire abstraction
(c’est peut-être même la dimension la plus importante) des conditions de vie
sociales et sportives dans lesquelles a évolué Hassiba Boulmerka dans ses
jeunes années, au début des années 80. Des conditions de précarité présentant
de nombreuses similitudes avec celles qui épousent les conditions dans
lesquelles évoluent présentement Samira Messad.
Hassiba Boulmerka a grandi dans un des nombreux quartiers
périphériques qui encerclaient la ville de Constantine, formant une couronne
d’habitat insalubre. Elle a vécu sur un site d’habitat précaire surnommé, par
la puissance de l’ironie, heureusement présente en ce lieu d’extrême précarité,
« Dallas ». Avant que sa victoire de Tokyo ne permette
l’octroi, et le déménagement de sa famille, d’un logement social à El Khroub.
Nous avons vu que Samira Messad a perdu son père alors qu’elle était
minime (mais déjà internationale scolaire), que son unique frère est employé au
marché de gros de Bejaïa et que sa mère
est une grande malade. On ne dira jamais assez que les résultats de Samira
Messad sont, en grande partie, certes le produit de ses efforts, de ses
victoires sur les blessures récurrentes mais également celui de
l’accompagnement des âmes charitables peuplant la famille de l’athlétisme
bougiote. Une autre ressemblance avec Hassiba. L’environnement proche lui
permis de garder la tête hors de l’eau.
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