jeudi 16 novembre 2017

Samira Messad (89), L’entrée en lice du MAC

Nous pouvons supposer que, sans cette proximité géographique, la seconde sanction (suspension de 4 ans) n’aurait pas été connue de la nouvelle FAA, que la décision n’aurait été, pour la ligue d’athlétisme, qu’un document administratif à classer dans les archives. Il n’en est rien.

En réalité, la situation qui vient de naitre, le « cas Samira Messad », tel que dénommé dans le procès-verbal de la réunion du bureau fédéral, est encore plus complexe qu’il n’y parait. Comme s’il ne l’était pas déjà suffisamment avec toutes les péripéties que le résultat d’analyses anormal ne laissait pas voir. Le fax de la DTN est certes le fait déclencheur. Mais, il n’est que l’aboutissement d’une démarche administrative engagée quelques semaines plus tôt.

Car, avant que la décision d’aggravation de la sanction ne soit dévoilée inopinément, tout démarre avec le désir de Samira Messad de reprendre une licence sportive, de retrouver la piste et les compétitions comme le lui permet la décision qu’elle a entre les mains. Une décision qui la suspend pour une année. Une décision acceptée à contre cœur.

Aux championnats d’Algérie d’athlétisme Open 2016, marquant quasiment la fin de la suspension de 12 mois, Samira Messad avait été approchée par Abboud Labed pour qu’elle signât une licence au club dont il est la cheville ouvrière : le MA de Constantine. La sanction d’une année de suspension expirerait à la fin du mois d’août 2016.

Le MAC n’est pas un grand club. Mais, c’est une association sportive particulièrement remarquable. Le club a été créé, est présidé et financé par la championne du 1 500 mètres des jeux olympiques de Barcelone (1992), Hassiba Boulmerka.

Le club déroge aux règles de fonctionnement habituelles. Dès sa création, il s’intéressa aux courses de demi-fond et aux jeunes. Il rejoignit ainsi la philosophie préexistante à la création des associations sportives ou sections d’athlétisme.

Cette vision fait partie également (comment pourrait-il en être autrement au vu des vécus de Boulmerka et Labed ?), il faut le dire, du conditionnement mental, du « formatage », du mode de pensée de Labed qui, pendant toute sa carrière d’enseignant d’EPS et d’entraîneur d’athlétisme, fut au contact des adolescents et surtout….. des adolescentes qui écrivirent les lignes les plus prestigieuses de son palmarès d’éducateur sportif. Abboud Labed est considérée comme LE spécialiste algérien de l’athlétisme féminin, excellant dans toutes les épreuves du programme. Quant à la préséance du demi-fond, le club la doit à Hassiba Boulmerka. Parcours sportif oblige.

Hassiba Boulmerka a connu Labed à ses premiers pas. En fait, dès le collège où elle fut son élève puis au club.  La connaissance partagée de l’idéologie sportive et la force de persuasion de Labed, conduisit la nouvelle association sportive à privilégier la création d’écoles d’athlétisme disséminées dans les établissements scolaires (de la ville et en dehors de l’agglomération de Constantine) où les enseignants d’EPS étaient motivés pour devenir des partenaires du club dont Hassiba est le leader. Dans leurs visions, chaque établissement scolaire est considéré comme un pôle de développement, apte à devenir ultérieurement une annexe du club ou même un club à part entière pour les écoles situées dans des localités éloignées.

La politique suivie commence à porter ses fruits. Avec de jeunes athlètes figurant parmi l’élite nationale. Ainsi qu’avec de premiers pas réussis au niveau international. Hamdani Benahmed, finaliste des championnats du monde cadets 2017 et médaillé d’argent des championnats arabes 2017 sur 2000 mètres steeple (5.56 sur la distance), est le joyau actuel du club.

Pour la petite histoire récente de l’athlétisme constantinois, le sauteur en longueur et triple sauteur Triki Yasser Mohamed Tahar y aurait pris sa première licence avant de connaitre d’autres clubs. Labed (et les clubs où il exerce) parait avoir été la victime rituelle du pillage des athlètes. Labed s’est habitué à cela. Bien qu’il trépigne de rage chaque fois que cela arrive.


Hassiba Boulmerka fut sans doute l’athlète la plus emblématique et représentative de la pratique du piratage d’athlètes. Avec Abboud Labed, Hassiba Boulmerka avait atteint un niveau international plus que respectable. Sous sa direction, elle fut double championne d’Afrique (800 mètres et 1 500 mètres) à Annaba (1988) et deux fois demi-finalistes sur les mêmes distances aux jeux olympiques de Séoul (1988). 

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