samedi 5 mai 2018

Ali Saidi-Sief (29), Nike remplace Tati


Les effets pernicieux de cet accompagnement médicamenteux peu médiatisé ne seront portés à la connaissance du grand public que lorsque quelques stars sportives populaires seront confrontés aux ennuis de santé de leurs progénitures (malformations et handicaps divers), pousseront un cri de désespoir et solliciteront le soutien des pouvoirs publics.

Ces joueurs de football, membres des équipes nationales ayant participé aux Coupes du monde de 1982 et 1986 ou celle qui remporta la Coupe d’Afrique de 1990, touchés dans ce qui leur est le plus cher, pointeront d’un doigt timide les responsabilités. Le voile est déchiré par ceux dont la voix est audible.

Dans le discours devenu routinier dans la bouche des techniciens, la « scientifisation » de la préparation des athlètes de haut niveau appelés à se disputer les titres mondiaux et olympiques ou les médailles internationales passe obligatoirement par un certain nombre de préalables méthodologiques et logistiques dont ceux liés à la récupération des efforts consentis lors de l’entraînement ainsi qu’à la compensation des carences vitaminiques et minérales survenant à la suite d’une alimentation quantitativement insuffisante et qualitativement inappropriée pour une pratique sportive astreignante.

L’inconvénient majeur est que ces produits de compensation ne sont pas d’accès aisé, disponibles à  profusion et à portée de mains de n’importe quel quidam.

L’absence de production nationale, les difficultés d’importation légale semblent avoir remis à la mode la  période du trabendo popularisé par les cabas.  Cette fois- ci, ce ne sont plus les cabas de chez Tati qui sont en vogue mais ceux des sportifs vecteurs publicitaires non rémunérés par Adidas, Puma, Nike, Diadora, etc.

Les entraîneurs (et les athlètes à leurs suites) entrent donc de plain-pied dans le cercle infernal de la complémentation alimentaire, de la préparation biologique, sur le marché de la pharmacopée lui aussi  régulé par « la main invisible » orientant habituellement les marchés financiers et des matières premières conduisant au bout du compte à toutes les formes de spéculation et au dopage défini comme étant l’utilisation de substances et de méthodes incompatibles avec la réglementation sportive.

La compréhension de ce phénomène social qu’est le dopage est difficile si l’on ne prend pas en compte (au-delà des autres considérations psychosociologiques habituellement citées), la somme d’entraînement qui n’est plus celle du sportif amateur. Le dopage est un adjuvant. Il ne dispense pas de l’entrainement forcené.

Toutes proportions gardées, et dans une forme que nous voulons caricaturale pour mettre au premier plan l’aliénation des coureurs devenus esclaves du système, le jeune sportif qui veut percer se retrouve dans une situation que l’on pourrait comparer à celle de Charlie Chaplin dans le film « Les Temps modernes » ou celle de l’ouvrier spécialisé - employé dans une usine conçue selon les règles de fonctionnement du taylorisme, du behaviorisme et de l’OST (organisation scientifique du travail) dans ses différentes versions chronologiques - lié, pendant les horaires légaux, à une machine de plus en plus automatisée imposant des cadences infernales programmées dans les bureaux de consulting.

Pour s’extirper du lot, de plus en plus dense, le champion est contraint à subir une sorte de double vacation aliénante (10 à 12 séances hebdomadaires), physiquement et psychologiquement insoutenable,  imposée par l’organisation scientifique de l’entrainement promu comme modèle sportif de réalisation de performances dont les frontières humaines sont constamment repoussées.

Selon des entraîneurs, préoccupés par les méfaits du dopage et des effets de cette pratique sur le niveau des performances, l’un des indices pouvant laisser supposer à l’utilisation d’une aide pharmacologique est celui d’une progression chronométrique importante réalisée en un court laps de temps.

La mise en relation de la progression et du temps est à la fois tentante et délicate. Elle n’est certainement pas déterminante tout en aiguisant les suspicions.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire