samedi 9 juin 2018

Ali Saidi-Sief (38), La colère vendéenne


Le dernier argument favorable à Kalloud tendrait à signifier que, dans les pratiques nationales (telles qu’elles sont suggérées par les commentaires du milieu qui font état ces dernières années de situations de ce type), il serait de bon ton, de la part des athlètes concernés, de tenter de passer entre les mailles du filet en esquivant le prélèvement des fluides organiques et en enfreignant le protocole plutôt permissif qui existerait lors des compétitions nationales.

Ces arguments de défense n'ont pas atténué la sanction. Le pouvaient-ils d’ailleurs puisqu’ils ont été formulés à postériori dans les nombreux discours justificatifs que l’on entend si souvent autour du stade annexe en dehors de l’enceinte délibérante.

A l’indulgence algérienne exprimée dans l’article, on peut opposer un sentiment de frustration prononcée  chez les dirigeants du club vendéen, le RCV Les Sables. C’est dans un article publié dans le quotidien régional français « Ouest France », à la date du 08 octobre 2015, que ces derniers l’ont exprimé. Une expression tardive car formulée six années après les faits reprochés à Tayeb Kalloud.  
L’expression de colère des dirigeants français fut dévoilée dans la presse locale. Elle ne visait pas (il est essentiel de le dire) directement de Tayeb Kalloud. En effet, en 2015, son nom était alors profondément enfoui dans les oubliettes de la mémoire.
Son nom fut cependant cité, lorsque celui de Larbi Es-Sraidi fut repéré lors d’une mise à jour de la liste IAAF des athlètes non habilités à concourir en raison d’une sanction infligée pour faits de dopage. Cette liste indiquait qu’il était suspendu pour deux années.
L’athlète franco-marocain Larbi Es-Sraidi était sociétaire (depuis 2013) du club au sein duquel Tayeb Kalloud  avait été, bien des années auparavant, licencié. Es-Sraidi avait été sanctionné « pour l'utilisation d'acétonide de triamcinolone, un produit de la famille des glucorticoïdes, à visée anti-inflammatoire ».
Le quotidien français précisait alors  que « après Tayeb Kalloud (suspendu pour deux ans en 2009, positif à la Norandrostérone), c'est le deuxième athlète de l'histoire de l'athlétisme vendéen aussi lourdement puni ». C’est à travers la « mésaventure » d’Es-Sraidi que Tayeb Kalloud refait son apparition dans l’histoire du club et de la région.
Le journal note également que l’absence de publicité faite à la sanction (elle prend effet à partir du 14 juin 2015) eut une conséquence malencontreuse. Le  coureur continua à participer (comme si de rien n’était) à des compétitions.

A partir de la notification de la sanction, cinq courses furent plus tard comptabilisées par le journal. Des participations s’achevant le plus souvent par des victoires, le journal s’aventura à remarquer qu’il s’agissait de « performances qui vont être annulées, dès que la Fédération française prendra le temps de le sanctionner». Cet incident montre que le laxisme des instances sportives n’est pas seulement algérien.

C’est en cette circonstance, pour le moins inopportune, que l’ancien président du RCV (il avait quitté son poste quelques mois plus tôt, à la fin du mois d’août précédant la publication de l’information), à qui a été faite l’annonce (apparemment par le journaliste venu à sa rencontre), a réagi.

Encore étourdi par le choc provoqué par  cette nouvelle surprenante, il déclara alors, sans doute pour se dédouaner de la communication tardive de la sanction dont il pouvait être rendu fautif : « Je n'étais pas au  courant ».

Il poursuivit en affirmant : « Je ne le pensais pas capable de faire cela » et en prononçant sans détour aucun une sentence terrible qualifiant irrémédiablement le coureur franco-marocain. : « C'est minable ! ». Une forme d’expression laconique de l’anéantissement de la considération précédemment portée à un athlète que l’on avait certainement placé sur un piédestal.

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