mardi 23 février 2016

Athlétisme en crise (2), En dépit de toutes les ressources financières

I
l y a quelques années, lorsque le 20ème siècle laissa la place au 21ème , Abderrahmane Morceli - grand coureur de 1 500 mètres devant l’Eternel, avant que ne vinrent Rachid Kram et Noureddine Morceli, puis bien plus tard Toufik Makhloufi - de passage à Alger (qu’il avait quitté à contre cœur pour rejoindre le staff du Riverside Collège en Californie où son cadet Noureddine avait arasé ses « pointes ») avait déclaré en substance dans cette langue toute empreinte de simplicité qui appartient en propre à ceux qui sont proches du terrain, de la nature nourricière - de la terre et de la mer- comme peuvent l’être les techniciens d’athlétisme à la base du système pyramidal, les paysans, les montagnards et les pêcheurs) que le mode d’expression de l’athlétisme était celui que font vivre le chrono et le mètre.  Abderrahmane Morceli se désolait déjà de la régression connue par l’athlétisme national qui pourtant, à l’époque de cette déclaration, était encore florissant.
Il ne fait aucun doute que l’appréciation d’Abderrahmane Morceli a une base tout à fait subjective en s’appuyant sur l’aspect qualitatif (transcrit dans les mémoires par le niveau de performance réalisée par les athlètes du 21ème  siècle) comparativement à ses propres performances (3.36.26 au 1500) que l’on ne peut écarter ou celles de son frère Noureddine qui figurent, vingt ans plus tard, sur toutes les tablettes. En premières lignes, SVP. 
Dans ce registre des performances d’antan, l’appréciation d’Abderrahmane Morceli s’appuie également sur une densité chronométrique (en demi-fond) sans égale dans les classements africains (les compilations des athlètes et des  performances africaines publiés dans les « Athlétisme africain » des statisticiens Yves Pinaud et Walter Abmayer enregistrant une bonne vingtaine d’athlètes algériens de tous âges parmi les 100 meilleurs continentaux de l’année considérée.
En ces temps bénis, l’administration fédérale, malgré l’inexistence des outils technologiques actuels, était capable, par la seule volonté de bien faire des « permanents » et des « bénévoles » (souvent mis en opposition depuis cette belle époque), de compiler d’abord l’ensemble des résultats réalisés sur le territoire national et dans les compétitions internationales et de proposer ensuite des classifications jusqu’à une cinquantaine d’athlètes dans toutes les épreuves du programme et dans toutes les catégories d’âges.  
Aujourd’hui, le site de la fédération ne livre qu’une classification dite « Top 10 » qui reflète l’indigence actuelle que les résultats en dents de scie de Toufik Makhloufi (et de quelques autres athlètes de moindre envergure internationale mais en devenir) ne peuvent dissiper.
Hassiba Boulmerka, la grande athlète de la fin du 20ème  siècle, la première athlète arabe médaillée de vermeil dans les courses de demi-fond des championnats du monde et des jeux olympiques, s’est inquiétée  quant à elle de la diminution quantitative. Elle prétend, avec l’autorité que lui octroie son statut, que les effectifs de licenciés ont considérablement diminué. La fédération s’est tue à ce sujet. On ne saura rien sur la courbe des effectifs que nous n’avons pu trouver sur son site géré, nous a-t-on dit, par un partenaire spécialisé dans la communication.
Mais, Hassiba possède un atout que ne détient pas Abderrahmane Morceli. En sa qualité de fondatrice, de présidente et de commanditaire partielle d’un club d’athlétisme affilié à la ligue constantinoise d’athlétisme, le M.A. Constantine (Mawaheeb Athlétic Constantine), elle sait que son tout récent (2011) petit club représente près de la moitié des athlètes licenciés dans cette ligue et un bon tiers des participants aux compétitions locales et régionales d’athlétisme et de cross-country. Avec un classement plus qu’honorable (dans le classement national des clubs) pour une association qui recrute dans les petites catégories et axe son projet sportif sur la formation et le développement du demi-fond.

Pendant ce temps-là, la FAA - riche de quelques 25 milliards de centimes de ressources annuelles - organise une multitude de stages et de compétitions à l’étranger en faveur de quelques athlètes soigneusement choisis dans sa proximité. La même politique que les fédérations du foot et du cyclisme. 

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