samedi 27 février 2016

Sport en mutation (3), La perte des « acquis sociaux »

A
l’orée de l’avènement du 21ème  siècle et du 3ème millénaire, alors que se profile la dernière décennie d’un siècle et d’un millénaire, le mouvement sportif national, stabilisé depuis une décennie et demie par un soubassement en perte de vitesse dans les nations qui l’ont vu naître mais encore fortement ancré à l’intérieur des frontières nationales, ressent les premières secousses qui frappent les sphères idéologiques, politiques et économiques du pays. La crise des hydrocarbures, la baisse vertigineuse du prix du pétrole et du gaz impacte les ressources en devises de l’Etat mono-producteur. Les « conditionnalités» des institutions financières mondiales de Brettons Wood (Fonds monétaire international, Banque mondiale, Club de Paris et Londres) nées pour gérer le cataclysme économique consécutif à la fin de la seconde guerre mondiale pointent leurs nez. Les programme d’ajustement structurel (P.A.S) qui restructuraient, dans une perspective libérale, les économies nationales (et en lamineront beaucoup d’autres) au cours du demi-siècle qui suivra, se mettent en place. Ils participeront au démantèlement d’une organisation économique et politique déjà mise à mal par les expériences d’une gouvernance qui s’écarte de plus en plus du « boumediénisme », du « socialisme spécifique » pur et dur, qui a perdu son leader tout en laissant en héritage une « Réforme sportive » que ses partisans n’ont pourtant pas hissé sur le même piédestal que les « Révolutions » agraire et industrielle.
Pourtant, il s’agit d’un véritable séisme qui a bouleversé les structures sportives nationales qui ont continué à fonctionner comme avant le 5 juillet 1962, avec une organisation, fondée sur les associations sportives créées selon la loi de 1905. Un mode d’organisation qui reste dans les esprits comme étant le « sport civil » que porteront haut, du moins dans les discours populistes en direction des masses populaires, le fameux « peuple » mis en avant par les anciens dirigeants (essentiellement ceux des  gros clubs – à savoir le MCA et le CSC -  revendiquant et se disputant, par médias interposés, une légitimité et un leadership s’inspirant de l’histoire de la guerre d’Indépendance et le primat accordé aux « historiques ») qui reviendront prendre les rênes des clubs après que la parenthèse ouverte en 1976 soit légalement refermée.
Le mouvement sportif connait comme ce fut, dit-on, en des temps bien lointain pour la planète Terre un déplacement des pôles provoquant ce qui deviendra ce qui est appelé « la théorie de la dérive des continents de Wegener ». Progressivement, les repères idéologiques et organisationnels léguées par la loi dite de 1901 que, par une simplification outrancière, nous qualifierons de l’ « ère de la débrouillardise », laissent place à un système dans lequel les entreprises publiques (sociétés nationales puis entreprise publiques socialistes et enfin entreprises publiques économiques lorsque la réforme sportive connaitra son extinction), envisagées comme une excroissance de l’Etat participant à la prise en charge des activités sociales (les soins, la pratique sportive, les loisirs, la distribution des biens et services, via les centres médico-sociaux, les œuvres sociales  et les coopératives, etc.).
Comme dans les pays de l’Europe de l’Est, la réforme sportive a porté à son paroxysme le « sport corporatif » d’antan (resté vivace dans la nouvelle organisation en tant que « sports et travail » aux côtés des sports scolaires, universitaires) Le « sport de performance » est parrainé par ces entreprises et par les municipalités. Celles-ci permettent aux sportifs d’élite (formant un véritable  corps social) à la fois de pratiquer au plus haut niveau leur sport favori, et - selon les situations individuelles - de poursuivre leurs études ou d’exercer une activité professionnelle qui permet aux sportifs de haut niveau d’occuper des postes de travail le plus souvent fictifs pendant la carrière sportive et se concluant, à l’issue de celle-ci, par une intégration professionnelle effective.

Ces considérations (pourtant liminaires) expliquent la prise de position des dirigeants des clubs omnisports rejoints (depuis la première chronique sur cette problématique) par les sportifs qui, par le décret décrié, estiment qu’ils sont désavantagés par les concepteurs du nouveau régime sportif.  Cela fait partie des « acquis sociaux » que l’on disperse aux quatre vents.

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