lundi 8 mai 2017

Samira Messad (13), Le comité comprend le contexte

Le comité désigné par la CNAD nous apprend, à travers la masse (inscrite dans le procès-verbal d’audition et de sanction) d’éléments ayant servi à prendre sa décision que Samira Messad aurait consommé cette viande chevaline pour surmonter « l’état de faiblesse et de fatigue dans lequel elle se trouvait pour récupérer et se préparer aux différentes échéances sportives ».
Le comité n’explique pas cependant par quels moyens il est arrivé à considérer (et incidemment à conclure) qu’il existait de fortes probabilités que la viande chevaline soit contaminée. Cette hypothèse (d’apparence insolite) est pourtant vraisemblable.
Samira Messad aurait consommé cette viande  peu usitée dans la ration alimentaire de notre pays (et  en particulier de la région de Bejaïa où l’on observe une prédominance de la consommation de la viande bovine en  dehors du rite sacrificiel de l’Aïd El Adha) où l’on remarque que, outre les viandes blanches moins onéreuses et donc à la portée des bourses de la majorité de la population, c’est la viande ovine qui fait partie de la gastronomie locale.
Il est bien entendu fait abstraction du régime dit « fortifiant » utilisé (sans que cela puisse être érigé en règle absolue) dans des cas de faiblesse comme ceux auxquels sont confrontés les parturientes et les malades ayant subi une intervention chirurgicale. Selon le discours populaire, la viande de cheval rend fort ! Ce serait celle qu’il faut consommer lorsque les abats (foie, rognons, etc.) sont sans effets tangibles sur l’état de santé.
Deux remarques sont toutefois à apporter. Elles confortent la perception du comité. Le premier constat est l’observation quasi-unanime chez les consommateurs algériens que l’élevage animalier se fait de plus en plus dans des « hangars » (au sens d’installations industrielles et donc d’élevage extensif) au lieu de poulaillers et de bergeries  d’antan et que l’alimentation du bétail (à l’exception devenue d’une grande rareté des troupeaux ovins transhumants des Hauts Plateaux qui n’en sont pas totalement exempts, spécialement en période de sécheresse) ne fait, pour ainsi dire, plus recours aux produits naturels (fourrages et grains) et s’est tournée vers l’alimentation « artificielle » ou, dans le meilleur des cas, « mixte ».
Cette remarque est doublée par la constatation que l’élevage est aujourd’hui  une activité mercantile spéculative que se sont appropriés des « smasrias »   spécialisés dans ce créneau.  Une longue chaîne d’intermédiaires-revendeurs (entre les éleveurs et les consommateurs) s’adonnant à un engraissement accéléré avec le recours, affirmé publiquement, aux adjuvants (compléments) alimentaires sur lesquels on ne sait que très peu de choses. Il s’agit du fameux élevage animalier dit, en langue populaire l’ « élevage aux hormones » ou pour la volaille de « djedj triciti » (( le poulet à l’électricité) qui fait que chaque citoyen algérien, s’approvisionnant dans n’importe quel marché du pays, ne sait pas ce qu’il mange réellement en matière de viandes et autres produits de première nécessité.
Le second constat, découlant du premier, a été le phénomène observé, à l’occasion de l’Aïd El Adha 2016, (donc après le cas désormais connu de Messad) illustré par les nombreux récits repris par la presse, de moutons en apparence sains lors de leurs achats mais devenus impropres à la consommation dans les heures ayant suivi leur abattage. Un phénomène que les services sanitaires n’ont su expliquer (officieusement) que par l’engraissement forcé aux produits pharmaceutiques importés frauduleusement, aux techniques d’engraissement artificiel et à des techniques frauduleuses.
Cet aspect contextuel nous semble avoir été pris en considération par le comité qui, dans la prise de connaissance des arguments de défense présentés par Samira Messad dans la perspective d’établir l’ « absence de faute ou de négligence significative », allègue que l’athlète ne pouvait « raisonnablement savoir » que la substance interdite détectée dans son organisme provenait d’un aliment habituellement consommé (par des personnes et/ou des malades alités, donc en situation de faiblesse) sur recommandation médicale.

Le comité ne précise pas que cette recommandation ne fait pas l’objet d’une prescription médicale (ordonnance). Mais, nous devons le comprendre puisqu’il s’agit de la médecine traditionnelle transmissible de bouche à oreille, de femme à sa fille et à sa petite fille. Cette prescription fait partie des conseils donnés par les « chouyoukhs » et les « cheikhates », transmetteurs du Savoir ancestral.

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