Dès les débuts de la relation
entre Morceli et Brahmia, des rumeurs sont nées. Elles continuent d’ailleurs de
resurgir lorsque l’on parle de cette relation ou surtout des rapports qui plus
tard se sont établis entre les athlètes qui succèderont à Morceli et leur
manager. Pour le dire crûment, ainsi que le raconte aussi bien ses détracteurs
que ceux qui n’apprécient pas beaucoup le duo du « groupe Bouras »,
Brahmia auraient escroqué les athlètes dont il gérait les intérêts.
Y avait-il un brin de vérité dans
cette relation ? Nous n’en savons rien. La rumeur qui était parvenue
jusqu’à nous, à plusieurs centaines de kilomètres du stade annexe, devait être
vraiment forte. Amar Brahmia nous en apporta la preuve après la finale du
« Grand Prix IAAF-Mobil ».
Jusqu’à cette date du 20
septembre 1991, nous n’avions pas de véritables contacts avec le DTS du
Mouloudia. Ni plus, ni moins qu’avec tant d’autres entraîneurs. Des
salutations, des poignées de main comme il s’en distribue des centaines sur un
stade lors d’une compétition quand on retrouve une personne que l’on vous a présentée
et que vous ne pouvez ignorer quand vous la rencontrez à nouveau lors de la
compétition suivante. Le respect des règles de la politesse. Rien de bien
marquant. Ni dans un sens, ni dans l’autre. De notre point de vue, dans notre
découverte de l’univers de l’athlétisme algérien qui avait dépassé, depuis
quelques mois, les frontières de l’Est algérien, la priorité que nous nous
étions assignée était faire ample connaissance avec les athlètes. Les
entraîneurs et les dirigeants de clubs passaient au second plan.
C’est dans le courant de
l’après-midi du 19 septembre 1991 que nous avons rencontré le « groupe
Brahmia ». En fait ce jour-là, c’était un trio : le duo
Morceli (Noureddine et Abderrahmane), accompagné de Brahmia, sortait de
l’ascenseur. C’était après la rencontre avec le « groupe Bouras ».
La rencontre fut surprenante sur
tous les plans. Noureddine était installé aux Etats Unis depuis la fin de
l’année 1988. Nous l’avions rencontré brièvement aux championnats d’Algérie
Open de 1989 qui avaient vu le junior qu’il était battre les meilleurs coureurs
algériens de 1500 mètres. Puis, (sans aucune certitude) aux championnats
maghrébins d’Alger 1990. Ce ne furent certainement pas des rencontres qui
auraient dû marquer son esprit.
Pourtant, en nous apercevant,
Noureddine, à la stupéfaction générale - celle essentiellement des athlètes
Américains (dont Michael Johnson et Florence Griffith-Joyner) occupés
bruyamment à des jeux de société, Jamaïcains (Merlene Ottey) ou Roumaines -
vint vers nous tout souriant et les bras grands ouverts.
Aujourd’hui encore, cette scène
est pour nous incompréhensible. C’est certainement pour cela que nous en avons
encore le souvenir. Etrangement, Abderrahmane Morceli et Amar Brahmia, bien que
souriants, étaient eux aussi étonnés par ce comportement inexplicable (et à ce
jour inexpliqué) du récent champion du monde. Une année plus, tard, après
l’échec des Jeux Olympiques de Barcelone, Noureddine nous surprendra à nouveau
par un autre accueil dépassant en chaleur humaine celui de l’ « Hôtel
Expo ». Cette fois-ci, à Alger.
Le trio quittant l’hôtel réservé
par les organisateurs à l’intention des athlètes et de leurs accompagnateurs
pour se rendre à l’ « Hôtel Princès Sophia » où
l’équipementier-sponsor du champion (Nike) avait mis des chambres à sa
disposition, nous ne revîmes Amar Brahmia (qui nous intéresse le plus dans le
cadre de cette chronique) que le lendemain matin, lorsque l’ancien coureur, en
compagnie de son ami et ancien adversaire John Bicourt (8.22 au 3000 mètres
steeple, participations aux jeux olympiques de Munich et Montréal, alors
consultant pour une chaîne de télévision britannique), nous invita à courir le
« petit mile » (course mise au programme en prélude aux
épreuves du « Grand Prix IAAF-Mobil » à destination des
entraîneurs, managers, dirigeants et journalistes permettant aussi de tester le
matériel électronique) dont nous avait publié les résultats à l’occasion du 25ème
anniversaire de la course.
Nous ne reverrons Amar Brahmia
qu’à une heure tardive de la nuit dans les couloirs de l’ « Hôtel
Expo » où le manager était à l’œuvre.
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