samedi 1 octobre 2016

Polémiques (23), La triple casquette de Brahmia

Sur le plan de la réalisation de son programme de préparation et de compétitions (la partie essentielle de son programme d’activités), la section athlétisme du Mouloudia n’est pas totalement dépendante des ressources financières de l’Etat. Son autonomie financière est plus grande que celle de n’importe quel autre club. Son assise financière (les fonds dont elle dispose) également. Nous n’exagérerons pas trop en affirmant que, de ce point de vue, elle est bien    mieux dotée que la fédération algérienne d’athlétisme.  
Si l’on se penche sur la saison sportive des athlètes du Mouloudia, on se rend compte qu’ils étaient avantagés par rapport aux autres membres des E.N. En effet, le programme de préparation et de compétitions des meilleurs d’entre eux (ceux qui appartiennent aux équipes nationales) est caractérisé par la possibilité de doubler les opportunités de travailler sérieusement en permettant de faire  figurer, à la fois et successivement, les actions inscrites dans le planning du club et celles qui, au titre des compétitions internationales inscrites au calendrier fédéral, relèvent de  celui de la fédération. Comme diraient les économistes, les athlètes du Mouloudia disposent d’un avantage comparatif par rapport aux athlètes licenciés dans les autres clubs. Un nouveau point d’achoppement.
Beaucoup de cadres de la fédération n’y ont pas vu d’inconvénients majeurs. Bien au contraire, cette dualité de programmes coordonnés était finalement, de leurs points de vue privilégiant la représentativité et le résultat des équipes nationales, tout bénéfice pour l’athlétisme algérien. Sauf…..pour les entraîneurs dont la vision se limite à leurs intérêts personnels et égoïstes et qui ne peuvent accéder à un supplément, un complément de la part d’une organisation extérieure à la fédération. Certaines mentalités n’étaient pas prêtes aux concours extérieurs. La coordination des moyens n’étant pas leur principal souci.
Nous n’étions pas très proches du Mouloudia mais nous avons pu constater (à travers la ligue d’athlétisme de Constantine ou des clubs) qu’il suffisait quelque fois de s’adresser à ses dirigeants ou à ses entraîneurs, demander leur collaboration ou leur partenariat pour que tout soit mis en œuvre pour que le solliciteur obtienne satisfaction. Le Mouloudia n’était pas totalement replié sur lui-même. La notion de partage faisait partie de l’ADN du club. Même si, pour reprendre une expression entendue récemment, ils en profitaient pour « draguer » les athlètes.
Le mouvement sportif national s’est engagé dans la voie du professionnalisme d’Etat avec la « Réforme sportive ». Pratiquer un sport était devenu un métier avec, pour un athlète de valeur nationale et internationale, la certitude (s’il savait se prendre en charge, s’il avait un projet personnel) que son avenir était assuré. Mais, le bonus, la récompense pour un résultat pour une victoire exceptionnelle manquait à la panoplie des motivations.
C’est à cette même période (fin des années 1970, les premières années de la « Réforme sportive ») que l’athlétisme mondial a commencé à perdre son « amateurisme » en rémunérant à la fois la participation des meilleurs athlètes et la réalisation de performances. Les compétitions athlétiques (les meetings les plus importants qui n’étaient pas encore intégrés dans un circuit de compétitions) ont vu l’apparition d’une nouvelle activité, celle des managers, des agents d’athlètes servant de courroies de transmission entre les athlètes et les organisateurs. Le sponsoring d’athlètes, les partenariat équipementiers sportifs-champions connaissaient leurs premiers pas.
En Algérie, cette activité de manager a été révélée au grand public par le duo Amar Brahmia-Noureddine Morceli avec concomitamment les premiers succès mondiaux de l’athlète de Sidi Akacha. Cette apparition dans le jargon athlétique est donc à dater à partir de 1990-1991 qui voit deux innovations dans le sport algérien qui sont la participation de Noureddine aux meetings d’athlétisme les plus renommés et la signature d’un contrat avec Nike venu concurrencer les firmes allemandes (Adidas et Puma).
L’officialisation de cette activité interviendra un peu plus tard avec la mise en place de conditions d’exercice de l’activité et d’un « contrat-type de manager d’athlètes » définissant la relation entre les deux parties (manager et athlètes). C’est à partir de là qu’est née la confusion entre le groupe d’athlètes réunis autour d’un entraîneur (méthode commune d’entraînement) et le groupe d’athlètes dont les affaires, les intérêts sont gérées par un manager. Brahmia portera alors une triple casquette : entraîneur, directeur technique sportif du club et manager. Les ingrédients pour accroitre la confusion, pour attiser la guerre des égos.


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