Sur le plan de la réalisation de
son programme de préparation et de compétitions (la partie essentielle de son
programme d’activités), la section athlétisme du Mouloudia n’est pas totalement
dépendante des ressources financières de l’Etat. Son autonomie financière est
plus grande que celle de n’importe quel autre club. Son assise financière (les
fonds dont elle dispose) également. Nous n’exagérerons pas trop en affirmant
que, de ce point de vue, elle est bien mieux
dotée que la fédération algérienne d’athlétisme.
Si l’on se penche sur la saison
sportive des athlètes du Mouloudia, on se rend compte qu’ils étaient avantagés
par rapport aux autres membres des E.N. En effet, le programme de préparation
et de compétitions des meilleurs d’entre eux (ceux qui appartiennent aux
équipes nationales) est caractérisé par la possibilité de doubler les opportunités
de travailler sérieusement en permettant de faire figurer, à la fois et successivement, les
actions inscrites dans le planning du club et celles qui, au titre des
compétitions internationales inscrites au calendrier fédéral, relèvent de celui de la fédération. Comme diraient les
économistes, les athlètes du Mouloudia disposent d’un avantage comparatif par
rapport aux athlètes licenciés dans les autres clubs. Un nouveau point
d’achoppement.
Beaucoup de cadres de la fédération
n’y ont pas vu d’inconvénients majeurs. Bien au contraire, cette dualité de
programmes coordonnés était finalement, de leurs points de vue privilégiant la
représentativité et le résultat des équipes nationales, tout bénéfice pour
l’athlétisme algérien. Sauf…..pour les entraîneurs dont la vision se limite à
leurs intérêts personnels et égoïstes et qui ne peuvent accéder à un supplément,
un complément de la part d’une organisation extérieure à la fédération. Certaines
mentalités n’étaient pas prêtes aux concours extérieurs. La coordination des
moyens n’étant pas leur principal souci.
Nous n’étions pas très proches du
Mouloudia mais nous avons pu constater (à travers la ligue d’athlétisme de
Constantine ou des clubs) qu’il suffisait quelque fois de s’adresser à ses
dirigeants ou à ses entraîneurs, demander leur collaboration ou leur
partenariat pour que tout soit mis en œuvre pour que le solliciteur obtienne
satisfaction. Le Mouloudia n’était pas totalement replié sur lui-même. La
notion de partage faisait partie de l’ADN du club. Même si, pour reprendre une
expression entendue récemment, ils en profitaient pour « draguer »
les athlètes.
Le mouvement sportif national
s’est engagé dans la voie du professionnalisme d’Etat avec la « Réforme
sportive ». Pratiquer un sport était devenu un métier avec, pour
un athlète de valeur nationale et internationale, la certitude (s’il savait se
prendre en charge, s’il avait un projet personnel) que son avenir était assuré.
Mais, le bonus, la récompense pour un résultat pour une victoire exceptionnelle
manquait à la panoplie des motivations.
C’est à cette même période (fin
des années 1970, les premières années de la « Réforme sportive »)
que l’athlétisme mondial a commencé à perdre son « amateurisme »
en rémunérant à la fois la participation des meilleurs athlètes et la
réalisation de performances. Les compétitions athlétiques (les meetings les
plus importants qui n’étaient pas encore intégrés dans un circuit de
compétitions) ont vu l’apparition d’une nouvelle activité, celle des managers,
des agents d’athlètes servant de courroies de transmission entre les athlètes
et les organisateurs. Le sponsoring d’athlètes, les partenariat équipementiers
sportifs-champions connaissaient leurs premiers pas.
En Algérie, cette activité de manager
a été révélée au grand public par le duo Amar Brahmia-Noureddine Morceli avec concomitamment
les premiers succès mondiaux de l’athlète de Sidi Akacha. Cette apparition dans
le jargon athlétique est donc à dater à partir de 1990-1991 qui voit deux innovations
dans le sport algérien qui sont la participation de Noureddine aux meetings
d’athlétisme les plus renommés et la signature d’un contrat avec Nike venu
concurrencer les firmes allemandes (Adidas et Puma).
L’officialisation de cette
activité interviendra un peu plus tard avec la mise en place de conditions
d’exercice de l’activité et d’un « contrat-type de manager
d’athlètes » définissant la relation entre les deux parties
(manager et athlètes). C’est à partir de là qu’est née la confusion entre le groupe
d’athlètes réunis autour d’un entraîneur (méthode commune d’entraînement) et le
groupe d’athlètes dont les affaires, les intérêts sont gérées par un manager.
Brahmia portera alors une triple casquette : entraîneur, directeur
technique sportif du club et manager. Les ingrédients pour accroitre la
confusion, pour attiser la guerre des égos.
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