Aujourd’hui, lorsque l’on veut
atteindre quelqu’un (dans certains milieux – dont l’athlétisme devenu, selon
des propos surpris à notre corps défendant sur les réseaux sociaux, un repaire
de faux-jetons et de voyous - on ne s’en
prive pas d’ailleurs) on cherche le point prétendument faible.
Souvent pour ne pas dire
toujours, on recherche avec sadisme, on cible ses relations partisanes. En
particulier celles qui, pour les plus âgés d’entre nous (de moins en nombreux),
seraient susceptibles de posséder un lien ombilical avec la participation à la
guerre de libération (que l’on a de plus en plus tendance à ne plus citer) ou à
la répression populaire en collaboration
avec l’armée coloniale.
Pour les plus jeunes, ceux qui
n’étaient pas en âge (entre 1954 et 1962) à prendre les armes et à « monter au maquis »,
ce sont les rapports avec les mouvances politiques (éradicateurs et islamistes) en action, dans
les années de la décennie 90 et jusqu’à aujourd’hui, qui font couler beaucoup
de salive et qui servent de repères.
Les faits sont connus. Juste
avant les élections législatives de 1992, Amar Brahmia est intervenu à la
télévision publique pour soutenir le parti islamiste dissous, le FIS. La
question de savoir si l’enfant de Nador, sur le versant Sud des monts Aurès,
est islamiste (dans la conception radicale qui permettrait de le classer
définitivement et donc de l’écarter, ce qui semble être le but de la manœuvre
médiatique, de toutes responsabilités dans le monde du sport s’est posée à
nouveau (ou du moins a été brandie par ses ennemis intimes) au cours des derniers jeux olympiques de Rio.
L’Histoire étant écrite par les
vainqueurs (pour ce qui nous concerne ici et maintenant, les partisans de
l’éradication des islamistes radicaux), Amar Brahmia aura toujours tort et on
rappellera ce qui fut. On se souviendra éternellement du camp qu’il choisit. Il
en sera ainsi jusqu’à ce que la sérénité soit revenu dans les esprits et que
ceux qui ont été meurtris dans leurs chairs et dans les esprits aient un peu
oublié ces événements douloureux qui marquent les Algériens sans exception
aucune.
Nous ne pouvons faire œuvre
d’historien. La date exacte de cette intervention télévisée ne fait pas partie
de nos souvenirs et nous ne l’avons pas notée sur des calepins.
Mais nous avons en mémoire, les
circonstances dans lesquelles elle fut diffusée. Quelques-uns s’en souviendront
certainement, lorsque nous rafraichirons leurs mémoires, en disant que ce fut la veille du cross Ahmed Klouch de Chlef. Pour
d’autres, un détail sera salvateur, le jour où fut organisé dans le cadre du jubilé
Mohamed Kacemi « Chad » (un brillant athlète de cross-country et de
demi-fond) une course sur route de 4 ou 5 kilomètres entre Oum Drou et Chlef.
Nous y étions. Nous avions fait
la dernière partie (Alger-Chlef) du périple Constantine- Alger-Chlef dans le bus affrété par nos amis de la
délégation du CR Belcourt grâce à l’amabilité d’Abdenour Belkheir, le DTS du
club et journaliste à « Horizons ».
Sur l’esplanade de Chlef,
rendez-vous des délégations et des notables de l’athlétisme (entraîneurs,
dirigeants de clubs et de la fédération, anciens athlètes venus se ressourcer).
Les groupes de discussion se formaient et se défaisaient. Amar Brahmia, que
nous avions commencé à suivre à la trace (tant les commentaires à son sujet
étaient diversifiés et polémiques), était là lui aussi. Il était accompagné de
son double Abderrahmane Morceli et pérorait inlassablement (nous avons envie de
dire comme à son habitude) devant ses
anciens coéquipiers de l’équipe nationale dont Mohamed Kacemi, Mohamed Salem,
Boualem Rahoui ainsi que des dirigeants et techniciens (Hamouni, Benmissi).
Les retrouvailles font émerger
les souvenirs des uns et des autres, les plaisanteries, les bourdes et bévues d’hier
et d’avant-hier remontaient à la surface. Les moments forts et de faiblesse, les
anecdotes sur les victoires et les défaites étaient toujours objets de
plaisanteries, d’un instant de fou-rire. Tous riaient de bon cœur. Un instant
de libération, de défoulement, de décompression. L’ambiance générale ne
disposait pas à l’insouciance.
Dans le soir finissant, Amar
Brahmia, alors que le thème des élections avait été abordé (il devait
incontestablement l’être), annonça qu’il allait passer à la télévision.
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