Amina Bettiche, recordwoman
d’Algérie du 3000 mètres steeple, défraye la chronique. Elle n’a rien fait de particulier dans son
domaine de prédilection si ce n’est d’avoir couru le 5 novembre dernier à
Laâyoune, en territoires sahraouis occupés. Et de s’y être classée à la seconde
place. Une participation dérangeante à plus d’un titre car dérogeant aux crédos
diplomatique et politique nationaux.
Les commentaires de cette
information publiée dans la presse généraliste et reprises par de nombreux
sites enflamment la Toile et alimentent les chroniques créant un champ
tensionnel supplémentaire entre les partisans stricts de la doctrine politique
actuelle et les adversaires de la mise à l’écart et du boycott des activités du
Royaume du Maroc organisés dans ces territoires et par conséquent postulant au retour
de relations harmonisées entre les deux pays.
Nous rappellerons que Bettiche,
en 2014, au meeting de Marrakech, avait battu le record national du 3 000
m steeple. C’était lors d’une compétition à laquelle avait pris part les
athlètes Hichem Bouchicha, Abdelhamid Zerif (3000 mètres steeple), Yassine
Hathat (800 mètre) et Imad Touil (1500m).
Cette information postule
seulement qu’il ne fait aucun doute que le fondement de la polémique est la
participation à Laâyoune et non pas la présence d’athlètes algériens aux
meetings marocains ou aux stages de préparation à Ifrane, entrés dans les mœurs
de l’athlétisme national depuis des années.
Kamel Benmissi, ancien président
de la fédération algérienne d’athlétisme, a vu dans Amina Bettiche « une
athlète pommée ». Une expression langagière qui, au premier abord,
renvoie à la perte de connaissance de l’athlète qui serait ainsi « tombée
dans les pommes », à une défaillance avant tout physiologique. Ce
qui n’est certainement le sens à considérer présentement.
Ce qui semble une incorrection
orthographique est sémantiquement proche d’une autre expression populaire,
orthographiée autrement. Amina Bettiche est « paumée ».
Elle est perdue, désemparée. On pourrait ajouter, pour rester dans le champ
idéologique présent, « égarée ».
Le psychologique prend le dessus sur l’organique.
Mais, qui est Amina
Bettiche ? C’est une athlète, qui comme tant d’autres, a pu percer malgré
toutes les entraves qui se dressent devant un athlète algérien. Que dire alors d’une
athlète en butte à tant de tabous ?
Amina Bettiche n’est pas une
internationale de tout premier plan. Même si de nombreux la voit postuler à
mieux, en raison d’un record personnel et national établis à 9.25.90 (lors des Jeux
islamiques de Bakou) se rapprochant des meilleures performances mondiales du
3 000 mètres steeple. Un chrono qui lui offrit en 2017 la 25ème place mondiale. Et par la règle des quotas,
une place en finale des championnats du monde et des jeux olympiques. Malheureusement,
comme d’athlètes algériens, elle fléchit dans les grandes compétitions
mondiales donnant ainsi de la consistance à une stratégie qui aurait été mise
en place dans certaines sphères.
Amina Bettiche est paumée depuis
la fin de la saison 2014-2015. Depuis que, suite à une saison qualifiée, le 09
avril 2015, de « difficile » par le site de la FAA,
elle a quitté celui qui fut son entraîneur, Mohamed Salem. Toujours selon le même
site, Amina Bettiche aurait perdu ses repères, « n'avait
à aucun moment retrouvé ses marques ».
En 2016, du
moins la FAA l’affirme, elle voulait « revenir en force et se
qualifier aux championnats d'Afrique et aux J.O ». Un objectif qui
ne sera pas atteint car elle ne participa pas aux championnats d’Afrique et
qu’elle fut éliminée très tôt aux JO.
Le
site de la FAA indique que l’athlète sans entraîneur avait sollicité un stage
de longue durée qui fut entamé au mois de février 2016 « sous la houlette de l’entraîneur Djamaa qui avait déjà pris en
charge Makhloufi ».
L’entraineur Amar Benida, qui la
chaperonna, si l’on peut le dire, pendant quelques temps, est rentré plus tôt
que la spécialiste du 3 000 m steeple. Celle-ci aurait bénéficié, à sa
demande acceptée par la CPO, d’une prolongation. Benida déclara au site fédéral
que « Bettiche travaille d'arrache-pied pour pouvoir retrouver son
niveau ».
Amar Benida précisait également que "Amina
travaille beaucoup et durement avec un programme foncier spécifique" ».
Un peu plus tard, le 15 mai 2016, on
apprendra par presse interposée que la « meilleure Algérienne sur
3000m steeple » (9:29.20, record national à l’époque), devait
partir le 20 mai à destination de Barcelone « pour effectuer un
stage de préparation en vue des prochains meetings en Europe ».
Cette information reprise d’une dépêche de l’agence nationale de presse (APS)
révélait qu’elle « essayera de réaliser les minima pour les
Jeux Olympiques de Rio ».
L’article nous apprend aussi qu’Amina Bettiche était rentrée d’Ethiopie du stage
éthiopien le 24 avril (15 jours après la publication du site fédéral), après
avoir bénéficié d'un stage de 75 jours. En attendant le départ pour Barcelone,
l'athlète se préparait à Bordj Bou Arreridj « sous la houlette de
son nouvel entraîneur, Djama ». Plus exactement, devrait-on
dire, sous la direction par correspondance (ou d’un programme d’entraînement
remis avant son départ d’Ethiopie) d’Aden Jama. Selon les enquêteurs de l’IAAF
ayant décrit l’organisation du groupe d’entraînement de l’entraîneur
somalo-britannique, les athlètes comme Amina Bettiche font partie d’un
troisième cercle.
C’est au cours de ce stage barcelonais
qu’eut lieu « la descente » de la police et des services de douanes
catalans sur l’hôtel où étaient les athlètes formant le groupe d’entraînement.
Par un curieux hasard, la liste des athlètes autorisés à s’entraîner sur le
stade de Sabadell sous la coupe des frères Jama, publiée par un site catalan « El
Confidencial », comporte
deux athlètes algériens (Hathat et Belferrar). Alors que Bettiche en est
absente.
Amina Bettiche, déclarait (avant de partir
pour la Catalogne) que son objectif était de « retrouver mon
meilleur niveau avant de viser un bon résultat lors des prochaines échéances».
Pour cela, son programme incluait son retour à la compétition le 16 juin, lors
du meeting de Stockholm (Suède), avant d'enchaîner par trois autres
compétitions, en Scandinavie, toujours en quête des minima pour les JO de
Rio.
On sait maintenant que sa quête
ne fut pas récompensée à la mesure de ses efforts.
Le récit que nous avons proposé
pèche par beaucoup de lacunes. Les combler demande des recherches
complémentaires.
Des questions doivent être posées
et des réponses doivent être trouvées.
Pourquoi a-t-on refusé (un an
plus tôt) à Toufik Makhloufi de partir seul (avec un groupe composés de sparring-partners
et un kiné) aux Etats-Unis et en voulant lui imposer un entraîneur ?
Pourquoi Bettiche était-elle restée seule en Ethiopie après le retour du groupe
d’athlètes algériens (Hathat, Belferrar et Abdenouz) et du chef de la
délégation, l’entraîneur Benida ? On invoquera sans doute des dispositions
administratives et financières.
Pourquoi Bettiche ne
figure-t-elle pas sur la liste des athlètes entraînés par Jama en mai-juin 2016
à Sabadell? Comment a été organisée sa campagne de meetings scandinaves ?
Au début du mois de mai 2017, un « Cas
Bettiche Amina » est signalé au cours de la secondé réunion du
nouveau bureau fédéral. Amina Bettiche n’en ferait qu’à sa tête.
Abdelkrim Sadou, le Directeur Technique
National, nommé par le président à la place de Boubrit, informe les membres du
bureau que l’athlète Amina Bettiche a raté deux contrôles anti-dopage et
qu’elle avait quitté le stage de
demi-fond organisé à Sétif sans avertir les responsables.
Puis, qu’elle se serait rendue à
Ifrane au Maroc de son propre chef. Il est de notoriété publique qu’Ifrane est
un des hauts lieux de la préparation en altitude. Ce lieu est aussi connu pour
avoir abrité beaucoup d’athlètes marocains contrôlés positifs. Cette remarque a
aussi été opposée aux responsables du MCA dont les athlètes y avaient élus
domicile. Amina Bettiche est sociétaire du Groupement Sportif des Pétroliers,
une association sportive omnisport née de la séparation du football d’avec les
autres disciplines sportives.
Le DTN, ainsi que cela est inscrit
dans le procès-verbal n°02/2017 de la réunion tenue le 03 mai 2017, a proposé de convoquer l’athlète et les
responsables de son club pour plus d’informations.
Depuis aucun PV de réunion, permettant
de connaître les suites réservées à cette affaire, ne figure sur le site de la
FAA qui ne publie que le PV n°03/17 de la réunion du 30 mai 2017.
Si ce n’est que ce même PV n° 03
informe qu’Amina Bettiche a accompli des performances « acceptables »
aux jeux de la solidarité islamique de Bakou (record national) dans un contexte
très délicat à appréhender sur une base de suspicions de dopage, celui des « no
shows » et du partenariat avec Aden Jama et d’autres entraîneurs.
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