dimanche 14 août 2016

Lanceurs d’alerte (6), Sur le silence des instances

N
otre précédente chronique a fait état des réactions, nous dirons mitigées ou pour le moins protocolaires, en tout cas loin de répondre aux attentes du public désireux d’équité sportive, des deux institutions athlétiques que sont l’Usada (agence étatsunienne de lutte contre le dopage) et l’UKA (la fédération britannique d’athlétisme) directement concernées par les soupçons de dopage pesant sur le NOP et sur « Mo » Farah.

Devant les représentants de la presse (dont nous savons qu’elle est toujours avide de sensationnel), les deux instances sportives nationales s’en sont tenues à un modus vivendi retrouvé très souvent dans le comportement des institutions (quel que soit leur domaine d’activité et nationalités) consistant à ne rien dévoiler, de ne pas laisser transparaitre des informations, à ne laisser percer aucun indice des activités qu’elles ont pu entreprendre dans ce rôle de supervision et de contrôle des activités qui relèvent de leurs domaines, de leurs prérogatives.

Si en tant qu’individu nous sommes légalement dotés de la liberté (quelquefois débridée) de pensée et d’expression, il n’en est pas de même des personnes (surtout les responsables) représentatives d’organismes et d’institutions, assujetties à une certaine retenue que l’on dissimule sous l’expression, brandie à tous bouts de champs, faisant valoir le fameux droit de réserve si opportun.

Les institutions ne peuvent s’exprimer que dans un cadre organisé, celui de la communication institutionnelle, via des communiqués et en organisant des conférences de presse qui, par des intervenants dûment et statutairement mandatés, expriment « la position officielle », nous dirons consensuelle de l’institution traversée (on a tendance à trop souvent l’oublier) par des opinions individuelles et des courants idéologiques (systèmes de pensées et d’idées), divergents de la position officielle, qui s’épancheront (par la suite ou parallèlement) en « off », en dehors des circuits formels de communication. Ce comportement administratif (pouvant dans certaines situations prendre une dimension bureaucratique) est souvent qualifié, par ceux dont l’activité professionnelle est l’investigation, de « rétention de l’information »

Il est donc compréhensible que ces deux organismes (Usada et UKA) n’ébruitent pas (à l’emporte-pièce) des informations, pouvant être préjudiciables à la recherche de la vérité, qui pourraient entretenir la confusion née de rapports antagonistes entre les libertés individuelles et les contraintes sociales, juridiques érigées en marqueurs de l’état de droit dont se revendiquent les deux nations ici retenues. 

Mark Daly s’est donc rapproché de deux organismes nationaux dont les prérogatives, les missions sont différentes. Sur le territoire américain, il a pris attache avec l’agence locale (nationale) de lutte contre le dopage. Au Royaume Uni, son interlocuteur fut la fédération britannique chargée de gérer l’athlétisme.

Dans le premier cas, il s’agissait de comprendre, de connaitre les suites à donner (ou données) à des signalements (d’actions, de présomptions d’actes contraires à l’éthique sportive) portées à la connaissance de l’Usada en vertu des dispositions du Code mondial de la lutte contre le dopage qui astreint les athlètes et leur entourage à en faire part à qui de droit, sous peine d’être considérés comme complices. A charge pour l’organisme d’entreprendre les investigations nécessaires pour faire la preuve (au sens du Code) de la violation des règles par un athlète (Galen Rupp) ou par un membre du « personnel d’encadrement du sportif ».

Dans le second, l’intention du journaliste est d’obtenir des explications, des informations au sujet d’une attitude (Farah s’entraînant avec un athlète inéligible à la pratique de compétition) proscrite. Sauf, celles de Jama et de Driouch, les autres réactions rapportées (UKA et l’agent de Farah) ont été inappropriées.

Après avoir disposé en l’article 10 que le sportif n’est pas autorisé à participer à quelque titre que ce soit à une compétition ou à une autre activité sportive durant sa période de suspension, le Code mondial du dopage prévoit que le sportif peut recommencer à s’entraîner avec une équipe ou à utiliser les installations d’un club ou d’une autre organisation durant les deux derniers mois de la période de suspension prenant effet à compter de sa notification.

Farah a été pris en situation d’« association interdite » avec un sportif suspendu (Driouch) à qui la sanction n’aurait pas encore été notifiée par la fédération qatarie et par l’AMA puisque les deux athlètes étaient déjà en stage de préparation à la date d’effet (31 décembre 2014) en un lieu difficile d’accès.


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