Introduction
Nous dirons que Hamid Meradji (ancien athlète, éducateur sportif,
dirigeant de club) a fait œuvre utile en partageant (sur sa page Facebook) ces
fragments, ces « bonnes feuilles », comme on l’écrirait
dans les pages culturelles d’un organe de presse généraliste, d’un texte dont
la première mouture remonte à 1995, rappelant les belles heures de l’athlétisme
constantinois.
Nous saluons l’effort fourni puisqu’il lui a fallu saisir un texte
qui a connu plusieurs version depuis sa première publication, dans un opuscule
destiné à présenter l’édition 1995 du « meeting international
d’athlétisme de Constantine » à plusieurs catégories de
public dont les chefs d’entreprises (et les autorités locales) visés par
les démarches de sponsoring et les pouvoirs publics en priorité, puis « les
honorables invités » installés à la tribune officielle du
stade du 17 juin ainsi que les autorités sportives (MJS, FAA, CAA, IAAF) qui en
reçurent des exemplaires dans le paquet-bilan qui leur fut adressé après la
compétition.
La disposition de ce document (dont nous ne possédons pas le
moindre exemplaire mais qui doit encore être disponible dans les archives de la
ligue constantinoise d’athlétisme à moins que les dirigeants actuels aient
profité du déménagement pour jeter ou brûler les « vieux papiers »)
ne correspond pas tout à fait au souvenir que nous en avons.
Ceux qui ont eu l’opportunité de lire ces « fragments »
dans la version Meradji (et la version originale ou celle remaniée en 1996)
auront conscience de constater que nous l’avons restructurée de manière à ce qu’elle se rapproche autant
que possible de la version originale reprise, dans son intégralité dans un
journal local par un journaliste qui a eu la « délicatesse » de le
signer de son nom, en tant que présentation de l’édition 1996 du meeting.
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- Le précurseur
« Ammi Moussa», Semeur de passion
Moussa Embarek découvrit l’athlétisme après un passage par la gymnastique.
Il fut le premier constantinois à suivre une formation d’entraîneur à l’I. N. S
de Paris (Institut National des Sports), « la Sorbonne »
des entraîneurs, qui inocula « le virus de l’athlétisme » aux
athlètes qu’il prit en charge.
Il fut à l’origine de l’introduction de l’intervall- training et de
l’entraînement fractionné à la fin des années 50. Il incita également de
nombreux athlètes à la reconversion en qualité d’entraîneurs. Il fut également
avec feu docteur Bencharif, un des piliers du mouvement sportif constantinois,
l’un des fondateurs de la Fédération Algérienne d’Athlétisme.
Note : Si sur le plan technique « Ammi » Moussa Embarek fut le
précurseur et sur le plan administratif et légal le docteur Bencharif furent
les fondateurs de la Ligue Constantinoise d’Athlétisme couvrant un territoire
plus vaste que la wilaya actuelle (en firent partie, Jijel, Oum El Bouaghi( ?),
Mila), lhistoire ne doit pas oublier monsieur Maghmoul, un commis de l’Etat qui
assura la transition avec Youcef Boulfelfel.
- Des entraîneurs
Grabsi Chérif, Le premier
« mondialiste »
Chérif Grabsi, actuellement en retraite des P et T, a été l’un de ces
athlètes drivés par Moussa Embarek.
Avec son compère Erridir, Grabsi marqua le demi-fond long (5000 et 10.000
m.) et le cross-country. Il fut en 1965 le premier athlète constantinois, à
prendre part aux championnats du monde de cross-country. C’était à Ostende,
lors de ce qui était alors dénommé « Cross des Nations ».
A 50 ans passés, Grabsi fait partie
des meilleurs coureurs sur route (dans sa catégorie d’âge). Mais, il est aussi
un entraîneur passionné et performant. Un coup d’œil sur la liste des athlètes
ayant représenté le pays dans les compétitions internationales comporte, depuis
une quinzaine d’années, au moins un de ses athlètes par saison athlétique.
Naima Souag, Riad Gatte, Tarek Zoghmar, Lyes Ramoul… ont été, depuis 1989,
les athlètes formés par ce personnage passionnant et méconnu qui intégrèrent
les équipes nationales juniors de cross-country ayant couru les championnats du
monde. Bourfaa Noureddine, Filali Tayeb (de Hamma – Bouziane) en sont les
derniers de la série sans oublier Saidi Sief Ali et beaucoup d’autres.
Note : Erridir était également un « postier » Il
faudrait ajouter à cette version récente du document les noms d’Amel Boudjelti et (400 et 800) et de Fatima Zohra Oulmi
(marche) qui firent partie des athlètes de la génération de Hassiba Boulmerka
et furent internationales.
Après une longue éclipse, Fatma Zohra Oulmi, classée en V2, bouscula (au
plan régional et national, pendant quelques années, au début de la présente
décennie, les jeunes athlètes sur le 20 kilomètres marche et les courses sur
route.
Ali Saidi Sief n’a pas été entraîné
par « Ammi » Chérif Grabsi. L’entraîneur de Saidi Sief, avant qu’il
ne rejoigne le MCA de Brahmia, fut Boulkadid, entraîneur au club de Hamma
Bouziane, un ancien athlète de Grabsi.
Kamel Benmissi, Le passionné
Kamel Benmissi, international junior de cross-country des années 70, est
l’enfant terrible de l’athlétisme constantinois et algérien.
Il est lui aussi passionné, compétent et impétueux. Les athlètes qu’il a découverts
et entraînés ont conquis des titres et des médailles maghrébines et arabes et nombre
d’entre eux sont devenus entraîneurs (T. S. S. et conseillers des sports).
Il fut entraîneur de l’équipe nationale junior de demi-fond, au niveau de
la fédération algérienne d’athlétisme avant de devenir chef de département «
Athlétisme » à la fédération algérienne des sports scolaires puis entraîneur national
dans un pays du Golfe.
Diplômé de l’institut des sports de Leipzig (Ex- R. D. A), Kamel Benmissi, en
sa qualité de responsable de la formation à la F. A. A, est à l’origine de la
révélation de nombreux jeunes entraîneurs de valeur sur tout le territoire
national.
En novembre 1995, Kamel Benmissi a été porté à la présidence de la
fédération algérienne d’athlétisme avant de devenir directeur de la jeunesse et
des sports à Skikda puis à Guelma.
Note : L’ensemble du « portrait » a été remanié. Le dernier paragraphe
n’appartient pas aux versions originales.
Amor Benhabyles, Le roi des haies
Le troisième membre du quatuor de l’athlétisme constantinois est Amor « Zizi
» Benhabyles. Contrairement aux autres entraîneurs (répertoriés ici) portés sur
les courses de demi-fond, ce fut un spécialiste du sprint, des courses de haies
et des sauts. Sa valeur d’entraîneur est reconnue au niveau national.
A maintes reprises, il lui a été proposé de prendre en charge les équipes
nationales de sprints et de haies. Il a refusé toutes les propositions pour se
consacrer à la formation des jeunes.
Ceux-ci l’ont dignement représenté à tous les niveaux. Le plus brillant des
athlètes qu’il a formé est incontestablement Noureddine Tadjine, le leader
incontournable du 110m/haies arabe et africain à partir de 1988.
Note : Dans l’histoire de l’athlétisme constantinois et
dans la mémoire des « Anciens », le nom d’Amor « Zizi »
Benhabyles est indissociable de celui de son frère « Tenoune »
Benhabyles, décédé prématurément. Il n’est plus en activité.
Abboud Labed, le spécialiste de l’athlétisme féminin
L’athlétisme constantinois repose également sur un autre entraîneur de
valeur, Abboud Labed.
Celui-ci a acquis sa réputation pour ce qui est de la prise en charge de l’athlétisme
féminin constantinois.
Il est celui qui découvrit et forma les deux stars de l’athlétisme féminin
constantinois et algérien qui ont pour nom Sakina Boutamine et Hassiba Boulmerka,
deux athlètes qu’il est inutile de présenter.
Note : Abboud Labed fut un entraîneur polyvalent. On lui doit la découverte et
la formation initiale de Saliha Djeblahi, une heptathlonienne qui fut prise (en
catégorie junior, nous semble-t-il) en charge par Ahmed Mahour Bacha qui la
conduisit sur la voie de garage. Djeblahi était, à notre humble avis, aussi
talentueuse que Yasmina Azzizi . Abboud Labed seconde (sur
les plans administratif et technique) Hassiba Boulmerka, fondatrice et présidente du MAC.
Observation : L’athlétisme constantinois a connu d’autres entraîneurs qui marquèrent l’histoire
de la discipline. Ce sont les spécialistes des lancers : Abdelmadgid
Kahlouche, Rachid « Tarzan » Latreche qui se tournèrent vers
l’handisports, une discipline où ils formèrent des champions du monde et
paralympiques.
Trois de leurs poulains seront présent aux jeux paralympiques de RIO (Karim
Bettina, Nadia Medjmedj et Asmahan Boudjadar)
Nous citerons également Salim Beniou encadréur d’une école de lanceurs de
javelot qui brilla au le plan continental au début des années 80.
- Les présidents de
la LCA
Youcef Boulfelfel, un décathlonien « prof » d’université
Aux côtés de ces entraîneurs, on trouve des dirigeants anonymes qui eux
aussi font partie, depuis leurs adolescences, de l’histoire de l’athlétisme algérien.
Youcef Boulfelfel, président de la Ligue Constantinoise d’Athlétisme
jusqu’au 1984 a été un athlète complet (décathlon), détenteur de nombreux
titres maghrébins dans différentes épreuves.
Il a été entraîneur au MOC. Il enseigne aujourd’hui à l’Université de
Constantine comme professeur à l’institut des sciences de la terre.
Note : Nous retiendrons, sous la foi du témoignage d’Abboud Labed, que
c’est Youcef Boulfelfel qui orienta les entraîneurs cités précédemment vers la
spécialisation.
Messaoud Zaarour, Porteur du développement de ligue
Pendant huit années, Messaoud Zaarour succéda à Youcef Boulfelfel. Cadre à
la SNTA (note : société nationale des tabacs et allumettes), Messaoud Zaarour,
aidé par un groupe de plus en plus important de dirigeants et d’officiels, fit
de la Ligue de Constantine celle dont la compétence, le savoir-faire et
l’expérience en matière d’organisation des compétitions d’athlétisme ont
dépassé les frontières.
Toutes les compétitions nationales ou internationales se déroulant en
Algérie (championnat d’Algérie, du Maghreb, arabes, d’Afrique) font appel aux
officiels constantinois pour garantir une technicité de haut niveau.
Tewfik Chaouche Tayara, Président de la FAA
L’ancien Président de la L. C. A, Tewfik Chaouche Tayara, élu en 1992, fait
partie de ceux qui ont marqué l’histoire de l’athlétisme.
Ce fut d’abord en tant que meilleur sprinter du pays et du Maghreb, ensuite
en qualité de dirigeant lorsqu’il présida aux destinées de la D. N. C de
Constantine qui devint L’ E. C. Mila avant de disparaître, à son départ.
C’était lors de la « Reforme Sportive », une période qui vit la D. N. C.
Constantine rivaliser avec les plus grands clubs Algériens (MCA – DNC Oran –
DNC Alger – CRB) regroupant, récupérant les valeurs nationales sûres et qui
malgré cela les devança au classement du Championnat National Inter - Clubs
(1982).
Note : Tewfik Chaouche Tayara a été ensuite élu à la présidence de la FAA.
- De
la ligue constantinoise d’athlétisme
Imprégnés des mœurs qui prévalent dans le
circuit international athlétique où les dollars dominent, conscients de la situation financière du pays, les responsables
de la ligue d’athlétisme espèrent un changement des mentalités suite à
l’ouverture des marchés. Celle-ci est, pour eux , synonyme de sponsoring,
c’est à dire d’une manne financière supplémentaire pouvant leur permettre de
passer à une étape supérieure qui consisterait à accueillir un effectif d’athlètes
proches des normes internationales.
Constantine s’est spécialisée aussi dans
l’organisation des courses sur route à l’image du semi-marathon « Chihani
Bachir» d’El Khroub qui a débuté en 1989. Il a vu la participation des
Tunisiens, Marocains et Français en 1989, 1990 et 1991. Au niveau local, 35
Wilaya y prennent part chaque année grâce à l’apport de l’APC D’El Khroub et
des entreprises étatiques et privées de la localité.
Le 2ème Semi-Marathon organisé par la LCA a
pris de l’ampleur au fil des ans. C’est celui de la ville de Constantine
baptise ces dernières années au nom révélateur de « Ben-Badis ».
Cette manifestation organisée tous les 16 Avril,
à l’occasion du « Youm El Ilm», a vu la participation de la Tunisie et de la
France au début des années 1990.
Une autre compétition, qui n’a pas fait long
feu pour des contraintes autre que sportives, est la course appelée « Parcours
du cœur » qui se déroula sur le site de Djebel - Elouahch et patronnée pour
l’ex EGILCO. Elle traînait aussi une grande foule des adeptes de la course à
pied.
Le corps arbitral
En mars 1986, la L. C. A organisait pour la seconde fois
après l’édition de 78 le Critérium
National Hivernal (Championnat National d’Hiver) dans des conditions atmosphériques
apocalyptiques (froid glacial, pluie battante). l’élite de l’athlétisme
national réalisa des performances jamais atteintes depuis Boulmerka (vainqueur
du championnat arabe juniors de cross-country deux semaines plus tôt) qui
remportait ce week-end là son premier titre senior et améliorait le record national
junior du 3000 m. (9’39’’).
Alors que
tout concourrait à une annulation pure et simple de la compétition, les officiels
restèrent sans bouger aux postes qui leur avaient été assignés. Les organisateurs
acquièrent alors leurs lettres de noblesse et les officiels méritèrent un
respect jusqu’à aujourd’hui glorieusement évoqué par ceux qui assistèrent à cet
exploit dans les annales de l’athlétisme national.
Corps arbitral féminin
La Ligue Constantinoise d’Athlétisme a fait preuve en 1984 d’une
innovation. Des femmes ont été intégrées dans une formation d’officiels et ont
exercé cette tâche délicate pendant au moins quatre années. Elles sont certes
parties, mais elles ont été remplacées.
A Constantine, il est impensable de ne pas trouver au moins un groupe de 3
où 4 officiels de sexe féminin sur le terrain. Elles réalisent les mêmes
fonctions que les officiels de sexe masculin.
Note : L’importance de ce paragraphe anodin est à examiner après l’avoir
situé dans le contexte temporel de la première version (1995). A un moment où
l’islamiste radical stigmatisait la participation féminine aux compétitions
sportives.
- Meeting
international de Constantine
En 1988, à l’issue des championnats d’Afrique disputés à Annaba, le
président de l’IAAF (fédération internationale) les encouragea à organiser un
meeting international d’athlétisme pouvant bénéficier du label de l’I. A. A. F.
Le meeting international d’athlétisme
Encouragée par les félicitations recueillies à cette occasion, la
Ligue se décida à franchir le Rubicon : organiser un meeting international
d’athlétisme à Constantine.
La première édition en 1990, a connu une participation d’athlètes
Marocains, Tunisiens et d’un athlète Bulgare. Les éditions suivantes virent la
venue des Syriens puis des Egyptiens.
En raison d’une infrastructure hôtelière insuffisante, les délégations étrangères
(représentant des fédérations nationales) sont, à la demande des organisateurs
réduites. Cela n’empêcha que chaque fois, elles furent composées de leurs
meilleurs représentants où de leurs meilleurs espoirs.
Constantine connu ainsi les premiers pas internationaux des Marocains (Nezha Bidouane, Mohamed
Choumassi, Salah Hissou et Lahlou Benyounes) des Tunisiens (Mordjane Rabia, Hend Kebaoui, Lamia Nouar),
des Egyptiens (Karima Meskine Saad, Ahmed Kamel Dia, Mohamed Kamel Abdelkader) des Syriens (Ghada Shoua, future championne du
monde de l’heptathlon, Zeid Abouhamed) que l’on retrouvent dans les palmarès
des meetings du Grand Prix IAAF-Mobil, des meetings internationaux sur
invitation de l’IAAF et de l’UEA ainsi que ceux des Championnats arabes,
d’Afrique et d’Asie.
Note : L’avant dernière édition (celle de 1996) a vu une importante
participation étrangère venue de tous les continents : Europe (Allemagne avec la
lanceuse de javelot Steffi Nerius, la Russie avec une délégation faisant escale
à Constantine avant de se rendre à Madrid pour une participation à la Coupe d’Europe,
l’Espagne, la Belgique, Grande Bretagne), d’Océanie (Nouvelle Zélande avec
un coureur de 100 qui sera suspendu suite à un contrôle positif dont le
dispositif avait mis en place par le médecin de la fédération, le docteur Baba),
d’Amérique du Sud (Argentine), de la CONCACAF (Cuba qui repartie avec un record continental junior à 78 mètres), d’Asie (Qatar, Arabie
Saoudite, Koweït), d’Afrique (Tunisie, Egypte, Ethiopie, Afrique du Sud).
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