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es pouvoirs publics ont bouleversé le mouvement sportif national
lorsqu’ils ont accepté d’admettre en premier lieu un volet professionnel dans
la pratique sportive et en promulguant ensuite une législation et une réglementation
sportives faisant la part belle au financement privé et enfin en disposant que le
sport professionnel pouvait s’organiser légalement sous trois personnalités
juridiques distinctes (Eurl, Sarl et Spa).
Pour donner une assise de respectabilité à cette révolution et pour rendre
invisible le mouvement de ce qui est indubitablement une privatisation (auquel
sont réticents certaines associations politiques et syndicales et qui de plus anime
l’ensemble de la société algérienne) ils ont mis en avant la société sportive
par actions, une Spa particulière, adaptée au secteur du sport.
Bien que transférée du patrimoine public/collectif au domaine privé,
la société par actions conserve cependant un caractère de propriété collective
et associative acceptable par les plus rétifs (et les moins informés) à ce
changement qui bouleverse les modes de pensées et de perception de la société.
Une privatisation déguisée qui permet de surmonter (si cela est possible) le
souvenir extrêmement déplaisant, plein d’amertume ayant accompagné la
privatisation de tout un pan de l’économie nationale à l’instigation des
organisations (FMI, Banque mondiale, Club de Paris, Club de Londres, etc.) dont
la conséquence a été la fermeture/dissolution d’une multitude de petites et
moyennes entreprises publiques, de nombre de manufactures des secteurs du
textile et du cuir et la mise au chômage (ou en retraite anticipée) de
plusieurs centaines de milliers de travailleurs ainsi que l’apparition d’un
mouvement de prédation dont l’animateur principal a été la bourgeoisie
naissante qui s’est construite sur les ruines de l’Etat socialiste.
Ainsi que nous avons pu le voir précédemment, supporter, encourager
une équipe de football est un comportement qui pourrait s’apparenter à une
addiction et conduire à toutes les folies. Jusqu’à présent, rien n’a été fait
pour canaliser le flux pécuniaire qui est engendré par cette accoutumance en
direction de l’équipe soutenue.
Bien au contraire. Tout semblerait mener vers une seule direction, les
poches de barons de la contrefaçon (billets d’entrée aux stades, équipements
sportifs, autres articles merchandising tels que casquettes, écharpes,
compilations de chansons, etc.) et de leurs intermédiaires regroupés en une
pieuvre aux multiples et immenses tentacules atteignant les localités les plus
reculées quand, les résultats sportifs aidant, l’équipe nationale sert de
support. La preuve que, plus que l’intérêt commun, le gain des particuliers
excite l’imagination, l’intelligence, le sens de l’organisation et de la
logistique.
Le club sportif professionnel, bien qu’affublé de la spécificité de
société sportive qui la distingue des autres sociétés par actions, est, du
point de vue juridique, une entreprise commerciale comme une autre pouvant se
décliner, au moment de sa constitution, soit comme une société par actions faisant
« appel à l’épargne publique », soit comme une société
à « capitaux privés » ou « mixtes »
(privés/publics, dont le MC Alger, le CS Constantine, la JS Saoura sont les
exemples en attendant la concrétisation du projet inabouti du MC Oran et celui,
annoncé pour la prochaine rentrée sportive,
de la JS Kabylie).
Dans le premier cas, il est primordial d’avoir à l’esprit que n’importe
quelle personne physique ou morale (sans distinction de nationalité ainsi que
le stipulent les derniers textes promulgués pour à nouveau être en phase avec
le contexte politico-économique) peut acquérir (en fonction de ses capacités
financières) un nombre illimité d’actions émises par la société en se
présentant aux guichets des agences bancaires agréées par la Bourse d’Alger en
qualité d’intermédiaires en opérations de bourse (I.O.B.), une fonction du
système financier mise sur le devant de la scène par les « traders »
impliqués dans de nombreux cafouillages et autres scandales financiers. Une
sorte d’OPV (offre publique de vente).
En ce qui concerne, la seconde
variante de Spa, seuls quelques investisseurs, triés sur le volet par les
fondateurs, sont autorisés à se porter acquéreur (devant un notaire) d’un
nombre défini d’actions. On remarque que la première procédure se déroule à
ciel ouvert, en toute transparence alors que la seconde s’accomplit dans
l’intimité d’un cabinet notarial.
Le code du commerce introduit une seconde distinction (toutes les
autres dispositions étant applicables à l’une et à l’autre des variantes),
relative celle-là au capital social minimal qui est de 5 millions de dinars
pour une Spa faisant appel à l’épargne publique et à seulement 1 million pour
celle qui n’y fait pas appel.
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