mercredi 21 mars 2018

Ali Saidi Sief (14), La migration en tant que substitut


Cette forme de migration est aussi le corollaire de l’affaiblissement de la fédération, de la diminution de ses moyens financiers et organisationnels.
Les meetings du « Grand Prix FAA », les challenges nationaux de cross-country et de courses sur routes n’attirent (nous devons amèrement le constater) que les athlètes présents sur le territoire national et ceux qui ne sont pas intégrés dans les stages (nationaux ou à l’étranger) mis en place dans le cadre des programmes de préparation aux compétitions internationales formulés par la DTN et la direction des jeunes talents sportifs.
Pourtant, les challenges sont relativement lucratifs. La récompense offerte aux vainqueurs de la course des seniors atteint souvent quatre fois le salaire mensuel d’un travailleur ou dépassant celui d’un ingénieur ou d’un médecin. Elle reste bien loin, il est vrai, des primes de matchs des footballeurs.
 Cette forme de migration temporaire et/ou transitoire est celle à laquelle ont recours les athlètes mis à l’écart du système fédéral, croyant en leurs potentiels et se trouvant (en l’absence de toute aide dont la nature n’est pas toujours exactement définie) dans l’obligation de prendre leurs projets à bras-le-corps pour préparer quelques objectifs et réaliser des performances qui puissent attirer l’attention sur eux.
Ces jeunes athlètes, devenus des habitués des lignes aériennes entre l’Algérie et l’Europe (essentiellement la France) souvent fraichement émoulus de la catégorie junior (appartenant donc à celle des « Espoirs ») dont l’âge  varie entre 21 à 23 ans, font l’objet (c’est aussi une des constante du système) d’une intégration dans des  clubs européens où ils sont entraînés aussi bien par des techniciens français que par des…… entraîneurs algériens, aux parcours sportifs internationaux plus qu’honorables (demi-finalistes et finalistes des championnats du monde ou des Jeux olympiques), de plus en plus nombreux à quitter le pays, leurs carrières sportives et leurs formations d’entraîneurs terminées. Ce ne sont certainement pas les pétrodollars qui, comme d’autres entraîneurs expatriés, les motivent.
Le phénomène des « athlètes migrateurs » a été si important (et est devenu si familier dans le paysage athlétique algérien) que la fédération algérienne du président Bouras en a été venue à légiférer. Une réunion bureau fédéral a pris la décision d’interdire la double licence par laquelle un athlète adhérait à un club en Algérie et à un autre à l’étranger. La représentation d’une double allégeance sportive.
Cette  interdiction, se présentant de notre point de vue comme une formalité administrative prise aux yeux des responsables politiques, ne porta aucun fruit. Il faut dire qu’elle fut rapidement transgressée, bafouée en premier lieu par les proches des responsables fédéraux et par les athlètes de l’élite intermédiaire. 
Pis, certains entraîneurs de l’élite, parmi les mieux considérés, les mieux soutenus par l’appareil étatique, en sont venus à gloser sur cette situation des plus grotesques. L’un d’entre eux y a même vu un nouveau mode de gestion de la FAA en vue du développement de la discipline afin de pallier au désengagement des pouvoirs publics. Nous ne retenons même pas l’argument de l’empêchement des libertés individuelles  invoqué, tant il est ridicule dans un pays où elles sont poussées sur les bas-côtés.

Selon ces propos – tenus, nous devons le préciser, par l’un de ces piliers notoires du système, réputés par leurs excès, leurs exigences et leurs dérives, abonné aux prises en charge fédérale et aux bourses du COA et du MJS et donc peu concernés par la problématique- les athlètes ayant choisi cette voie participent à l’allégement des charges financières pesant sur la fédération terriblement endettée (quelques 12 milliards de centimes lors de la passation de consignes entre l’ancien président Bouras et son ex-premier vice-président Abdelhakim Dib, élu après que le système ait écarté tous les candidats).


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