Lorsque Hassiba Boulmerka et
Noureddine Morceli s’illustrent au niveau mondial, le plan d’ajustement
structurel (P.A.S.) pointe le bout de son nez. Les résistances de quelques
acteurs du pouvoir politique, partisans de l‘ « économie de
guerre » n’y changent rien.
Les restrictions font déjà partie du quotidien de la population
algérienne habituée depuis plusieurs années à un consumérisme de bas étage introduit
par le P.A.P. (plan anti-pénurie).
Concomitamment à la révision de
l’idéologie socio-économique alors dominante, l’encadrement juridique et
organisationnel du mouvement sportif national fait l’objet d’un amendement
révolutionnaire introduisant une dose de libéralisme (ce que les membres de
la grande famille sportive se refusent obstinément et jusqu’à aujourd’hui à
voir et à reconnaitre) inscrite dans le concept de « désengagement
de l’Etat » que l’on perdra de vue lorsque le prix des
hydrocarbures retrouvera des couleurs ou qu’il faudra calmer la colère
populaire.
C’est cependant au cours de cette
période que l’athlétisme algérien fut au plus haut, connut ses plus belles
heures. Pourtant, en ce temps que l’on pourrait dire béni par les dieux de
l’Olympe, toutes les difficultés se sont rassemblées, ajoutées, agglutinées les
unes aux autres pour le mettre à genoux. Dans l’indifférence quasi-générale.
En ces temps difficiles, où le
sang coule sans discontinuer, les athlètes, les dirigeants, les entraîneurs
font partie des cibles privilégiées au même titre que les citoyens et les
intellectuels progressistes (hommes et femmes le plus souvent non voilées), les
journalistes, les représentants de l’Etat au niveau local, les Patriotes et GLD,
les policiers, les militaires.
La décennie sanglante, la dernière
du 20ème siècle marque également le début de la perte des repères de
l’athlétisme algérien. Elle est celle où s’affirme deux troubles mentaux, la paranoïa
et la schizophrénie idéologique et sociologique des parties ne partageant pas
les idéaux prônés par les deux parties dominantes.
Cette paranoïa et cette
schizophrénie sont fondées sur un sentiment d’exclusion. Elles ont aussi pris leurs
racines dans les discours populistes et dans cette notion de « démocratie »
mal assimilée qui conduit à une forme d’activisme discursif annihilé par la
mainmise de plusieurs clans véhéments sur le devenir de la discipline.
Au cours de cette période cognitivement
instable car en pleine mutation, le sens du devoir et le sens du service public
transcendent encore l’action. Le changement de siècle voit déjà apparaitre la
transformation du substrat fondé sur l’intérêt général en une autre perspective
portant l’intérêt personnel. L’individualisme, l’égoïsme, l’égocentrisme ont
pris les commandes.
L’impact de la perte de repères fut
ressenti jusque dans les contenus de la législation et de l’organisation
sportives apparues à partir de l’abrogation du système sportif antérieurement basé
sur une organisation de type soviétique et son remplacement par une autre
législation et une autre organisation distinguant dans la prise en charge le sport de haut niveau (les équipes
nationales) du sport de base (les clubs).
Tandis que le premier niveau de
la structure sportive reste à la charge de l’Etat, le second dépend des efforts
consentis par les dirigeants appelés à se transformer en lobbyistes, en
quémandeurs de subventions auprès des autorités publiques, des entreprises
étatiques dont la privatisation est largement entamée et des moyennes entreprises du secteur privé en
germination. Les nouveaux dirigeants ne sont pas préparés à ces nouvelles
missions et aux mentalités qui y président.
Le lien ombilical, dans ses
dimensions juridiques et administratives, fut rompu dans l’esprit des
dirigeants fédéraux qui se tournèrent essentiellement vers le premier des deux
niveaux de pratique et, cela fait partie du fonctionnement social, de la
satisfaction des desiderata de la hiérarchie administrative dont l’ambition,
seule et unique, est de faire valoir la dimension symboliquement politicienne
de la Victoire.
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