samedi 10 mars 2018

Ali Saidi Sief (8), Gloire et déclin


Quelques semaines après cette tentative d’émigration clandestine, le tout nouveau champion du monde cadet du 3 000 m battit le record national de la distance en 8.16 à l’occasion des championnats d’Algérie scolaires par équipes d’établissements, organisés alors traditionnellement par la ligue de wilaya des sports scolaires de Constantine, au début du mois de juin de chaque année, depuis 1988.
Quelques mois plus tard, à la rentrée scolaire, Miloud Abaoub partit en respectant les règles de   franchissement des frontières, pour l’Ouest de la France où l’attendait une place en formation professionnelle qu’avait pu lui  obtenir un ancien entraîneur de Prosider Annaba devenu manager ou plutôt un agent d’athlètes au statut mal défini. On dit encore qu’il puisa sans compter dans le vivier des jeunes. Certaines « médisances » laissent même entendre qu’il se serait investi en particulier dans les effectifs scolaires.
En 1996, après deux années passées en Vendée (une province française qui fut, à la fin du 18ème siècle, avec les Chouans, aux idées républicaines et se rangea aux côtés des monarchistes), Abaoub se classa à la première place du championnat de France junior de cross-country. L’été suivant, il conquit la médaille de bronze du 1 500m des championnats du monde junior de Sidney (3.39.37). 
Dans cette finale qui vit le jeune Batnéen tirer brillamment son épingle du jeu, deux noms, qui plus tard seront auréolés de gloire, ressortent. Il s’agit de ceux de son compatriote Ali Saïdi-Sief (7ème en 3.42.12) et du Kenyan Noah Ngeny (8ème  en 3.42.44).
Les années qui suivirent cette finale des championnats du monde juniors de Sidney  furent brillantes pour les  deux adversaires de Miloud Abaoub. Aux championnats du monde de Séville de 1999, le Kenyan sera médaillé d’argent du 1 500 m (3.28.73). Il se classa derrière Hichem El Gueroudj (dont il fut le « pace maker », le meneur d’allure dans les meetings) qu’il devança, une année plus tard,  aux Jeux Olympiques de Sidney (2000). A ces mêmes Jeux Olympiques de Sidney, Ali Saïdi-Sief fut sacré vice-champion olympique du 5 000 m.
En 1998, deux années après les championnats du monde junior, Miloud Abaoub courut le 1 500m en 3.34.37 et le 3 000 m en 7.45.75 (ses records personnels). Cette année-là fut pour lui remarquable. A la fin de l’hiver précédent, il s’était classé à la 26ème  place du cross court des championnats du monde de la discipline.
L’année suivante, en 1999, il fut demi-finaliste (11ème) du 1 500 m des championnats du monde d’athlétisme disputés à Séville (Espagne), juste devant Ali Saïdi-Sief (12ème). Noureddine Morceli, sur le déclin depuis la finale d’Atlanta, abandonna en finale. Séville marqua un tournant de l’athlétisme algérien.
A nouveau, dix années après 1988, à la fin de la décennie dorée, une croisée des chemins se présente pour les meilleurs jeunes coureurs de demi-fond algériens.
Observons que, au début du 21ème siècle, dans le prolongement de ce qu’il advint à Abaoub, Saïdi-Sief et d’autres jeunes brillants jeunes champions, médaillés ou finalistes des championnats du monde juniors ultérieurs, la discipline connait un drôle de destin. Comme Chronos, elle dévore ses meilleurs enfants.
Le récit connu de l’existence et du parcours sportif de Miloud Abaoub est réduit à sa plus simple expression. La seule certitude que nous ayons est qu’à partir de 1999, il est engagé dans une courbe déclinante faite de régressions chronométriques accompagnées par de nombreuses participations à des cross et à des courses sur route.
Le destin de Saïdi-Sief sera quasiment semblable à celui de Toufik Makhloufi, les mêmes entraineurs (Brahmia et Dupont), la même progression prodigieuse. La différence est que des vents contraires entraînent l’un (Saïdi-Sief) vers une carrière sportive incomplètement aboutie et le second (Makhloufi) vers la gloire olympique, leur objectif commun.

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