mercredi 30 mars 2016

Des entraîneurs (3), Le retour au Moyen Age

N
ous nous sommes interrogés sur l’absence de transfert de savoir-faire et avons indiqué très brièvement quelques-uns des motifs qui empêchent cet essaimage cognitif qui aurait dû mener à un élargissement de l’élite et continuer à faire de l’Algérie (au même titre que le Maroc) une nation de coureurs de demi-fond  rivalisant, autrement que par des athlètes exceptionnels en tout point, avec les références mondiales. L’athlétisme algérien fut une référence africaine (devant et avec les Kenyans, Somaliens, Ethiopiens, etc. alors à l’aube de leurs hégémonies) pendant deux décennies (70 et 80) où les coureurs et coureuses s’installaient massivement aux premières places des compilations continentales annuelles, constatation statistique de l’existence d’un réservoir d’athlètes et d’une méthodologie. Il est vrai également qu’en ce temps-là, l’élévation du niveau de connaissance était une condition sine qua non de la sortie de ce qui dans les discours politiques était le sous-développement.
Depuis cette période faste pour le demi-fond algérien, des performances exceptionnelles ont certes été réalisées au niveau mondial (records du monde, titres mondiaux et olympiques que l’on peut considérer comme des indicateurs d’évaluation et de témoins d’un niveau de compétences, de qualifications appréciables).
Des entraîneurs installés au fin fond de l’Algérie profonde ont fait la démonstration qu’avec les moyens du bord (un euphémisme pour désigner l’absence quasi-totale de moyens financiers et pédagogiques en ces lieux retirés de tout), il était possible d’atteindre avec des jeunes (cadets et juniors) des performances qui ne furent accessibles qu’à des espoirs (21-23 ans) ou à des seniors.
Les entraîneurs émergeants au plus haut niveau ont été rares et l’ont été avec la bénédiction de la fédération ou des clubs dits de performances qui (tel le MCA) disposaient des commodités indispensables à l’épanouissement des talents. Nous n’oserons pas affirmer que les résultats ont été réalisés seulement par  l’existence de moyens financiers bien que cela fut souvent le cas. Derrière le succès du MCA, il y a certes un modèle d’organisation mais aussi un savoir méthodologique et technique perdurant malgré le départ de ceux qui en furent les supports. Tous les coureurs de 1 500 à moins de 3.35 ne sont pas seulement un miracle de l’argent.  Il y a derrière cette reconnaissance par les chronos, les entraîneurs algériens doivent en convenir au lieu de se regarder en chiens de faïence et se jalouser, une compétence non négligeable acquise dans le giron du club. La dissémination du savoir est circonscrite à un groupe restreint.
Le même raisonnement peut être tenu pour la multitude de coureurs de 5 000, 10 000 et de courses sur route (semi-marathon et marathon) que les bilans recensent dans les rangs des piliers de l’athlétisme national que sont, depuis l’indépendance, les clubs créés au sein de l’ANP et de la sûreté nationale et depuis quelques années à la Protection civile.
Un flash-back est indispensable pour comprendre. Les entraîneurs algériens d’hier ont été formés à travers deux filières, celle d’abord de la formation académique (CREPS, ITS, ISTS) conduisant à des exercices de la profession (reconnue par la fonction publique et en conséquence appointée par l’Etat) des praticiens des sciences et technologies du sport (que nous préférons à la formule  générique de « techniciens du sport ») regroupant à la fois les formations de longues durée (5 ans) et de courte durée (3 ans) qui peut rejoindre par certains aspects l’expression d’ «entraîneur d’Etat » employée par Bruno Gajer et en font des « professionnels ». La seconde formation est celle mise en œuvre par la structure fédérale et ses démembrements (les ligues régionales et de wilaya), un apprentissage continu et alterné en direction d’anciens athlètes essentiellement, bénévoles par excellence car exerçant une activité professionnelle n’ayant que peu ou pas de rapport avec le sport.

Nous avons le souvenir (ainsi que certainement de nombreux entraîneurs) que, dans les années 80, des experts étrangers de différents nationalités, intervenant en premier lieu dans les amphithéâtres remplis par  les futurs praticiens des sciences et technologies du sport, animaient dans un second temps, souvent dans les mêmes lieux, des conférences devant les entraîneurs (professionnels et bénévoles) en activité dans les clubs. C’est cela le socle de la compétence laissée en jachère en l’absence de l’injection des avancées. Pourtant……

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire