C’est cette perception (en
beaucoup moins théorisée) de la captation d’athlètes que nous avons exposé dans
un commentaire publié dans une rubrique d’ « El Hadef »
(certains s’en souviennent encore et nous le rappelle quelque fois), « L’arbre
à palabres », un espace médiatique créé par le comité de rédaction
de l’hebdomadaire afin de permettre aux journalistes qui le souhaiteraient
d’exprimer en toute liberté leurs points de vue personnel.
Dans l’article en question nous
avions dénoncé des pratiques que nous avions assimilées à « un
piratage » en allusion à l’appropriation par la force par des
entraîneurs du produit des efforts consentis
et des compétences mises en œuvre par d’autres entraineurs. Nous avions
décrié une pratique validée par les dirigeants de la FAA.
Les personnes qui ont connu cette
période ont certainement en mémoire que les deux institutions (la fédération et
l’hebdo) ont été des appendices des pouvoirs publics. La première placée sous
la tutelle du ministère qui, en accord avec le système en désignait les
dirigeants, et un journal, lui-même acteur important dans un espace médiatique
soumis aux pouvoirs publics, disposant d’une plus grande liberté d’expression
que les autres titres, les titres généralistes.
Cette particularité résidait dans
le fait que l’hebdo n’était (sur le plan
juridique et financier) qu’un supplément en langue française noyé dans un
empire de presse régionale en langue nationale et spécialisé dans un domaine
marginal d’activités (les activités sportives) participait (plus que les autres
titres) à la fonction cathartique des médias intervenant dans une société
autoritaire.
Ni Amar Bouras, ni le bureau
fédéral ne réagirent à l’article. Quelques semaines plus tard eurent lieu les
championnats d’Algérie « Open ». Sollicité pour une
interview, Amar Bouras nous accorda de son temps. Sans que le sujet pourtant
brûlant ne soit évoqué. Ni par lui et encore moins par nous qui avions dit au
demeurant ce que nous pensions.
Plus tard, à la fin de l’année,
au « cross de la Soummam » de Bejaïa, le thème, qui
n’avait plus jamais été abordé (même pas par Bouras directement visé qui aurait
pu profiter -- « en off » ou au détour d’une question- du
prétexte de l’interview pour en parler) revint dans une rencontre avec le
premier vice-président de la FAA.
Celui-ci nous fit part (en
présence d’entraîneurs, de membres du bureau fédéral et de quelques membres du
comité d’organisation) des « blessures », des « perturbations »,
du « dérangement » que le commentaire avait provoqué
dans l’athlétisme algérien à la suite d’un article écrit par un journaliste
inconnu dans le milieu.
Pour le regretté Moulay,
porte-parole de ses pairs, ce n’était pas le contenu de l’article en lui-même
qui était dérangeant mais le statut de son auteur qu’il était impossible de
classer dans une galaxie où chacun devait être situé, positionné par rapport à
des problématiques, à des thématiques qui l’agitait.
Hassiba n’ayant pas progressé
après une année passée à s’entraîner avec Bouras, nous eûmes beau jeu de
répliquer que, compte tenu de son vécu, de ses qualités, il était possible à n’importe quel entraîneur
de prendre en charge son entraînement et de la maintenir à son niveau.
Après cette digression (qui n’est
pas aussi inutile qu’elle le parait de prime abord puisqu’elle confirme que
l’athlétisme prenait déjà, à cette époque-là, la forme d’une secte) nous dirons
que Bouras nous a présenté un visage qu’il nous montrera à nouveau en septembre
1991, lors de la finale du « Grand Prix IAAF-Mobil »
organisé à Barcelone sur le stade qui abritera les jeux olympiques de 1992.
Ceci étant dit, c’est maintenant,
après ces explications que nous devons interpréter la colère rentrée, la
rudesse, la brusquerie dont fit preuve quelques heures plus tard Ahmed Mahour
Bacha.
En tant qu’entraîneur national,
diplômé de l’ISTS, il appartenait à la confrérie adepte de la captation
d’athlètes (ils ne furent pas les seuls). Tous ceux qui l’ont côtoyé à un titre
ou à un autre (athlètes, entraîneurs, dirigeants de clubs, de ligues ou à la
fédération) ne nous démentirons certainement pas. Lui (plus qu’Amar Bouras) ne
pouvait pas (sauf à notre sollicitation) aborder le sujet et plaider en faveur
de ses pairs. Il n’était pas impliqué directement
dans l’article.
Nous devons supposer que Mahour
Bacha ne connaissait pas encore vraiment Bouras. Et qu’il fut déçu par la
tournure des événements. Sa colère rentrée a été prise entre deux feux : l’absence
de réaction de son collègue qui remonté à bloc, auteur de discours vindicatifs au
stade annexe s’aplatissait devant un scribouillard de province et l’impossibilité de s’exprimer.
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