Le football est un spectacle ! Nous le savions et nous en avons eu
une nouvelle fois la preuve le weekend dernier. Malgré les péripéties
malheureuses qui font partie de la vie, un spectacle doit continuer jusqu’à la
dernière seconde, « the show must gone one » disent les artistes
anglophones. Le programme doit être mené à son terme quelle que soit les
circonstances. Devant la mort, le clown
doit continuer à faire comme si de rien n’était, à faire rire les spectateurs.
Il doit continuer… son cirque.
La veille de la rencontre de la 25ème journée de Ligue
1, s’étant disputée entre le MCA et le CRB, un derby algérois frappé de
huis clos, l’emblématique joueur du Mouloudia, chouchou de la presse, Abderrahmane
Hachoud a été meurtri par le décès de sa sœur ainée. Après un rapide
déplacement entre Alger (lieu de l’activité professionnelle du joueur) et El
Attaf (sa ville natale et de résidence de sa sœur) le joueur est revenu
rejoindre ses coéquipiers pour se mettre à la disposition de son coach et de
son équipe décimée par les suspensions et les blessures. Pour ce faire une
force de caractère est nécessaire. Comme l’amour des couleurs d’ailleurs.
Hachoud doit être loué pour le sacrifice consenti au nom de la ₺noble₺…cause du
Mouloudia. On rapporte que les ₺Chenaoua₺ (les supporters du MCA) ont apprécié ce geste et ils
auraient affirmé, sur les réseaux sociaux, leur solidarité avec leur idole.
Si le geste du joueur doit être apprécié à sa juste valeur, il n’en
demeure pas moins que, dans quelques semaines, dans quelques mois, il sera….oublié
et le défenseur, connu pour sa spécialité de marquer des buts sur coups de
pieds arrêtés qui en font un des butteurs de son équipe, sera durement critiqué pour avoir manqué un
pénalty. Le public et, encore plus les dirigeants, sont versatiles. Ce ratage
lui sera même reproché, avec les mots les plus durs qui soient, par…..les
journalistes, supporters invétérés du Mouloudia qui aujourd’hui le porte aux
nues.
Au-delà de ces événements présents et probablement futurs, c’est le
fonctionnement du Mouloudia qui doit être mis au pilori. La présence de Hachoud
sur le terrain aurait du - qu’elle qu’en soit les conséquences pour une équipe
jouant pourtant son avenir en Ligue1 - être humainement refusée par le fameux ₺peuple du Mouloudia₺
(supporters, joueurs, dirigeants, coachs) qui aurait été au premier rang du
cortège, présent auprès des siens si la mort avait touché un de ses proches.
D’autant plus que Hachoud, malgré son apport inestimable, n’est pas le seul
joueur sur lequel le MCA peut compter. La Sonatrach a tant investi sur les
joueurs. Le temps d’un match, aussi important soit-il, il peut (il doit, serait
plus exact) être numériquement remplacé par d’autres joueurs de la ₺liste des 25₺, de
l’équipe Espoirs et même, si la situation est vraiment critique, par un junior.
Notons aussi que le football professionnel est régi par le code du
travail qui autorise des absences exceptionnelles de 3 jours, dans des cas
particuliers connus de tous les salariés relevant des secteurs publics et
privés (mariages, naissances, décès, etc.). Les joueurs de football
n’auraient-ils pas droit à cet avantage socioprofessionnel ? Quand
pourront-ils en bénéficier puisque la réglementation les oblige à en jouir dans les quinze jours
et que les joueurs ne peuvent que difficilement s’absenter?
Disposer de ces 3 jours légaux d’absence (dont l’importance est primordiale
au moment de l’événement heureux et surtout malheureux) devient un véritable
parcours du combattant (présence obligatoire au match et aux entrainements) que
les dirigeants des clubs (et les correspondants locaux) rendent plus difficile
encore par leurs insinuations.
Une nouvelle preuve que le professionnalisme, existant pourtant dans les
textes législatifs et réglementaires, n’a pas encore atteint les esprits de
toutes les parties impliquées dans son bon fonctionnement. Le football
professionnel algérien ne diffère guère de l’organisation des jeux de l’arène
romains, que les joueurs ne sont que des gladiateurs régis par un seul mot
d’ordre « marche ou crève ! ».
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