A la mi-août, une dizaine
de jours avant la cérémonie d’ouverture des championnats du monde d’athlétisme,
la presse anglaise (qui s’est acharnée depuis quelques mois sur les athlètes
kenyans, russes et le groupe américain Alberto Salazar dont fait partie le
britannique (d’origine somalienne) Mo Farah et l’américain, spécialiste du
10 000 mètres, Glen Rupp) révélait
le nom d’une athlète dont le nom figurait sur la liste des 28 athlètes
contrôlés positifs après un réexamen des échantillons prélevés lors des
championnats du monde de 2005 et 2007 en application d’une règle mise en place
(re-testing) par la fédération internationale d’athlétisme portant à 10 ans (au
lieu de 8 ans) la durée de conservation des échantillons. A nouveau, la presse
anglaise avait anticipée une annonce de l’IAAF qui n’est pas encore venue.
Cette athlète est la Turque
Elvan Abeylegesse, médaillée d’argent sur 10 000 mètres à Osaka. Pour les
observateurs européens, l’annonce de ce contrôle positif n’a pas été une
surprise. En effet, de fortes suspicions pesaient sur cette athlète d’origine
éthiopienne depuis son apparition sur le circuit des compétitions
internationales. On se plait à rappeler qu’elle avait ouvert la voie à une
immigration « sportive » pour gonfler artificiellement l’équipe turque de
coureurs est-africains. Elle avait été recrutée en 1999 (alors qu’elle n’était
qu’encore que junior) puis naturalisée pour construire une équipe turque
d’athlétisme de stature internationale et que les pratiques des entraîneurs
nationaux laissaient supposer des méthodes empruntées aux pays de l’ancien bloc
communiste. Evidemment, il ne pouvait s’agir que de dopage.
Elvan Abeylegesse n’est
donc pas une inconnue. Pendant la première décennie de ce 21ème
siècle, elle a marque le demi-fond mondial. Elle a remporté également les
médailles d’argent des 10 000 mètres et du 5 000 mètres aux J.O. de Pékin (2008) ainsi que trois titres
européens (piste en 2010 et cross en 2001) qui pourraient lui être retirées.
Cette information a fait
plaisir à la presse anglaise qui s’en est aussitôt félicitée. En effet,
l’athlète britannique Jo Pavey (4ème à Osaka et championne d’Europe sur 10 000 m à
Zurich en 2014) pourrait se voir décerner 8 ans plus tard, la médaille de
bronze. Alors que l’Américaine Gara Goucher serait médaillée d’argent.
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La
perspective de 10 médailles à redistribuer
Quelques jours après l’annonce
(par la fédération turque puis par la presse anglaise) du contrôle positif de la
Turque Elvan Abyelegesse figurant sur la
fameuse « IAAF 28 » ainsi qu’est appelée la liste des 28 athlètes testés
positivement (8 et 10 ans après le prélèvement des échantillons), il
s’avèrerait que l’agence mondiale antidopage (AMA) pourrait remettre en cause
le principe de sanctions pour des éléments antérieurs à 2009.
A la mi-août, quelques jours avant l’ouverture
des championnats du monde d’athlétisme de Pékin, nombreux étaient ceux qui pensaient
que, dans les jours suivants, la liste des « IAAF 28 » serait connue. L’impatience
était grande avec la perspective de 10
médailles à redistribuer.
Il a été observé que la fédération
de la Turquie a été la seule fédération à avoir décidé d’anticiper l’annonce de
l’IAAF. On a même prétendu que la présence de la coureuse de 10.000 mètres dans
la délégation turque pour le Mondial de Pékin l’avait incitée à confirmer
officiellement la rumeur circulant à propos d’Elvan Abeylegesse.
Pour la Turquie, cette
annonce portait un coup supplémentaire à sa crédibilité en matière de lutte
contre le dopage. Avec Elvan Abeylegesse, le bilan de la Turquie, affiche un
total de 50 athlètes suspendus entre 2013 et 2014 dont des athlètes de renommée
mondiale telles qu’Asli Cakir (1), Alemitu Bekele (une autre athlète d’origine éthiopienne)
et Nevin Yanit (2).
La sanction prononcée par
la fédération turque pourrait cependant être remise en cause par l’AMA qui est très
prudente sur les sanctions. Elle a annoncé le 15 août que ses experts allaient
s’attaquer à l’analyse de la base de données IAAF. Une banque de données dont
une copie serait en possession des journaux britanniques mais qui, du point de
vue de l’agence mondiale antidopage, pour la période antérieure à 2009 pourrait
ne pas être considéré comme preuve de dopage. Afin d’éviter toutes
spéculations, l’AMA a averti que des allégations de dopage s’appuyant sur cette
base de données seraient irréfléchies et même diffamatoires.
1. suspendue pour
dopage pour deux ans en 2004. Revenue ensuite aux compétitions, elle remporte
la médaille de bronze aux championnats du monde en salle à Istanbul en mars
2012 sur 1 500 mètres. En avril 2013, elle est convaincue de dopage par la
fédération internationale d'athlétisme, un an après son titre olympique pour
des anomalies sur son passeport biologique. Le Tribunal arbitral du sport (TAS)
confirme la validité de l'appel de l'IAAF et annule tous ses résultats à
compter de juillet 2010 et la suspend jusqu'en 2021.
2. Elles
ont été sacrées championnes d’Europe à
Barcelone en 2010, respectivement sur 5 000 mètres et 100 mètres haies.
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