L’organisation internationale non gouvernementale dénommée FIFA
(fédération internationale de football amateur) est, depuis quelques mois, dans
la tourmente. Des scandales se succèdent en une longue série de
rebondissements, touchant, sur un fond généralisé de corruption, la majeure
partie des plus hauts dirigeants dont sont rares ceux qui, jusqu’à présent,
sont sortis indemnes.
Le président de la FIFA (Sepp Blatter) et celui de l’UEFA (union
européenne de football amateur), Michel Platini, sont les derniers à être confronter aux
institutions judiciaires suisses et à être au cœur de ces scandales qui font de
l’instance planétaire gérant le football mondial un véritable groupe maffieux
étendant ses ramifications, ses tentacules dans les endroits les plus reculés
de la planète, y compris en des lieux n’apparaissant que sous la forme d’un
point ou d’une minuscule tache sur la carte. La FIFA (comme d’autres
fédérations sportives internationales) connait un nombre de membres (d’associations
nationales) plus important que celui de pays reconnus membres de l’assemblée
générale de l’ONU (organisation des nations unis).
Le faste et l’apparat des congrès et des assemblées générales de l’instance
faitière du football, l’appât du gain, de l’argent facile semble être le moteur
des comportements des nombreux dirigeants pris à défaut dans des attributions
monnayées de Coupes du Monde ou de rémunération (et autres gratifications)
prenant la forme d’indemnisation de services rendus ou d’importantes ristournes
sur les droits télévisuels.
Les sanctions prononcées par le comité d’éthique, un conseil de
discipline qui juge les dirigeants du football mondial qui ne se plient pas aux
normes et aux us et coutumes en vigueur dans ce vénérable organisme, sont d’une
sévérité exemplaire. Il a déjà banni plusieurs d’entre ceux qui avaient osé se
dresser face aux inamovibles leaders-parrains, avaient remis en cause le
fonctionnement - harmonieux et bien huilé de cette institution formatée à la
mesure de son président et chef d’orchestre des mouvements d’ensemble, le
Suisse Sepp Blatter - à la recherche d’une part plus importante qu’accorde la
prise de pouvoir.
Les justices US et suisse
s’impliquent
La FIFA a connu de multiples crises. Des tentatives de modifier
l’ordre établi ont été résolues par l’expulsion des candidats putschistes.
Mais, c’était avant que n’interviennent dans le jeu, ces autorités et ces
instances judiciaires auxquelles il est interdit par le crédo et les statuts de
la FIFA de faire appel. Dans quelque temps, un « FIFA Leaks » nous
dira certainement qu’il y a lieu d’établir un lien entre l’enterrement du
rapport rédigé par le procureur américain Garcia (chargé par la FIFA elle-même
d’enquêter sur des cas présumés de corruption à porter à l’actif des
adversaires de Sepp Blatter) et le début des ennuis de l’instance
footballistique en rapport sans doute à l’écartement des Etats Unis de
l’organisation de la Coupe du monde.
L’ingérence politique, l’ingérence humanitaire, l’ingérence au nom des
droits des peuples à élargi son champ d’intervention au domaine sportif. Sur ce
plan, les puissants n’ont jamais tort et choisissent à bon escient leur camp.
Un camp qui n’est pas toujours sain. Mais, qui a une odeur de billets de banque
qui s’entassent par millions de dollars dans les comptes de la FIFA avant
d’être distribués dans des programmes d’aide au développement du football ou à
l’organisation des compétitions mondiales à travers des réseaux bancaires démultipliés
à l’infini rendant plus commode la répartition et la mise en place de
branchements illicites.
La puissance de la FIFA de Blatter a été établi par un système de
collecte financière dont la base est constituée par partenaires appelés
sponsors globaux. Les sponsors importants (30 millions de dollars par an
chacun) représentent soit de multinationales américaines (Coca-Cola,
McDonald’s, Visa) soit de multinationales proches des milieux financiers
américains (Budweiser) ainsi que trois autres partenaires globaux
non-américains (Adidas, Gazprom et Hyundai) sont restées publiquement
silencieux depuis des mois malgré toutes les informations publiées sur le
scandale de corruption qui sévirait et jusqu’à la fin de la semaine dernière.
Les gros sponsors s’invitent dans le débat polémique
Les sponsors globaux américains, qui pour bénéficier de ce statut et
pouvoir l’utiliser dans leurs publicités et stratégies marketing ont payé entre
2010 et 2014, 30 millions de dollars chacun par an, se sont manifestés publiquement
une semaine après l’ouverture d’une procédure pénale en Suisse contre Blatter
qui doit, normalement, abandonner son poste en février prochain. Ce sont ces quatre des plus gros partenaires
de la fédération internationale de football qui ont lancé une offensive médiatique
sans précédent, qui semble concertée ayant pris la forme de communiqués sans équivoque
publiés simultanément, demandant, ainsi que l’a fait Coca Cola, géant des
boissons non-alcoolisées « pour le bien du football, (…) au président
de la Fifa, Joseph Blatter, de démissionner immédiatement, afin qu’une
procédure de réforme crédible et viable puisse sérieusement commencer ».
Coca Cola, dans la grande tradition américaine des redresseurs de tort et des
pourfendeurs du mal là où il se trouve a poursuivi son attaque en s’ingérant
dans le fonctionnement de la FIFA en affirmant qu’elle « (…) a besoin d’une réforme
globale et urgente et ceci ne peut être accompli qu’à travers une véritable
approche indépendante ».
Du côté du géant de la restauration rapide, McDonald’s, il a été
déploré que « les événements des dernières semaines ont continué de ternir la
réputation et diminué la confiance du public en son leadership ».
Les déclarations de Visa rejoignent celles des deux autres
multinationales. Mais, leurs déclarations ont été provoquées par une
interpellation d’une agence de presse internationale (AFP). Avec cependant une
certaine retenue, les dirigeants disent douter «qu’une réforme profonde de la Fifa puisse
avoir lieu avec la direction actuelle, et après les événements de la semaine
dernière, il est clair qu’il est dans les meilleurs intérêts de la Fifa et du
football que Sepp Blatter démissionne immédiatement ».
La quatrième multinationale, le groupe belgo-brésilien Anheuser Busch
InBev, maison-mère du brasseur Budweiser, sponsor de la Fifa depuis 1986, sans
doute motivée par sa proximité géographique exprime un point de vue tout en
nuance, presque diplomatique en déclarant qu’il « serait bienvenu que M. Blatter
quitte son poste ». Numéro 1 mondial de la bière souligne également que
le groupe croit «que sa présence est un obstacle au processus de réforme ».
Sepp Blatter n’a pas tardé à donner sa réponse. Par la voix de son
avocat américain, il a indiqué qu’il resterait à son poste jusqu’en février
prochain. Celui-ci, Richard Cullen, a expliqué que « si Coca Cola est un sponsor
apprécié de la Fifa, M. Blatter est, malgré tout son respect, en désaccord avec
sa position et pense que quitter son poste maintenant ne serait pas dans le
meilleur intérêt de la Fifa ni ne servirait le processus de réforme. C’est
pourquoi il ne démissionnera pas ».
Les médias et la FA en soutien
L’offensive médiatique des plus importants des sponsors de la FIFA a
été saluée, jusqu’à présent et en premier lieu, il fallait s’y attendre, par le
président de la fédération anglaise (FA), Greg Dyke qui pense que cette action concertée
des sponsors, «c’est quelque chose qui peut changer la donne ». Greg Dyke
a été prolixe en relevant tout d’abord une partie du fonctionnement occulte de
la FIFA (et certainement des autres fédérations et institutions internationales)
et de la part importante qu’ont les « financeurs » dans leurs bonnes
marches en remarquant que « peu
importe ce que dit M. Blatter maintenant, si les gens qui financent la Fifa
veulent un changement, ils l’auront ». Tout est dit !
En disant cela, le président de l’importante fédération anglaise a
affirmé tout simplement qu’il n’était qu’une marionnette conjugué d’un
opportuniste puisque sans sourciller, il se permet de conclure que « pour
ceux d’entre nous qui veulent un changement radical, c’est une bonne nouvelle »,
a-t-il conclu. Reste à savoir quelle sera l’attitude des trois autres
partenaires globaux non-américains de la Fifa Adidas, Gazprom et Hyundai.
Le 27 mai dernier a été la date de l’arrestation (à l’instigation de
la justice américaine) de plusieurs hauts responsables du football mondial dans
un hôtel à Zurich (Suisse). Ces arrestations se fondaient sur des soupçons de
corruption à grande échelle. Depuis cette date, la FIFA vit au rythme des
révélations et des scandales.
Nous rappellerons que Blatter en est le président démissionnaire et
qu’il est visé personnellement, depuis fin septembre par une procédure pénale
suisse, pour un versement présumé illégal de 2 millions de francs suisse (1,8
million d’euros) en faveur de Michel Platini, président de l’UEFA et favori (avant qu’il ne soit convoqué par
la justice suisse sous un statut qui le placerait à mi-chemin entre témoin et
accusé) à la succession de la présidence
de la FIFA.
Le Suisse, président de la FIFA depuis 1998, quelques jours après sa
réélection, a remis son mandat à disposition, le 2 juin dernier, jusqu’à de
nouvelles élections prévues pour le 26 février prochain. Notons aussi que Blatter
est par ailleurs accusé par la justice d’avoir« signé un contrat défavorable
» à la FIFA, avec l’Union caribéenne de football (Concacaf), dont le président
a été exclu des rangs et est appelé à rendre des comptes à la justice
américaine. Blatter aurait vendu, très en-dessous des prix du marché, les
droits de diffusion TV des Mondiaux-2010 et 2014. Une façon de permettre au
président de la Concacaf de faire des affaires.
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