Il est difficile de
tenter de comprendre la décision du bureau fédéral de la fédération algérienne
de football (FAF) relative au renoncement de la subvention annuelle qui lui est
accordée par les pouvoirs publics. Pour certains, cette décision fait partie
d’une thématique qui serait à proposer aux romanciers et scénaristes
spécialistes des sagas à succès de science fiction décrivant des situations
paradoxales.
Cette décision, qui
semble murement réfléchie par les instances dirigeantes du football national,
confronte justement une bizarrerie, celle de l’opulence insolente de la structure
associative-faitière d’une discipline sportive croulant sous les milliards de centimes
au point de ne savoir que faire de 30 milliards (toujours de centimes) par an
et l’indigence miséreuse des associations de base dont elle est sensée être
l’émanation.
Il faut reconnaitre,
toutefois à contre cœur, que transiter régulièrement par les palaces internationaux de Zurich, Rome, Paris, New York ou Rio de
Janeiro quand ce n’est pas Doha ou Pékin éloigne les dirigeants élus de la plus
haute instance nationale du football des réalités locales, celles qui voient
les joueurs de quartiers et des niveaux les plus basiques se contenter (dans le
meilleur des cas) des casse croutes frites-omelettes ou de cachir au risque
prononcé de botulisme.
Le bureau fédéral se
prévaut d’une santé financière florissante qui lui permet de se passer de la
subvention de l’Etat. Elle s’enorgueillie de ses ressources en sponsoring et
des droits de télévision engrangées grâce aux résultats d’une équipe nationale
montée de toutes pièces à partir du produit des centres de formation de
l’ex-puissance coloniale tandis que les centres de préparation et de formation
des soit disant clubs professionnels algériens n’ont pas encore vu le jour et
que les talents locaux s’étiolent. Il est vrai aussi que leurs dirigeants, par
mimétisme compréhensible, se sont mis au diapason de leurs pairs de la FAF et
de la LNF.
L’embellie financière présente n’aurait pu être sans les sacrifices
consentis, depuis le recouvrement de la souveraineté nationale par les pouvoirs
publics (aides apportées aux fonctionnement des différentes structures du football
national et dans la réalisation d’infrastructures), les institutions et les
dirigeants qui se sont succédés au fil des décennies et des individualités
(fort nombreuses et jamais comptabilisées à bon escient) qui se sont dévouées (trop
souvent dans les pires conditions d’évolution) pour accomplir un sacerdoce
rarement reconnu à sa juste valeur.
Cette décision incongrue montre à ceux qui ne l’avaient pas encore
compris que les instances sportives (celles du football en particulier) vivent
en autarcie complète, sans aucune complémentarité entre elles et encore moins
avec les autres d’un niveau hiérarchique et fonctionnel distinct. Elles se
juxtaposent simplement les une aux autres sans aucune complémentarité et une
hiérarchie de façade.
En fait, la fédération algérienne est complètement déconnectée de son
milieu naturel. A force de côtoyer d’autres hiérarques du football mondial,
impliqués directement ou indirectement dans un esclandre planétaire de
corruption, les dirigeants de la FAF ont certainement à l’esprit un
désengagement total de leur structure (fonctionnant uniquement pour elle-même
et non le développement du football) et une distanciation avec les pouvoirs
publics. Une sorte de privatisation de la FAF qui fonctionnerait grâce aux
subsides d’entreprises publiques nationales en attendant l’apparition des
multinationales liées à un titre ou à un autre avec l’instance mondiale du
football.
La FAF, par cette décision, a montré qu’elle se comportait non pas en une
instance de gestion et de développement du football algérien mais comme une
association (c’est d’ailleurs son statut au sein de la FIFA) gérant une équipe
nationale représentative de ses intérêts à court terme (celle formée par une
majorité de binationaux) et portant une attention dérisoire aux autres
sélections nationales dont on connait malheureusement les performances
mitigées.
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