mercredi 2 décembre 2015

Le « marronnier » du foot pro, Une commission pour plafonner les salaires



L
e « marronnier », dans le jargon de la presse est un genre d’article passe-partout, tout terrain et tout temps, une sorte de SUV de la presse. Sa thématique est éternelle. Il revient prendre sa place dans les colonnes des journaux, selon une périodicité dont la régularité n’est pas la première caractéristique, en s’affublant cependant des tics à la mode du jour.
Les Ecossais, peuple rétif de Grande Bretagne, en constant déphasage avec les Anglais, en ont laissé un à l’humanité. Ces fiers résistants à la colonisation des descendants de Normands et de Vikings étaient à l’époque médiévale et continuent de l’être, d’habiles conteurs qui, dans leurs tenues folkloriques, ces kilts ayant traversé les âges malgré quelques moqueries pince sans rires, se faisaient accompagnés par le son strident de leurs cornemuses et l’esprit embrumé par les  libations à coup de pintes de scotch. C’est, sans nul doute dans la pénombre d’une taverne enfumée de cette époque qu’est né le monstre du Loch Ness. Ce monstre aurait été vu, à la lumière de la lune, à leur retour titubant vers leurs chaumières, alors qu’ils longeaient un de ces lacs dont l’eau est aussi trouble et saumâtre que peut l’être celle de nos chotts saharien.  Depuis, des voyageurs et des touristes qui, depuis des siècles, empruntent les sentiers disent eux aussi, l’avoir aperçu soit à l’aube soit au crépuscule.
Le football professionnel algérien qui n’a pas encore achevé sa première décennie d’existence (dans sa forme libérale s’entend) possède lui aussi son « marronnier». Ce sont les présidents de clubs (professionnels bien évidemment) et les gestionnaires du football national, emportés la plupart du temps par la folie des grandeurs, qui de temps à autre, retrouvent un peu de lucidité et ressuscitent dans la foulée, lorsque l’hiver financier fait son approche, la sempiternelle ode « du plafonnement des salaires des joueurs ».
Medouar (porte parole de l’ASO Chlef), Mehiaoui (actionnaire et membre du conseil d’administration du MC Oran, après en avoir été le président) le savent pour être bien informés des subtilités des lois de finances qu’ils examinent, en leurs qualités d’élus de la nation,  chaque fin d’année, à l’approche du « mercato hivernal » et qui, en période de diminution des ressources découlant de la commercialisation des hydrocarbures, entameront sérieusement le montant des subventions et des aides qu’apporteront l’Etat, les collectivités locales et les entreprises publiques.
La réduction des recettes, dans un contexte où les charges sont inflationnistes, incitent les présidents de clubs parmi les plus dépensiers à s’engager, comme les hommes politiques, dans les programmes d’austérité, dans la restriction budgétaire en visant principalement et uniquement les salaires faramineux qu’ils ont accordés en des moments d’euphorie où ils étaient animés par cet esprit de surenchère qui est leur trait commun.
La semaine dernière, en marge de l’assemblée générale extraordinaire de la FAF - enrôlée pour examiner et adopter les nouveaux statuts de la fédération  en vue de la mise en conformité avec la nouvelle législation sportive nationale et aux exigences de la confédération (CAF) et de la fédération internationale (FIFA) - les présidents, membres du Forum des présidents de clubs professionnels, se sont entretenus dans la perspective de trouver un consensus sur la problématique de la limitation des salaires maintes fois examinée et dont ils avaient transgressé sans frissons les règles précédemment adoptées.    
 Selon une tradition fortement ancrée dans nos habitudes de gestion, une commission a été créée (formée du président de la FAF, du président de la Ligue du football professionnel, d’un entrepreneur du secteur privé et d’un législateur) afin d’élaborer une sorte de grille de salaires des joueurs professionnels qui seraient rétribués en fonction de leurs compétences évaluées à l’aune des sélections en équipes nationales dans le pur style de la gestion socialiste des clubs. Bien qu’il s’agisse cette fois-ci d’une action typique d’entente par la création d’un cartel.

Ardents défenseurs du libéralisme économique débridé, ces gestionnaires rassemblés au sein du Forum des présidents de clubs, adeptes (dans la gouvernance des clubs qu’ils dirigent) de l’aide soutenue, inlassablement appuyée de l’Etat, se réunissent sous l’égide de leurs tutelles organiques que sont la fédération et la ligue modelées par la CAF et la FIFA.  

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