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e « marronnier »,
dans le jargon de la presse est un genre d’article passe-partout, tout terrain
et tout temps, une sorte de SUV de la presse. Sa thématique est éternelle. Il
revient prendre sa place dans les colonnes des journaux, selon une périodicité
dont la régularité n’est pas la première caractéristique, en s’affublant cependant
des tics à la mode du jour.
Les Ecossais, peuple rétif
de Grande Bretagne, en constant déphasage avec les Anglais, en ont laissé un à
l’humanité. Ces fiers résistants à la colonisation des descendants de Normands
et de Vikings étaient à l’époque médiévale et continuent de l’être, d’habiles
conteurs qui, dans leurs tenues folkloriques, ces kilts ayant traversé les âges
malgré quelques moqueries pince sans rires, se faisaient accompagnés par le son
strident de leurs cornemuses et l’esprit embrumé par les libations à coup de pintes de scotch. C’est,
sans nul doute dans la pénombre d’une taverne enfumée de cette époque qu’est né
le monstre du Loch Ness. Ce monstre aurait été vu, à la lumière de la lune, à
leur retour titubant vers leurs chaumières, alors qu’ils longeaient un de ces
lacs dont l’eau est aussi trouble et saumâtre que peut l’être celle de nos
chotts saharien. Depuis, des voyageurs
et des touristes qui, depuis des siècles, empruntent les sentiers disent eux aussi,
l’avoir aperçu soit à l’aube soit au crépuscule.
Le football professionnel
algérien qui n’a pas encore achevé sa première décennie d’existence (dans sa
forme libérale s’entend) possède lui aussi son « marronnier». Ce sont les
présidents de clubs (professionnels bien évidemment) et les gestionnaires du
football national, emportés la plupart du temps par la folie des grandeurs, qui
de temps à autre, retrouvent un peu de lucidité et ressuscitent dans la foulée,
lorsque l’hiver financier fait son approche, la sempiternelle ode « du
plafonnement des salaires des joueurs ».
Medouar (porte parole de
l’ASO Chlef), Mehiaoui (actionnaire et membre du conseil d’administration du MC
Oran, après en avoir été le président) le savent pour être bien informés des
subtilités des lois de finances qu’ils examinent, en leurs qualités d’élus de
la nation, chaque fin d’année, à
l’approche du « mercato hivernal » et qui, en période de diminution
des ressources découlant de la commercialisation des hydrocarbures, entameront
sérieusement le montant des subventions et des aides qu’apporteront l’Etat, les
collectivités locales et les entreprises publiques.
La réduction des recettes,
dans un contexte où les charges sont inflationnistes, incitent les présidents
de clubs parmi les plus dépensiers à s’engager, comme les hommes politiques,
dans les programmes d’austérité, dans la restriction budgétaire en visant
principalement et uniquement les salaires faramineux qu’ils ont accordés en des
moments d’euphorie où ils étaient animés par cet esprit de surenchère qui est
leur trait commun.
La semaine dernière, en
marge de l’assemblée générale extraordinaire de la FAF - enrôlée pour examiner
et adopter les nouveaux statuts de la fédération en vue de la mise en conformité avec la
nouvelle législation sportive nationale et aux exigences de la confédération
(CAF) et de la fédération internationale (FIFA) - les présidents, membres du
Forum des présidents de clubs professionnels, se sont entretenus dans la
perspective de trouver un consensus sur la problématique de la limitation des
salaires maintes fois examinée et dont ils avaient transgressé sans frissons les
règles précédemment adoptées.
Selon une tradition fortement ancrée dans nos
habitudes de gestion, une commission a été créée (formée du président de la
FAF, du président de la Ligue du football professionnel, d’un entrepreneur du
secteur privé et d’un législateur) afin d’élaborer une sorte de grille de
salaires des joueurs professionnels qui seraient rétribués en fonction de leurs
compétences évaluées à l’aune des sélections en équipes nationales dans le pur
style de la gestion socialiste des clubs. Bien qu’il s’agisse cette fois-ci
d’une action typique d’entente par la création d’un cartel.
Ardents défenseurs du
libéralisme économique débridé, ces gestionnaires rassemblés au sein du Forum
des présidents de clubs, adeptes (dans la gouvernance des clubs qu’ils dirigent)
de l’aide soutenue, inlassablement appuyée de l’Etat, se réunissent sous
l’égide de leurs tutelles organiques que sont la fédération et la ligue
modelées par la CAF et la FIFA.
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