Ce que nous devons comprendre des anecdotes sur la prise en charge des
frais de taxi et de la remise de l’argent de poche est que la somme qui aurait
du lui être remise sur place a certainement été dépensée dans un autre
chapitre. Si elle n’a pas été conservée par un membre de la délégation. On peut
évidemment envisager que cette déclaration ne soit qu’une divagation d’athlète
aigri par sa non-sélection. Une hypothèse que nous écartons, tant son récit
ressemble à d’autres.
A la lecture de l’interview accordée par Abdelhamid Zerrifi, les lecteurs
(plus exactement ceux qui tentent une compréhension objective en se tournant
vers les conditions dans lesquelles l’entretien s’est déroulé) ne peuvent
s’empêcher de penser que la pratique citée dans la précédente chronique fait
partie de l’arsenal des préjugés que les « locaux » (en particulier
ceux installés dans les niveaux supérieurs des hiérarchies administrative,
politique, économique et… sportive) ont au sujet des membres de la diaspora
(dont certains, ceux qu’ils fréquentent assidument appartiennent à des groupes
d’intérêts privilégiés). Les « binationaux » roulent sur
l’euro. A ce titre, ils n’ont pas besoin de devises. Quant aux dinars, n’en
parlons pas. Quand ils viennent au pays, ils dépensent sans limites attisant
l’inflation.
Cette fixation expliquerait l’attitude du DTN qui n’aurait pas caché son
hostilité. Selon Zerrifi, toujours dans cette interview du mois de juillet
2016, ce haut responsable technique lui aurait déclaré : « vous
n’aurez aucune aide ». Des propos qui ont au moins le mérite de la
clarté. Tout comme le prétexte invoqué à savoir que le coureur de 3 000
mètres steeple « n’a
rien apporté à l’Algérie ». Comme toujours, ce sont les « autres »
qui doivent apporter le plus. Quant aux responsables fédéraux, ils ont le
statut de serviteurs zélés ne devant rien prouver. Leurs présences étant une
preuve de…….
Racontant cette péripétie, l’enfant de Perpignan a un commentaire qui
n’est guère éloigné de ceux que l’on pourrait trouver dans la bouche de
n’importe quel membre de la communauté algérienne résidant en France ou dans
n’importe quelle nation de l’Union Européenne. Une remarque dans laquelle on
distingue les ingrédients du discours
tenu dans l’appréciation générale qu’ils portent sur le pays de leurs
origines : « C'est désolant d'entendre ça de la part d’un
haut responsable. Ce n’est pas logique. Le système actuel n’est pas fait pour
faire avancer l’Algérie ». La modernité opposée aux fondements du
conservatisme.
Le statut social d’Abdelhamid Zerrifi n’est pas réellement connu. On ne
sait rien de lui. Quelques bribes par-ci par-là. Nous supposerons donc qu’un
quart de siècle de présence dans la région fait qu’il soit mieux intégré dans
la société languedocienne, que sa connaissance du milieu soit légèrement
différente de celle d’Abderrahmane Anou, plus exactement qu’il s’y soit adapté
au fil des 24 années, qu’il y ait ses repères. Avec cependant, sur le plan
sportif, les mêmes contraintes et obligations et une côte que l’on pressent légèrement
supérieure. Une seule certitude, ils sont installés dans la même précarité
sociale. Ou presque.
Son statut n’intéresse pas. C’est un « émigré » !
Le journaliste qui l’a interviewé n’a pas eu la présence d’esprit de s’enquérir
de ses conditions de vie, des conditions réelles (nous n’avons eu droit qu’à
des récriminations) dans lesquelles s’effectue sa préparation. Son emploi du
temps. Ses relations avec son club. L’aide qu’il lui apporte. L’aide effective
de la fédération algérienne et de l’Etat algérien via la CPO.
Nous ne pouvons qu’extrapoler à partir des récits des athlètes français
sur les conditions de leurs pratiques sur un fond de programmation démentielle
pour pouvoir mener de pair études ou emploi, cumul de petits boulots,
entrainements, compétitions, vie familiale, etc. Les ponctions sur congés ou
sur salaires à chaque absence. La galère pour réussir la performance, la
victoire, le chrono qui mettra du beurre dans les épinards, un peu de soleil
dans le marasme quotidien du sportif à mi-chemin entre l’athlète professionnel
et l’athlète amateur. Une prime qui, dans le meilleur des cas, représentera le
tiers ou le quart du SMIC. Bien loin en tous cas des indemnités mensuelles et
des primes de résultats égales à 3 ou 4 fois le SNMG et de l’organisation
sportive que nous avons au pays.
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