La réponse de Zerrifi
à une possible intervention de Toufik Makhloufi au sujet des relations
tumultueuses entre les athlètes et la fédération est significative :
« Taoufik ne veut pas rentrer en conflit, malgré quelques mésaventures,
il se concentre sur les Jeux olympiques ». L’altruisme (même
intéressé) de Zerrifi lorsqu’il fait référence à la situation d’Abderrahmane
Anou a trouvé son contraire : l’individualisme qui sied si bien à l’athlétisme,
à ses champions. Comprendre que Makhloufi est out, en stand by, un spectateur des
avanies de ses pairs jusqu’à la fin de JO.
Toufik Makhloufi
interviendra plus tard. Beaucoup plus tard. Après les deux courses sur
lesquelles il était engagé : le 800 mètres et le 1 500 mètres. Quand
les Jeux seront terminés (pour lui) et qu’il aura inscrit à son palmarès deux
autres médailles olympiques. Deux médailles d’argent au lieu de la médaille
d’or impatiemment attendue par les sportifs du vendredi et les stars des
plateaux de télévision. Une médaille d’or imprudemment pronostiquée par tous
les spécialistes qui ne s’attendaient certainement pas à ce qu’il renouvelle sa
rocambolesque prestation de Londres (2012) en matière de participation. Une
participation sur laquelle il a fait durer le suspense. La démonstration (encore
une) qu’il était un électron libre n’accordant aucune considération aux
instances sportives, FAA ou COA. Makhloufi n’en fait qu’à sa tête. Sur ce
point, Bouras avait raison : Makhloufi est ingérable.
Après qu’il eut
terminé son programme et rapporté deux médailles d’argent, Makhloufi fit le
guignol devant les caméras et les micros. Celui qui, depuis sa médaille
londonienne, a le plus profité de la préparation olympique, du soutien et des
largesses-quasi illimitées de l’Etat algérien (et n’a pas réussi à décrocher
l’or qu’on lui promettait) prendra la défense de ses pairs. Pas n’importe
lesquels. Il se mit à disposition des quelques athlètes chouchoutés par le
système. Makhloufi a crié avec La meute de loups.
Après les Jeux
olympiques de Rio, Toufik Makhloufi, la célébrité de l’athlétisme algérien,
s’est fait le défenseur de Larbi Bouraâda, le pestiféré d’avant Londres 2012,
qui lui aussi a échoué dans le challenge très ambitieux qui lui a été imposé. Larbi
Bouraâda, directement ou par ses proches, a été au cœur de toutes les
polémiques.
Appliquant la règle de
la proximité, il sera également aux cotés de son compagnon algérien
d’entraînement, celui qui le suit partout (ils sont souvent en stage avec les
athlètes de demi-fond français managés par Philippe Dupont), Keddar Salim, un
autre coureur de 1 500 mètres. Un miler qui se fit remarquer pendant les
jeux olympiques en criant sur tous les toits qu’il n’a pu y participer que
grâce à la compréhension de Makhloufi. Ce dernier aurait payé (de ses propres
deniers) son billet d’avion pour Rio. Encore une histoire de billet d’avion !
L’athlétisme algérien n’en finit pas avec les histoires invraisemblables et
scabreuses de billets d’avion.
« Une bande d’incompétents».
C’est le sens des commentaires des meilleurs athlètes algériens après qu’ils
eurent achevé l’aventure olympique brésilienne. Le voyage est terminé pour eux.
Ils ont concouru et réalisé des résultats que l’on ne doit pas dénigrer. Raison
nous devons garder lorsque l’on s’y connait un peu en athlétisme. Beaucoup sont
sur la ligne de départ et peu sont avant-postes à l’arrivée. Ne parlons pas des
jeux olympiques qui attirent la crème athlétique.
Lorsque l’on ne figure pas parmi les premiers, parmi ceux qui ont
remporté une médaille ou dans le groupe des huit finalistes mais que l’on a été
au bout de soi, on écrase une larme (souvent invisible) avant de se remettre au
boulot. Après avoir constaté les dégâts,
après avoir dissipé la peine compréhensible qui emplit l’esprit et incite par
dépit à ne plus rechausser les chaussures de sports, « les
baskets » pour reprendre l’expression de Zerrifi.
Après les épreuves olympiques de Rio, la majorité des athlètes ayant fait
partie du groupe d’une quinzaine de sélectionnés, se sont repliés sur eux-mêmes,
dans leurs coquilles. Mentalement, ils se sont donné quelques coups de pieds au
postérieur pour ne pas avoir été à la hauteur de leurs propres espoirs de
performances. Ils se sont cherchés des explications, des excuses. Par acquit de
conscience. Ils connaissaient, avant de monter dans l’avion qui les conduisait
au Brésil, la dure, l’implacable réalité des chronos, des performances.
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