mercredi 12 août 2015

"Incrédible" Dibaba, Des performances qui sentent le soufre


 Le 17 juillet dernier, au stade Louis II de Monaco, la jeune athlète (24 ans) éthiopienne Genzebe Dibaba s’était mise en piste dans une tentative de battre le record du monde du 1 500 mètres détenu par la Chinoise Yunxia Qu  avec un chrono stupéfiant (il faut bien le reconnaître) de 3’50’’46 établi il y a 22 ans (11 septembre 1993). Un record suspicieux réalisé par une athlète de ce qu’on appelait, en ce temps-là, l’ « armée de Ma Junren », un groupe de jeunes femmes qui écrasait toutes les courses féminines de demi-fond.
Leur domination était si écrasante que les soupçons de dopage furent ébruités et suivirent ces athlètes tout au long de leurs carrières et accompagna le second groupe que forma  « le général Ma».  Dans la longue histoire de la suspicion, les athlètes chinoises succédaient aux athlètes de l’Europe de l’Est (Soviétiques, Allemandes de l’Est, Roumaines) sur-dominatrices, taxées de cobayes de laboratoires. « Ma » justifiait, quant à lui, tous les meilleurs chronos réalisés par ses athlètes par un entraînement de « commandos », impitoyable, mais aussi  par un régime alimentaire faisant la part belle à la consommation de sang de tortue, l’animal pourtant réputé pour sa lenteur.
En Europe, le nouveau record du monde réalisé par Genzebe Dibaba fait renaître les soupçons de dopage qui accompagnent malheureusement (à tort ou à raison, nous ne saurions le dire) toute performance exceptionnelle.  
Pourtant, l’Ethiopienne n’est pas une inconnue. Une dizaine de jours plus tôt, elle s’était déjà signalé en courant à Barcelone la même distance en 3.54.11 qui, au moment de sa réalisation, n’était rien d’autre que la 9ème  performance mondiale de tous les temps. Ce jour-là, Genzebe battait le record d’Afrique que détenait notre Hassiba Boulmerka (3 min 55 s 30), datant de 23 ans. Excusez du peu !
Le chrono barcelonais a fait naitre la polémique. La raison ? L’athlète se dirigeait vers le centre de préparation en altitude de Font Romeu lorsqu’elle revint sur ses pas dans des circonstances inexpliquées. Le stage de Font Romeu est remplacé par un autre à Barcelone. Evidemment, des rumeurs de dopage se firent jour. Surtout qu’elle fait partie d’un groupe d’entraînement placé sous l’autorité d’Adem Djamaa dont deux athlètes furent contrôlés positifs. Cette proximité avec des athlètes dopés, la présence de Djamaa aux nombreux succès jalousés font que les performances de Genzebe Dibaba sentent le souffre ou du moins laissent penser à l’utilisation de produits qui autoriseraient le dépassement des limites ou plus exactement celles d’un être humain lambda relevant de cette « normalité » statistique qui sert de caution à toutes les dérives subjectives.
Comme pour aggraver son cas, son pays (l’Ethiopie) qui est aussi celui de Gebrselassie, de Bekele et de tant d’autres de coureurs de demi-fond et de fond, se trouve dans cette corne de l’Afrique qui fournit, depuis quelques années, les meilleurs coureurs (coureuses) de demi-fond et de fond de la planète. Des athlètes qui se  répartissent entre l’Ethiopie, l’Erythrée, Djibouti, la Somalie et le Soudan. Grands rivaux de leurs voisins du Kenya sur lesquels planent, depuis quelques temps, de fort soupçons de dopage de masse, les performances des coureurs et coureuses du pays de l’ex-Roi des Rois sont scrutés la loupe.
Pourtant, Genzebe Dibaba n’est pas une nouvelle venue dans le monde de l’athlétisme mondial. Au contraire, elle est connue des spécialistes depuis bien des années. Elle détient trois records du monde en salle sur 1 500 m, 3 000 m et 5 000 m. Les deux premiers depuis l’hiver 2014 et le dernier a été amélioré l’hiver dernier. Et avant, elle avait été sur le devant de la scène athlétique dès 2007.
A 17 ans (elle est alors cadette), elle se classa à la 5ème place des championnats du monde de cross. L’année suivante (2008), elle remporta le titre qu’elle conserva, un an plus tard, en 2009 pour devenir la première athlète de la catégorie à réaliser le doublé.
Sur piste, en 2008, à Oslo, dans la course remportée par sa sœur Tirunesh en établissant le record du monde de la distance, Genzebe se rapproche des 15 minutes sur 5 000 m (15 min 02 s 41) puis se classe seconde du championnat du monde junior du 5 000 derrière sa compatriote Sule Utura.


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