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n 2015, les journalistes britanniques (engagés dans la défense de leur
star tout en pourfendant Salazar et Rupp) ne se gênent pas pour établir des comparaisons
entre le « Fly Mo » national et la « Foudre
jamaïcaine ». Bien que certains d’entre eux aient été les premiers
à rappeler les deux « no shows » enregistrés par Farah qui
l’incriminent un peu plus que le champion venu de la mer des Caraïbes, de l’île
aux pirates et fief des corsaires de Sa Majesté qui est passé, jusqu’à
présent, sans encombre à travers les mailles de la procédure anti-dopage.
Sorti indemne de toutes les spéculations que sa réussite provoque,
Usain Bolt a le mérite de savoir maîtriser sa communication et de se tirer des
guêpiers. En particulier, celui qui est placé dans une question qui fait que l’on
se demande avec force circonspections à
propos d’un champion « comment quelqu’un peut-il être aussi bon ?»,
Bolt prend avec doigté la défense du Britannique. Sans s’engager outre mesure,
il déclare : « Je pense qu’il travaille très dur. Les erreurs de
quelqu’un [Salazar] lui causent des problèmes, j’espère qu’il ne stresse pas
trop. Cela fait partie du sport, les gens aiment parfois pointer du doigt».
La valeur « travail » est à nouveau mise en avant.
Le coureur de demi-fond britannique, tout comme le sprinteur
jamaïcain, domine impérialement ses adversaires. Avant la finale du 5 000
mètres, un des Kényans, en lice pour le titre olympique, croyait en leurs
chances tout en reconnaissant que vaincre Mo Farah était une mission très
compliquée. La perception de ces coureurs infatigables, dominant outrageusement
leurs rivaux, eux aussi suspectés de se doper, écartent cet aspect qui mobilise
l’Occident et la grande masse des passionnés de course à pied. Sans doute
l’habitude de l’adversité à l’échelon national.
Pour lui, « rien n’est impossible, on peut le défier ».
Tout en reconnaissant la valeur de leur adversaire (« le gars est
fort »), Caleb Ndiku, candidat à une médaille, constatait - avant
que le départ ne soit donné - que pour le vaincre « il faudra à la
fois être costaud au niveau des jambes et de la tête. Il n’est pas facile à
battre. Il court en 2 h 08 sur marathon, j’en serais bien incapable. Et c’est
un gars qui court le 1 500 mètres en 3 min 28 s. Il est très fort en endurance
et, en même temps, a beaucoup de vitesse». En quelques phrases, il a rendu compte de la
complexité de la tâche.
Ce fut le cas ! Il fut l’ultime adversaire de Mo Farah qui le
dépassa au sprint dans la dernière ligne droite. Pourtant, Caleb Mwangangi
Ndiku, n’est pas le premier venu. Ses records personnels sont impressionnants (3.29.50
au 1 500 en 2013 et 12.59.17 au 5 000 en 2014) mais le sont un peu moins
que ceux de Farah dont le registre est plus large.
C’est là que redeviennent intéressantes les photos de Sulultha (que
l’on ne doit pas totalement écarter même si aujourd’hui elles prêtent à
équivoque puisque ayant été supprimées de Facebook). Ces photos (datant du
début de l’année 2015) dont on dit qu’elles
montrent Mo Farah courant aux côtés de Hamza Driouch sur la piste,
pendant ce qui semble être une séance d’entraînement. On les a vus également en
train de manger à la même table. Sur d’autres photos, Jama Aden aurait été vu en
train de superviser une séance d’entraînement.
Plus que les photos se sont les explications qui sont données sur ce
stage avec le groupe Aden Jama qui accentuent la confusion et le malaise. Pour
la fédération britannique d’athlétisme, le stage auquel avait participé Mo
Farah avait été organisé par Jama Aden qui avait choisi des partenaires
d’entraînement du coureur britannique.
Jama Aden, quant à lui, a confirmé la version de Hamza Driouch en
affirmant qu’il ne savait pas que le coureur qatari était suspendu depuis le 31
décembre 2014.
Une autre version, celle de l’agent de Farah (Ricky Simms), au lieu
d’apporter des clarifications sur cet imbroglio, complique ce que l’on croit
savoir. Selon ses déclarations, ce serait Mo Farah en personne qui avait
organisé le stage et choisi les coureurs qui partageaient ses entraînements.
Une version qui a, au moins, le mérite de mettre à l’écart le sulfureux coach
Jama Aden.
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