mardi 19 juillet 2016

De Jama à Hamza, Driouch, la succession avortée d’El Gueroudj

D
epuis qu’il est sur le devant de la scène, grâce aux résultats de son groupe d’athlètes aux allures de mercenaires recrutés sur un éventail relativement large de nations portées sur la course à pied ou tentant d’inscrire leurs noms sur le fronton prestigieux des courses de demi-fond, Aden Jama est jalousé. La réussite sportive (et dans les autres domaines de l’activité humaine) fait envie, fait parler, fait naître et propage les commérages et autres médisances. Il ne pouvait échapper à cette manie, à ce travers social universellement partagé. Surtout lorsque les victoires sont insolentes d’aisance. Dans l’histoire de l’humanité, il ne fut pas le premier et il ne sera certainement pas le dernier à subir cette avanie.

La société humaine a toujours cherché des explications à l’inexplicable. En ayant même, dans des temps pas si éloignés et présentement, pour ultime recours la magie, la sorcellerie, et les pratiques ésotériques et/ou cabalistiques.  Les scientifiques, explorant les arcanes de son succès, se sont penchés sur les mécanismes visibles de la « boite noire », du système adenien. Méthodes d’entraînement, intensité des séances, temps de récupération, altitude, génétique, tous les aspects prévalant à la réalisation de performances humainement incroyables ont été passés en revue…..sans aboutir à une conclusion fiable si ce n’est l’explication, jusqu’alors restée sans démonstration scientifique ni preuves tangibles, de l’utilisation de produits rejetés par l’éthique sportive, le dopage.

Les suspicions, les doutes véhiculés par les milieux proches de l’athlétisme international ont pris forme plus sérieuse avec l’accroc porté au mystère par des anomalies constatées au passeport biologique de Hamza Driouch, un très jeune champion marocain devenu qatari, incorporé dans la troupe irrésistible, insatiable, impossible à arrêter dans sa quête de titres, de médailles et de records.

Né en novembre 1994 au Maroc, Hamza Driouch est précocement aux avant-postes du demi-fond. En 2010, relevant de la catégorie U15 (minimes), il se classe à la seconde place du 1 000 mètres des jeux olympiques de la jeunesse. L’année suivante, à peine âgé de 16 ans, il dispute sa première compétition internationale importante à l'occasion des Championnats du monde de Daegu (Corée du Sud) où il s'incline, dès les séries du 1 500 m, derrière les « grands »  coureurs de 1 500 qui, depuis des années, arpentent les pistes d’athlétisme. Quelques semaines plus tard, alors que s’achève la saison 2011, il prend la deuxième des Jeux panarabes de Doha, derrière le Djiboutien Ayanleh Souleiman. Le chrono qu’il réalise est époustouflant et annonciateur de performances incroyables : 3.34.43.

Au Maroc, son pays natal, il est vu comme le successeur de deux très grands coureurs de demi-fond, Saïd Aouita et Hichem El Gueroudj, deux pointures mondiales du 1 500 mètres. Malheureusement, cette terre de coureurs à pieds laisse partir sous d’autres cieux ses meilleurs talents. Hamza Driouch ne peut résister aux sirènes du Qatar, un pays  où son frère réside depuis le décès de leur père. Au grand désespoir des dirigeants de l’athlétisme marocain et à la déception de Hichem El Gueroudj qui impute cette escapade aux conseils de son entourage. Hamza n’a pas encore 18 ans.

L’année suivante, en 2012, le Qatari Hamza Driouch brille de mille feux dans sa catégorie d’âge en décrochant le titre de champion d'Asie juniors du 1 500 mètres, puis celui de champion du monde junior (Barcelone) en remportant la finale en 3 min 39 s 41.  Pour clore cette saison olympique, Il participe, au début août, aux Jeux de Londres. Il y termine d’abord second de sa série du premier tour en 3. 39. 67 et s'incline par la suite en demi-finale dans l’honorable chrono  de 3.36.82. Des performances éloignées de son record personnel établi au mois de mai, à Doha, devant ses nouveaux compatriotes, sous les couleurs son nouveau drapeau. Il avait couru en 3.33.69.


Les années suivantes, Hamza Driouch devient un coureur moyen (3.39 en 2013 et 3.44 en 2014). Cette régression est inexpliquée. Incompréhensible même puisqu’il est conseillé par Aden Jama, en charge de l’équipe nationale qatarie de demi-fond, qui mena Toufik Makhloufi à la meilleure d’or des Jeux olympiques de Londres. Quelques mois plus tard, la vie de Hamza Driouch, 20 ans depuis quelques semaines, bascule.

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