Lorsque l’on se plonge
dans les événements qui émaillent la décennie en cours de coureur au statut
national et international affirmé que vient de vivre Toufik Makhloufi, on
remarque que celle-ci a débuté en 2008 avec son intégration au sein du GSP.
Depuis, il baigne dans
un univers dont émanent des remugles, des émanations désagréables. Un univers dans
lequel le dopage est présent en permanence. Ne serait-ce qu’en toile de fond. Un
arrière-plan qui fait que tout nouveau venu dans les strates les plus élevées
des bilans mondiaux est l’objet d’idées préconçues, d’interrogations et de
suspicions encouragées par les multiples prises dans les filets de la lutte
contre le dopage.
Pour ce qui concerne Makhloufi, il suffit de constater que trois
de ses entraineurs ont un lien supposé (et malheureusement inquiétant) avec le
dopage pour que la machine à commentaires se mette en marche et fasse des
ravages. La notoriété sportive inattendue est sans doute à ce prix.
Amar Brahmia (son entraîneur de 2008 à 2011) a été suspecté
de s’y être plongé. Mahour Bacha, qui fut un temps son allié contre les
notables de l’époque avant de devenir son adversaire résolu, affirma que deux des athlètes (non identifiés) qu’il
entraîna firent l’objet d’un « no show », qu’il en fut
témoin et que, en outre, il en aurait eu entre les mains la preuve revêtant la
forme du courrier adressé, par les instances habilitées à le faire, aux auteurs
de l’infraction aux règles et procédures du système Adams.
Cette déclaration a une valeur indicative de l’ambiance qui
régnait au Sato. Elle est à remettre dans son contexte de luttes intestines au
sein des instances sportives nationales (FAA et COA) sur un fond de
distribution de privilèges. De conflits menés en sous-main tendant à porter
atteinte à l’intégrité morale, à la réputation de l’Autre. Ahmed Mahour Bacha
fut l’entraîneur de deux athlètes suspendus en juin 2012 (Zahra Bouras et Larbi
Bouraâda) pour utilisation de produits interdits. Une formule allusive et
ritualisée qui permet aux instances sportives internationales et nationales
d’évoquer le dopage.
La déclaration sur les réseaux sociaux de Mahour Bacha est
concomitante à une prise de position de Brahmia (en sa qualité de président de
la commission de préparation olympique)
qui l’aurait mené (à titre de revanche ?), au printemps 2016, à
semer le trouble dans les projets de Mahour Bacha en épluchant les factures de
stages de ses imitateurs et en décortiquant les dossiers de sortie présentés.
Dans une autre déclaration, ce dernier a répliqué, en
publiant sur Facebook des documents présentés par Brahmia et des relances de la
FAA pour rectifier le tir, qu’il aurait suivi les traces de son aîné sur la
piste des voies parallèles à l’éthique sportive et à l’administration des
moyens logistique et financier mis à la disposition des athlètes par les
pouvoirs publics.
Jama Aden, l’entraîneur qui succéda à Amar Brahmia, est lui
aussi suspecté d’être un adepte de ses pratiques répréhensibles, selon la
morale sportive. Des preuves flagrantes ont été trouvées dans son environnement
immédiat. Dans les affaires personnelles
et professionnelles du kiné du groupe et d’un athlète.
Les athlètes qu’il entraîna et entraîne sont pour l’heure
sortis indemnes des analyses subies. Sauf, Hamza Driouch dont le passeport
biologique montra des variations inexplicables ayant débuté dès le moment où il
quitta les centres de préparations marocains. Ce fait suscita une polémique
intéressante que l’on se doit de considérer en se référant aux très nombreux
cas de dopage aujourd’hui avérés (listés par l’IAAF) parmi les athlètes qui ont
représenté le royaume et leurs compatriotes qui choisirent d’acquérir une autre
nationalité sportive et civile (Driouch et Traby en font partie).
Pendant sa période qatarie, Hamza Driouch fut entraîné par un
entraîneur marocain avant de revenir, juste avant la sanction, dans le groupe
Aden. L’existence d’un système marocain de dopage peut être entrevu au regard
des informations liées au statut du centre renommé internationalement de
préparation en altitude d’Ifrane qui serait devenu un centre de deal. Un centre
de préparation apprécié par Amar Brahmia.
Son troisième entraîneur, celui qui a en charge sa
préparation depuis le printemps 2015, Philippe Dupont a marqué l’histoire de
l’athlétisme algérien en étant l’entraineur, au tournant du millénaire, de Ali
Saidi Sief, vice-champion olympique du 5 000 mètres à Sidney, contrôlé positif
aux championnats du monde d’Edmonton (2001).
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