Dérogeant à la règle et aux déclarations ayant habituellement
cours dans les milieux sportifs, Kamel Benmissi, candidat évincé de la course à
la présidence de la FAA, note (dans une tentative d’explication de
l’interventionnisme du ministère de la jeunesse et des sports dans les affaires
des fédérations sportives) que « toutes les fédérations sont prises
en charge par l’Etat ». Il trouve également « normal
que la tutelle ait un droit de regard sur leur gestion ».
Il approfondit son analyse (s’appuyant
sur la fonction régulatrice du MJS) en remarquant que les autres ressources,
celles provenant du sponsoring relèvent du secteur économique public. Ce
secteur possède d’importants liens juridiques et financiers avec l’Etat et fait
partie intégrante de son patrimoine privé. Son argument tient dans cette phrase :
« Même l’argent du sponsoring provient des sociétés publiques et les
présidents des fédérations ne peuvent faire ce qu’ils veulent de cette manne
financière ».
Nous sommes étonnés par le changement de discours de ceux qui
- il y a quelques mois, au cours de la période estivale riche en critiques sur les
agissements dits négatifs de la commission de la préparation olympique et du
comité olympique algérien ne réagissant pas alors positivement à leurs exigences
- sollicitaient l’immixtion des pouvoirs publics, criaient au loup dans la
bergerie. Aujourd’hui, ils ne sont pas satisfaits de la remise en cause de la
vie sportive nationale, de l’écartement des fonctions fédérales des présidents
et bureaux fédéraux faillis que leurs diatribes a provoqué. Les effets produits
n’ont pas été ceux recherchés par eux.
Kamel Benmissi a fait partie de ceux (plus nombreux qu’on ne
le croit habituellement) qui ont appelé de tous leurs vœux à l’assainissement
du mouvement sportif par les pouvoirs publics pour lever la main mise exercée
par le clan (dont font partie Amar Bouras et Ahmed Mahour Bacha) en lutte avec
le clan Brahmia. Benmissi a toujours fait partie de la « troisième
force ».
La vision de Benmissi, telle qu’elle est expliquée dans
l’interview accordée, n’est pas celle de l’intervention excessive et permanente
du MJS, d’un autoritarisme. Selon lui, cette intervention doit rester « dans
la limite de la souveraineté des assemblées générales ».
Elle serait, avons-nous compris, une sorte d’opération de
« remise en ordre » rappelant des événements politiques
et sociaux vécus à la fin du siècle dernier et pouvant avoir une parenté avec
un certain « coup d’Etat scientifique » au sein du
Parti Unique. On observe aussi que les actions empruntent beaucoup aux « redressements »
des associations nationales à caractère politique et autres groupements sociaux
agréés dérangeants.
On peut comprendre que, dans cette ambiance significative
d’un temps peu éloigné, l’ancien président de la FAA (pendant la période de la
décennie noire), prétendument démissionnaire mais en en réalité non réélu, dise
opportunément qu’il fut la cible des auteurs d’attentats terroristes qui
marquèrent l’époque.
Pour Benmissi, le caractère démocratique de l’activité
sportive doit être conservé : « Il faut que ce mouvement
sportif national évolue, sans laisser bien évidemment les gens faire ce qu’ils
veulent, sans aucun contrôle ».
Alors que le clan (apparemment en déroute) menace d’une
ingérence des instances internationales dans les affaires de la FAA, Benmissi
(qui n’accorde pourtant aucune attention aux déclarations privées des leaders
de clan), agissant souvent en électron libre, s’inscrit dans une logique
légaliste et protectrice de l’héritage national porteur d’une autre vision de
la souveraineté que celle prônée par le souverainisme adaptable aux situations
de ses éternels adversaires.
Selon Benmissi, l’athlétisme algérien est confronté à « une
période délicate » qui nécessite l’évitement « de problèmes
avec les instances internationales ». Appelant à la vigilance, il
souligne l’irrespect des règlements et statuts des instances internationales et
le laisser-aller qui auraient prévalu au sein de la fédération.
Homme de dossiers, Benmissi apporte une information de grande
importance montrant du doigt certains
des actes de mauvaise gestion (cette fois-ci juridique) de l’administration
fédérale sortante. Les fameux statuts de la fédération (amendés en janvier 2016
évoqués par les laudateurs de l’ex-président de la FAA) n’auraient aucune
valeur juridique auprès des instances supranationales. La déclaration de
Benmissi montre la fragilité de l’assise juridique de l’instance athlétique
nationale : « La dernière révision des statuts de la FAA n’a
pas été soumise à l’IAAF qui peut à tout moment nous suspendre ».
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