Selon le récit de Torrence, ses soupçons de pratiques dopantes seraient apparus avec la
proposition d’Aden de prendre des vitamines sous forme d’injections. Pour les
Algériens, un parallèle est à faire avec les injections de compléments
alimentaires (« contaminées »
selon les déclarations d’Ahmed Mahour Bacha, ex-entraineur de Zahra Bouras et
Larbi Bouraâda et d’Amar Bouras, qui sera le futur président (et maintenant
ex-président) de la fédération) qui les mèneront à une suspension de toutes
activités sportives pendant deux années (juin 2012-juin 2014).
Selon Torrence, Aden lui aurait dit que ce qui est présenté comme étant des
vitamines l'aiderait à effacer les effets de la fatigue. On peut imaginer que
cela fut la même explication (dans une autre langue) qui fut donnée par Mahour
Bacha à ses deux athlètes.
Torrence, le coureur américain - sans doute rendu méfiant par ce qui se
racontait sur Aden et son alter ego Alberto Salazar - aurait répliqué qu’il
préférait « les prendre par voie orale ». Alors qu’il s’inquiétait de connaitre les
vitamines proposées, Aden aurait alors usé
de moqueries en lui disant « Oh,
tu as peur des seringues ?».
Pour comprendre l’appréhension de David Torrence, il faut revenir au moins deux
années plutôt. Lorsqu’il s’entraînait
avec John Cook, un entraîneur américain qu’il quitta à la fin de l’année 2013. John
Cook avait des doutes sur les pratiques d’Aden Jama. Des doutes qui se sont
amplifiés avec le résultat de Toufik Makhloufi, le champion olympique de 2012,
qui avait devancé le miler américain Léo Manzano qui semblait alors imbattable.
Surtout, cela va de soit aux yeux des Américains. John Cook était surpris par
les performances des athlètes du « Groupe Aden ». A
leur sujet, il disait : « Les performances de ses athlètes je n’y
crois pas. Je ne crois pas aux miracles».
Torrence ne connaissait pas Aden Jama. Mais, il connaissait
son frère Ibrahim « Ibi »Aden qui lui-même connaissait John
Cook qui l’avait entraîné à l’Université
Georges Mason. D’Ibrahim, Torrence dit que c’était une personne sympathique, qu’il
le voyait souvent et qu’il lui servit d’intermédiaire avec Aden Jama lorsque il
dût quitter Cook qui « en avait marre de tout dans le sport le
conduisant à prendre un peu de recul ».
David Torrence se définit lui-même comme un coureur tenté par
les expériences nouvelles, ne pouvant s’astreindre à suivre un entraînement
routinier, le « chemin bien usé ». Il se voit différent
des athlètes américains qui ne sont pas très nombreux à s’être entraînés avec
les Africains ou à s’être intéressé à la manière dont ils le font. Il serait un
découvreur, un explorateur.
La collaboration avec
Aden aurait réellement débuté au printemps 2014. Celle-ci se faisait à distance
par Email et occasionnellement par téléphone. Quelques mois plus tard, en juin
2014, il s’est entraîné à Sabadell avec le groupe pendant environ trois
semaines. Avant les championnats américains.
C’est au cours de ce
stage qu’Aden lui aurait proposé les injections de vitamines. Après ce premier
stage, Torrence est retourné aux Etats Unis pour participer aux championnats US
qui ne furent pas concluant pour lui. Après ces championnats, Torrence
rejoignit à nouveau le camp de base d’Aden qui n’était plus en Espagne mais en
Suède. A nouveau, des injections lui furent proposées.
En plus de ces
propositions d’injections dérangeantes à plus d’un titre, Torrence est surpris par
la méthode d’entraînement basée sur un travail de vitesse qui expliquerait que « ces
gars-là sont les plus rapides dans le monde et certains les meilleurs ».
Dans l’interview, il conclue avec toutefois un soupçon de scepticisme que l’entraînement
aérobie, contrairement à ce que pensent les Américains, n’« est pas
aussi nécessaire ».
Au moment de
l’entretien, il ne voulut pas évoquer d’« autres choses »
constatées car ne voulant pas interférer avec l’enquête en cours. Il indiqua
cependant qu’un « couple d'autres choses » lui a donné à réfléchir et à se passer d’une
préparation avec Aden. La décision de quitter le groupe aurait été prise au
cours de l’hiver 2015. Il tient néammoins à préciser qu’il n’avait « jamais
vu personne prendre quelque chose ou faire quoique ce soit en relation avec les
seringues ».
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