jeudi 23 mars 2017

David Torrence (11), Projet de démantèlement du groupe Aden

Mais, Kyle Barber (sans qu’il n’ait toute fois exprimé expressément son point de vue sur ce sujet délicat mettant en cause sa hiérarchie) était fort d’une certitude. Son travail d’investigations n’était pas toujours bien accueilli. Y compris paradoxalement au sein de l’IAAF qui l’emploie. Il était même en contradiction avec les actes des responsables de l’association internationale des fédérations d’athlétisme. Pourtant, Kyle Barber se sentait en phase avec la doctrine et avec les discours.

Les réactions des pontes de cette institution sportive mondiale face aux faits de dopage n’ont pas toujours été en symbiose avec les discours sur la lutte contre le dopage. Les agissements des présidents (Lamine Diack), et vice-président (Sébastian Coe dont le rôle semble bien trouble sans avoir été totalement éclairci), du chef de département chargé de la lutte contre le dopage (docteur Gabriel Dolle), des conseillers de l’ancien président de l’IAAF (dont son fils) impliqués dans les scandales ont conduit à la mise en examen de l’ancien président Lamine Diack et de ses proches collaborateurs soupçonnés de corruption en lien avec le dopage.

Quant aux collaborateurs proches du nouveau président Sébastian Coe, ils furent sanctionnés par le comité de discipline pour des manquements à l’éthique en relation avec le dopage en Russie et l’attribution des championnats du monde à Eugène (Oregon). Ces faits  montrent la difficulté à agir rencontrée par le détective en chef.

Dans les investigations sur le groupe Jama Aden, les entraves apparues  étaient également  étroitement liées  à la position et au rôle très positif (en particulier via les résultats obtenus par les athlètes qataris) de Jama Aden auprès de la fédération d’athlétisme du Qatar dont il dirigeait avec succès l’équipe de demi-fond.

La fédération qatarie relevant de la confédération asiatique est active. Comme les autres fédérations sportives d’ailleurs. Elle est l’organisatrice du meeting de Doha, premier rendez-vous athlétique du calendrier de la « Diamond League », se disputant sur le territoire du richissime émirat de la péninsule arabique. Une nation qui accapare l’ensemble des événements sportifs mondiaux en vue d’augmenter sa notoriété dans le concert des nations.

Dans sa quête, pour un athlétisme d’où seraient expurgées les pratiques déviantes, qui par bien des aspects ressemble à celle du Don Quichotte de Miguel de Cervantès luttant contre les moulins à vents, Kyle Barber s’est donné pour noble mission chevaleresque non pas de plaire à sa Dulcinée mais d’éviter que les podiums olympiques de Rio 2016  ne soient squattés par des athlètes du groupe du coach Aden. Un groupe d’entraînement composé essentiellement de coureurs de demi-fond qataris auxquels s’ajoutent ceux d’autres nations désireux de faire progresser leurs athlètes. Ce groupe cosmopolite a recensé, dans le cadre de conventions conclues avec leurs fédérations nationales, des athlètes djiboutiens et algériens. Le groupe Aden est précédé par la suspicion d’utilisation d’aide pharmaceutique.

Au final, Barber atteindra l’objectif qu’il s’était assigné. La razzia de titres et de médailles ne sera pas pour les athlètes d’Aden placé sous contrôle judiciaire et dont le passeport a été retiré. Il ne put donc s’éloigner de Barcelone, suivre ses athlètes dans leurs pérégrinations et leur prodiguer ses précieux conseils.

Les places sur le podium, les médailles reviendront en fin de compte aux athlètes d’Alberto Salazar, l’entraineur américain également controversé, le responsable technique du « Nike Oregon Projet » soutenu sur les plans logistique, scientifique et financier par l’équipementier américain Nike. La rivalité entre les deux groupes d’entrainement portés à bouts de bras par des puissances d’argent donnera la victoire, la suprématie aux JO de Rio au second, à l’entreprise supranationale.

Kyle Barber avait élaboré un plan qui devait conduire à l’affaiblissement du groupe Aden. Dès le début de la saison estivale, dès le mois d’avril 2016, il avait prévu d’abattre le groupe du qatari en Espagne, à Sabadell près de Barcelone. Grâce à Torrence il avait obtenu quelques informations qui s’avéreront précieuses.

Depuis 2013, Aden y avait établi sa deuxième base d’entraînement. En bordure de la mer Méditerranée où au printemps les conditions météorologiques sont propices à la préparation. Un lieu d’entraînement d’où (Barcelone est une grande métropole) il était possible de rayonner dans le Sud du Vieux Continent afin de participer aux grands meetings européens qui y sont organisés majoritairement en début de saison sportive européenne.


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