mardi 22 novembre 2016

Makhloufi, le nouveau Pantagruel


Lors des deux « crises médiatiques » qui ont crispé (c’est le moins que l’on puisse dire) les relations entre le mouvement sportif (ministère de la jeunesse et des sports et comité olympique algérien) et Toufik Makhloufi à la fin des années 2014 et 2015, nous n’avions pas compris le background. Loin s’en faut.
Trop de non-dits, trop d’allusions incompréhensibles. Des reproches sur son train de vie, sur les dépenses engagées, sur ses exigences dont nul ne voulait dire qu’elles étaient dispendieuses. Des rumeurs sans rien de tangibles, sans éléments d’appréciation à se mettre sous la dent. Quand elles étaient vérifiées, étayées, elles étaient tues dans les médias pour ne pas égratigner une image représentative, une icône nationale…..du faste, du laisser-aller.
Des chiffres incroyables circulaient alors sur sa prise en charge par l’Etat. Des sommes énormes non justifiées ou à justifier. Une comptabilité impossible à arrêter dans les délais face aux atermoiements de la diva athlétique et des soutiens d’un champion à qui l’on devait passer tous les caprices. Des milliards de centimes susurrés, glissés dans le tube pneumatique qui, il y a des décennies, faisait office de distributeur silencieux de télégrammes. La formation olympique ne s’était pas crue autoriser à utiliser les réseaux sociaux fracassants. Contrairement à ses opposants qui sauront en faire bon usage.
Jusqu’à il y a peu, il nous avait été impossible de comprendre la fureur retenue des responsables devant faire face à une situation devenu ingérable parce que la fédération d’athlétisme n’avait pas pris la responsabilité de mettre le holà, ne pouvait expliquer les dépenses fastueuses. Ou certainement faisait en sorte qu’il en soit ainsi.
Dans un flash-back, revenons à la fin 2015 lorsque le président du COA avait lâché le morceau, une vérité si amère qu’elle semblait tendancieuse. Il réagissait à chaud à une polémique enclenchée par Philippe Dupont (le coach de Makhloufi) - dont nous soupçonnons qu’il a été embarqué à son corps défendant dans une pièce, dans une opérette du théâtre des boulevards de Dely Ibrahim – sur fond de visa Schengen non obtenu par son athlète. Un ratage monumental qui avait modifié les plans de préparation. Les allégations du président du COA avaient paru relever d’on ne sait quel machiavélisme maladroit.
Les déclarations du président du comité olympique portaient en fait le sceau d’une parade défensive. En dire le maximum sans aller trop loin. Selon lui, le champion olympique était bien pris en charge, sans restriction aucune. Sauf que le champion exagérait, avait dépassé les limites socialement admises.
Son discours, comme plus tard celui de Brahmia, a été inaudible. Pour cause, ils traînent (c’est de notoriété sportive) trop de casseroles. Comme un couple de « just married ». Comme les personnages publics. Dans tous les secteurs de l’activité humaine. Des casseroles que leurs opposants savent faire tinter à bon escient. 
Une année plus tôt, ce même président du COA avait pris sa défense (dixit Makhloufi en personne),  à propos d’un stage de préparation à l’étranger, contre le ministre de l’époque. Le COA avait été l’allié de la FAA dont on sait aujourd’hui qu’elle n’a pas été aussi désintéressée qu’elle le prétend.
En décembre 2015, en dévoilant certains éléments de la prise en charge, Mustapha Berraf n’a pas tout dit. Il aurait peut être mieux fait de tout dévoiler pour mettre à la raison un champion ingérable, selon le président de la FAA.
Lors de notre déplacement à Alger, nous avons obtenu l’information. Une information délirante. Une de celle à laquelle on ne s’attend pas. Celle qui vous fait tomber à terre. Le postérieur en premier, amortisseur involontaire du choc.
Toufik Makhloufi a remplacé Pantagruel, fils de Gargantua, héros des romans de Rabelais, auteur français du Moyen Age. Un véritable ogre. L’équivalent de Polyphème, ce Cyclope que l’aède aveugle grec Homère fit rencontrer à Ulysse de retour de la guerre de Troie durant l’Odyssée. Un Ghoul doté d’un appétit impossible à satisfaire. Monstre insatiable fleurissant dans les contes de nos grands-mères, vivant dans les coins plus reculés de nos contrées. Mangeur de chair humaine lorsque nos ancêtres se délectaient de plantes sauvages ramassées dans les champs et les bois, de glands et au mieux de châtaignes, d’un couscous d’orge ou de seigle

Hébergé à l’hôtel Sheraton, un des hauts lieux de la nomenklatura, Toufik Makhloufi a présenté à paiement une facture sur laquelle figure des frais de restauration et de bar s’élevant quotidiennement à environ 75 000 dinars par jour. 37 000 dinars (310 euros) pour la restauration. 37 000 dinars pour le bar. Nous ne ferons pas de commentaires. Une indication : le salaire national minimum est d’environ  16 000 dinars nets (133 euros) (après déduction des cotisations sociales). Une rémunération faisant vivre une famille pendant un mois.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire