La réponse à la question hautement impertinente de Zerrifi (à ce moment-là,
qui parmi les athlètes auraient osé tenir ce genre de tels propos ?) sera
donnée un peu plus tard. A la fin du mois d’août, à la fin de Jeux. Sur les
réseaux sociaux, sur toutes les chaines de télévisions, dans tous les journaux.
Pour Zerrifi, au mois de juillet, les dès étaient jetés, les jeux faits.
Il ne sera pas du voyage au pays de la samba. Il ne connaitra pas les artères sillonnées
par le carnaval de Rio. Il est en plein « carnaval fi dechra »
pour plagier le titre du film humoristique illustrant certains absurdités de la
vie quotidienne.
Parce qu’il côtoie les athlètes, dans ce qui se présentait alors comme
une anticipation des futures déclarations
intempestives et, de notre point de vue, inopportunes de la part des protégés
et des bénéficiaires du système (Makhloufi et Bouraâda), Zerrifi affirme
qu’ « ils vous répondront tous la même chose que moi ».
Les privilégiés du système donneront le ton à la campagne
médiatico-démagogique. Zerrifi avait eu raison avant l’heure.
En proposant au journaliste de confirmer ses propos sur l’aide à la
préparation en s’adressant aux autres athlètes de la sélection nationale,
Zerrifi tente une explication à ce sentiment qui serait commun à tous les
athlètes algériens : « le système actuel aide les athlètes une fois
au sommet ».
Son raisonnement, partagé par tous (athlètes et entraîneurs), est que
« les athlètes ont besoin d'aide avant, pas après ». Le
système est connu depuis 1990, depuis que l’excellence a été érigée en marqueur
de l’idéologie sportive. Zerrifi n’est pas intégré dans le système…..de la
starisation. De plus, il est loin du Sato, des entraîneurs qui sont au dessus du lot. C’est un intrus. Comme tant
d’autres d’ailleurs, il fait partie des
canards noirs de la couvée, de la course à pied.
Dans ce qui s’apparente à un cri de dépit, Abdelhamid Zerrifi illustre
« le fonctionnement illogique » qu’il dénonce par la
situation vécue par celui qui est devenu, depuis le début de la saison
2015-2016, son coéquipier au Montpellier Athlétic Méditerranée.
Zerrifi rappela, profitant de
l’opportunité offerte par l’interview, la situation de l’ancien vice-champion
du monde junior 2010 du 1 500 mètres, Abderrahmane Anou (3.38.86 à
Moncton, Canada). Un athlète qui aurait pu, qui aurait dû suivre la même voie
que Nouredinne Morceli.
Le champion olympique, vénéré par tous les Algériens, a également été
vice-champion du monde du 1 500 mètres (en 1988) à Sudbury, une autre
ville de ce Canada, nouvelle terre d’exil attirant nos compatriotes. Une
médaille qui lui servit de tremplin.
Lorsque l’on regarde dans le rétroviseur, Nouredinne Morceli n’a bénéficié
de l’aide et de l’accompagnement qu’après qu’il ait eu atteint le haut niveau.
Après le titre de champion du monde de Tokyo (1991). Pour Hassiba Boulmerka, ce
fut après son double titre africain de 1988 (800 et 1500). Avec son entrée dans
l’ « écurie fédérale ».
Morceli et Boulmerka appartiennent aux premières années, celles de la
mise en place du système de gestion du mouvement sportif né suite à la mise au
rencart de la « Réforme sportive ». Le prélude,
disait-on alors, du professionnalisme.
Pourtant, un quart de siècle plus
tard, Toufik Makhloufi, s’est retrouvé dans la même situation. Il n’a été reconnu
par les instances sportives nationales qu’après qu’il eut remporté la médaille
d’or inespérée des jeux olympiques de Londres (2012). Une explication plausible
à ses excès d’aujourd’hui. Dans un contexte social différent (mais pourtant
presque similaire) de celui de la décennie noire. Le pays était en crise
financière.
Quelques mois après les championnats du monde juniors de Sudbury (1988),
quelques semaines après les JO de Séoul (1988) où il avait été invité, Nouredinne
Morceli, talentueux gamin (18 ans) prenait son envol (dans des conditions
rocambolesques que nous laisseront aux principaux concernés le soin de raconter
lorsque Nouredinne et surtout son frère Abderrahmane et Amar Brahmia en auront
le désir ou écriront leurs mémoires) pour la Californie grâce à l’aide
précieuse de la championne olympique marocaine du 400 mètres-haies des jeux de
Los Angeles (1984), Nawel El Moutawakel qui permit son inscription au Riverside
Collège. Un voyage dont également firent partie Khaida Lotfi (triple saut) et
Réda Abdenouz (800 mètres), alors deux jeunes athlètes dont le talent
éblouissait les observateurs avertis.
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