dimanche 13 novembre 2016

Polémiques (48), Au sujet des binationaux

Ces dernières années, depuis qu’il a entamé son déclin, le sport algérien connait deux flux migratoires. Dans certaines disciplines, ces migrations s’apparentent à un exode……présentant un caractère saisonnier. Une sorte de transhumance humaine, sportive s’inscrivant dans une démarche identique à celle des moutons de Panurge se jetant à l’eau.

L’athlétisme en est l’exemple frappant.  La formule migratoire qui y usitée mérite que l’on s’y intéresse de près. A s’y méprendre, elle ferait presque des athlètes la pratiquant une de ces hirondelles annonciatrices du printemps alors que se profile dans leurs sillages la période automnale. Les athlètes, contrairement aux volatiles trouvent leur bonheur au Nord où, ces derniers temps, l’actualité athlétique est animée par une nouvelle vague d’athlètes marocains fragilisés par leurs quotidiens (détenteurs d’une licence dans les clubs français) sont épinglés par les contrôles anti-dopage.

Le premier flux migratoire est exportateur. Il est celui qui recrute parmi les sportifs algériens en activité désireux de rejoindre  (pour différentes raisons qu’il faudrait étudier avec plus de sérieux que nos élucubrations journalistiques) les pays  de la rive Nord de la Mare Nostrum, cette mer du milieu, cette mer Méditerranée qui, au fil des millénaires, a permis les métissages culturel et civilisationnel et de fonder des mythologies apparentées d’Est en Ouest, du Sud au Nord et inversement. Pour ces sportifs, très souvent d’un bon niveau continental, il s’agit de s’insinuer dans l’univers du « professionnalisme à l’occidentale » avec pour seule et unique ambition d’atteindre le (très restreint) niveau mondial et olympique.

Il existe un second flux exportateur  qui est constitué par des sportifs qui, à la fin de leurs carrières, se sont convertis en entraîneurs, après un passage par les ITS et l’ISTS.  Leur destination privilégiée, leur Eldorado est (le plus souvent) celle des limites, des horizons moyen-orientaux d’où s’élèvent la senteur des  pétrodollars émanant de ces pays du Moyen Orient se construisant un avenir sportif en recrutant à tour de bras dans le Maghreb central où les sportifs, hier adulés, rencontrent le mépris, le manque de considération et d’immenses difficultés à exprimer leurs talents. Etrangement, les médaillés des compétitions régionales, continentales et mondiales y ont fait au moins un détour : médailles plus un diplôme sont des atouts non négligeables dans leurs CV qu’ils étoffent.

Pour ces deux catégories, la première motivation est de s’assurer une situation, d’améliorer celle qui n’est plus aussi confortable et devient problématique. Libellés en euros ou en dollars, les billets n’ont pas d’importance. Mais avant, la construction d’un palmarès (en tant qu’athlète ou entraîneur) en Algérie est une condition sine qua non, un  passage obligé.

Le prétexte du  professionnalisme dans l’univers sportif fait partie des mythes modernes. Aujourd’hui, hors des frontières nationales,  le sportif serait  mieux. Depuis 1976, « le professionnalisme d’Etat » et par la suite ses avatars ont fait partie du paysage sportif. Il n’est plus ! Mort, il y a un quart de siècle tout en perdurant dans l’esprit des amateurs de très haute stratégie. Dans tous les sports (sauf le football qui vit au gré d’une inflation salariale inversement proportionnelle au talent et aux dettes abyssales), les champions revivent la situation qui fut celle de leurs aînés.

Le second flux (importateur) est celui qui voit l’arrivée sur les stades de football d’Algérie de sportifs résidents en Europe. Souvent, ils sont détenteurs de cette double nationalité leur permettant de jouer au ballon, de percevoir des salaires dépassant l’entendement et de changer de statut lors du passage allègre du championnat de France amateur (au mieux le championnat dit « National ») aux Ligues 1 ou 2 algériennes devenues le West (ou le Grand Nord) américain popularisé par la ruée vers l’or. Pour beaucoup de footballeurs, le rêve américain s’est transformé en rêve algérien.


Dans le sens Europe-Algérie, on enregistre également un mouvement migratoire numériquement moins important initiée par une catégorie particulière de sportifs. Ils sont animés (pour des motivations qui n’ont pas été examinées avec le sérieux voulu) par l’ambition de faire partie des équipes nationales algériennes.

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