Lorsque l’on exclue de notre champ de réflexion la question de rivalité
(ou de jalousie) sportive que l’interviewé (Abdelhamid Zerrifi) en personne n’a
pas abordé et qui ne semble pas faire partie de son univers, on s’aperçoit qu’il
se préoccupe essentiellement de l'organisation de la course qui lui reste comme
une arête (de poisson) en travers de la gorge. Il fait une fixation (connotée
négativement) sur la course en elle-même. Cette course qui est la cause de son absence aux Jeux de Rio.
A propos de cette course, Zerrifi
déclare qu’elle fut organisée avec 3 athlètes qui se sont présentés au départ et que 2 d’entre eux franchirent la ligne
d'arrivée. Plutôt un test qu’une véritable course. Même si elle fut courue dans
une compétition officielle. Une course sur mesure. A laquelle, il n’a pas été
associé ce qui fait naitre une sensation de frustration, de mise à l’écart.
Comme s’il ne lui fallait qu’un prétexte pour libérer l’amertume, la
colère qui habite son cœur et obscurcit
son esprit, Zerrifi s’attaque au système fédéral actuel qui, selon lui, « dépasse
l'amateurisme ». Un concept dont nous n’avons pas compris le sens jusqu’à
ce qu’il nous soit venu à l’esprit l’idée que ce qui dépasse l’amateurisme est
le bricolage, l’absence
d’idée directrice.
Le système fédéral est décrit comme étant un espace où « il
n'y a aucune communication entre les dirigeants et les athlètes ».
Chacun vivant en vase clos. Un environnement dans lequel l’athlète qui devrait
être l’objet de toutes les attentions, « ne sent pas aidé ni accompagné »
dans son projet sportif. La fédération serait une structure dans laquelle
« tu dois toujours batailler pour tout», dit-il.
La suite de l’interview accordée par Zerrifi montre une certaine
lassitude, un sentiment d’incompréhension. En fait, il exprime ouvertement ce
sentiment diffus qu’éprouvent les Algériens
de France quand ils sont en visite au pays. L’absence de facilitations ou plus
exactement ce qu’ils appréhendent le plus: la lourdeur des démarches à
effectuer, la confrontation permanente à ce qui paraît être des entraves de
toutes sortes que certains se plairaient à semer devant les demandes de
prestations et ce que cela suscite comme pratiques parasitaires faisant d’un
droit un service rendu. La discrimination (bien que ce comportement s’applique
à tous les Algériens) semble pointer le bout de son nez.
Zerrifi reconnait implicitement
qu’il a été (un peu) aidé. Il observe aussi que pour « les
seules aides que j'ai eues, j'ai dû me
déplacer sur Alger ». Doit-on comprendre qu’il s’agit d’aides
conditionnées, à réclamer ? Il ne le dit pas mais nous devons comprendre
que pour ce faire, pour obtenir ces aides, il a du mettre de côté, le temps
d’un séjour à Alger, ses obligations privées et professionnelles, sa
préparation, surmonter des obstacles administratifs, franchir des frontières,
survoler 800 kilomètres de mer. Tout se qui se met entre deux pays comme la
France où il réside et l’Algérie dont il porte les couleurs. Il n’en parle pas
ou, plus exactement, considère que « c’est normal » parce qu’avec le
temps il s’y est habitué et que dans son subconscient se dessine, au moment de
l’interview, ce qui l’attendait au moment de percevoir l’aide fédérale était
pire.
Mais, de quelle nature ont été ces aides ? Est-ce une aide
personnalisée ? Dans le cadre de la préparation de l’EN lors des
regroupements organisés la veille des départs vers Moscou ou Pékin ? Nous ne
le savons pas car il n’en dit rien spontanément. Le journaliste n’a pas exploré
(à tort, selon nous) cette voie.
La préoccupation médiatique est ailleurs. Certainement a-telle été d’obtenir
un éclairage extérieur (nous avons envie de dire plus objectif car émanant d’un
témoin qui ne serait pas formaté par le Sato) sur les discours entendus au
sujet de traitements particuliers, le fameux refrain sur le « deux
poids et deux mesures » que l’on entend dans la bouche des
athlètes, des entraîneurs et des dirigeants ne faisant pas partie de la cour
fédérale.
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