mardi 31 janvier 2017

Polémiques (97), Les pieds dans le plat

Dupont, ayant « profilé » Makhloufi, s’attache à décrire un présent qui n’est guère brillant. Celui des difficultés rencontrées. En ce mois de décembre 2015, alors qu’il accorde une interview pour dénoncer (par ricochet) la difficulté à obtenir un visa Schengen qui, de son point de vue de coach français entraînant un athlète algérien, n’est qu’une opération administrative. Une démarche « qui n’est même pas de sa responsabilité à vrai-dire » (celle de l’athlète), Dupont remarque que tous les adversaires de Mekhloufi ont repris l’entraînement « depuis un bon bout de temps ».

C’est sur cette question de visa que s’appesantiront particulièrement aussi bien le président du COA que, un peu plus tard, la fédération algérienne d’athlétisme (qui prendra tardivement le relais) en observant qu’il s’agit de considérations consulaires relevant du domaine privé.

Nous remarquerons que dans ses réponses, Dupont reprend un certain nombre de déclarations qui ont cours dans le milieu sportif algérien. Celles qui considèrent qu’un athlète du  standing de Toufik Makhloufi « doit être soutenu, encadré », « ne doit manquer de rien » et que «c’est l’une des rares chances de l’Algérie aux Jeux olympiques ». Il doit donc être un privilégié du système. Une sorte d’oisillon attendant la bequetée.

Son entourage (qui comprend la fédération) est seulement présent pour la photo souvenir. Dupont (venant d’un autre monde, bercé pourtant par une approche qui, pour beaucoup d’athlètes de son pays, est faite de difficultés ressemblant à s’y méprendre à celles de notre élite du second collège mise dans l’obligation de se débrouiller les moyens de réussir) s’est enferré dans la vision du héros national à la mode soviétique que les Algériens savent reproduire à l’infini. Dupont a été pris au piège.

Le plus important est ailleurs.  Il se situe quand Dupont déclare que Makhloufi a du mal à respecter le programme de préparation qu’il aurait dû suivre en….. Algérie et que l’athlète lui aurait dit qu’il « n’est pas dans des conditions psychologiques adéquates ».

On ne peut rétrospectivement s’empêcher de penser que la préparation de Toufik Makhloufi (et des autres athlètes) ne peut être parsemée que par des polémiques s’apparentant à des rituels qui rythmeraient naturellement l’organisation et le fonctionnement du mouvement sportif national. On sait malheureusement que ce microcosme ne se différencie guère de l’univers dans lequel il s’insère puisque ce  sont les mêmes mécanismes et mécaniques qui sont en action et reproduits.

Revenant sur la finale du 1500 des championnats du monde de Pékin, Philippe Dupont replace la quatrième place (la plus mauvaise puisque venant tout juste après les médaillés) dans son contexte. Il admet que le champion des Algériens était obnubilé par une place sur le podium et que cet objectif était celui que lui avaient désigné les spécialistes. Une place qu’il s’était lui-même assigné pour maintenir son statut.
Ce résultat (4ème), il le porte au compte du choix fait par Makhloufi dont l’intention était de rééditer la course de Londres laquelle est devenue pour lui la course de référence. Après coup, quelques semaines après la course, à la fin de l’année 2015, Dupont note qu’il aurait dû choisir une autre tactique, courir différemment et qu’ « en prenant moins de risques, il aurait pu largement prétendre au podium et peut-être même gagner la course ». Sur le plan tactique, Dupont prend ses distances avec Makhloufi. Une confirmation que le coureur n’en fait qu’à sa tête.

Dupont répète que se classer « quatrième dans un championnat du monde, ce n’est pas rien ». Il y croit si fort qu’il invite les supporters algériens de Makhloufi à ne pas faire « la fine bouche sur une telle performance ». Il sait pourtant que les supporters de tous les pays ont en adoration les médailles, les places sur les podiums.


Son analyse de la  course de Pékin permet d’enrichir le portrait de Makhloufi. Il le voit comme une personne « très sensible », très marquée « par le côté affectif » et comme « un passionné ». Dans cet apport nouveau à la description de Makhloufi, une autre facette apparait. Il aurait « tout le temps besoin d’être soutenu ». La nécessité d’une écoute est mise sur le devant de la scène. Une écoute refusée.

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