La législation algérienne fait obligation à l’ensemble des
intervenants dans le mouvement sportif (associations, ligues, fédérations) de
faire appel aux services d’un commissaire aux comptes pour la validation de
leurs comptabilités. Ce commissaire aux comptes est le garant du respect des
règles de la comptabilité nationale et donc, en dernière instance, que la
gestion des deniers publics s’est déroulée dans les règles de l’art. Cette
obligation est liée à la répartition de l’aide publique.
Les clubs sportifs professionnels sont astreints à la mise en place
d’un système de contrôle de la gestion qui prend naissance avec le comptable de
l’entreprise à objet sportif chargé de la comptabilisation des flux monétaires (entrants
et sortants) de la société et de leurs inscriptions sur les registres comptables
aux rubriques adéquates. Il se poursuit avec le contrôle interne auquel est
censée procéder la hiérarchie (chef comptable, directeur financier, directeur
général) et se termine par un contrôle externe portant sur la régularité de la
comptabilité d’une part (commissaire aux comptes) et la bonne gestion de la
société (conseil d’administration) qui permet à cette instance de donner (ou
pas) quitus aux dirigeants exécutifs du club. Pour les clubs professionnels de
football, le contrôle externe culmine avec le contrôle de gestion mis en place
au niveau des instances fédérales. Remarquons que cette description est à la
limite de la caricature et n’entre donc pas dans la complexité des différentes
fonctions.
En examinant la comptabilité et sa tenue, le commissaire aux comptes
certifie les comptes sociaux (accepte donc les documents comptables – bilans et
comptes de résultats essentiellement- présentés constatant par là une bonne
gestion comptable), les rejette en raison d’anomalies portant préjudice à la
véracité, à la sincérité, à l’exactitude des comptes) ou émet des réserves sur
des opérations au sujet desquelles il sollicite des gestionnaires des
explications supplémentaires qui ne lui auraient pas été communiquées en temps
opportun (le temps de l’examen des comptes). Notons que le commissaire aux
comptes est responsable, sur le plan pénal, des dérives qu’il n’aurait pas
constatées et signalées à qui de droit (conseil d’administration et procureur).
En émettant des réserves (non précisées à l’intention du grand public)
à propos du bilan de l’année 2014, le commissaire aux comptes de la SSPA/ MCA a
causé un séisme dont les multiples répliques risquent de mettre en émoi
l’univers mouloudéen. La première est la fermeture des vannes par Sonatrach qui
refuserait de continuer à alimenter en fonds la SSPA tant que les réserves
n’auront pas été levées. Les suivantes seront inévitablement (si ces réserves
ne sont pas levées rapidement) des difficultés financières (de trésorerie) qui
perturberont le fonctionnement normal de la société sportive (règlement des
factures et des salaires). Cette décision de la compagnie pétrolière (bien
qu’elle soit tout à fait naturelle et logique) attirera à n’en pas douter des
commentaires acerbes de la part des inconditionnels du Mouloudia.
La Sonatrach, pourvoyeur de fonds de la SSPA/MCA, n’a certainement pas
oublié les deux affaires qui l’ont touché directement (SSPA/MCA vs Omar Ghrib)
et par le biais de sa filiale du groupe Tassili (SSPA/CSC vs Boulhabib et
consorts) qui l’ont vu débourser respectivement 9 milliards et 19 milliards de
centimes représentant des dettes dont l’actionnaire principal de ces clubs
professionnels n’auraient pas eu connaissance en temps utile, signifiant que
ces ₺dettes₺ n’auraient pas figuré dans les bilans et comptes de résultats.
Les affaires ayant été jugées définitivement, Sonatrach semble avoir
pris acte des défaillances de gestion qu’entraînent les écritures
extracomptables ou les opérations non comptabilisées qui semblent être légions
dans le monde du football professionnel.
Au niveau d’une grande fédération olympique, des membres de
l’assemblée générale s’agitent. Un bilan certifié par le commissaire mandaté
pour ce faire serait remis en cause a postériori. Ici, il s’agit
d’enregistrement comptable de dépenses dont les justificatifs ne seraient pas
probants. L’affaire en serait au stade des investigations. Le président de la
fédération, le bureau exécutif et le commissaire aux comptes seraient concernés
par cette action dont nous suivons les développements.
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