Comme beaucoup de joueurs
de football de l’Afrique subsaharienne de bonne valeur, il avait cru que le
fait de ₺monter₺ vers l’un des trois pays du Nord du continent lui ouvrirait
les portes du véritable professionnalisme qui, selon les récits qui se
racontent de bouches à oreilles dans les gourbis et les huttes du Continent
Noir, se pratique au-delà de la mer Méditerranée, dans les pays d’Europe connue
aussi pour être le Vieux Continent. Un passage le plus court possible pour
mieux se faire connaitre des agents de joueurs et des recruteurs européens. Surtout,
lorsque l’on rejoint une équipe disputant les compétitions continentales qui
augmentent l’exposition médiatique qui est déjà la leur lorsqu’ils ont revêtu
la tunique de leurs sélections nationales jeunes ou plus.
On s’accorde à dire que cette
aventure ₺préprofessionnelle₺ est financièrement rentable pour les joueurs
africains de talent noyés dans la masse qui, dans les clubs du Maghreb,
perçoivent des salaires mirobolants comparativement à ceux qui ont cours dans
leurs pays. En tous cas, pour ces jeunes joueurs à peine sortis de
l’adolescence, sélectionnés dans des équipes nationales médianes (Espoirs,
Olympiques, CHAN) les contrats se signent au moins à la hauteur des
rémunérations offertes par les clubs des divisions inférieures françaises,
formateurs de beaucoup de joueurs
binationaux évoluent dans les championnats élites des pays maghrébins et
surtout d’Algérie. Une fortune comparativement au niveau de vie dans leurs
pays.
L’Algérie était le rêve du
jeune (24 ans aujourd’hui) international gabonais Bonaventure Sokambi recruté
par l’ASO Chlef qualifié pour les compétitions africaines. Un rêve, une
aventure qui se sont transformés en mésaventure
et cauchemar.
Comme pour la
quasi-totalité des clubs professionnels algériens, le triple challenge
(championnat de Ligue, Coupe d’Algérie,
Ligue des champions ou Coupe de la CAF) est synonyme, non pas de promotion mais
de retour dans le ventre mou du championnat et souvent de relégation en Ligue 2
(le MC El Eulma et l’ASO Chlef peuvent en témoigner).
En signant à l’ASO Chleff,
Bonaventure Sokambi ne connaissait pas la malédiction qui frappe les clubs
algériens. Il l’a appris à ses dépens. Relégué avec son équipe en division
inférieure, Sokambi ne peut plus faire partie de l’effectif. La réglementation
algérienne ne permet le recrutement de joueurs de nationalité étrangère qu’aux
clubs de Ligue 1 qui en cas de relégation doivent les libérer bien que rien
dans ce cas d’espèce ne soit stipuler expressément dans le corpus réglementaire
et encore moins dans le contrat qui lie le joueur et le club.
Contraints et forcés, l’ASO
Chlef et Sokambi s’entendent avec le CR Belouizdad pour un transfert. Tout est
bien qui finit bien. Sauf que l’histoire n’aurait aucun charme s’il n’y avait
pas un rebondissement. Le club où Sokambi était signataire (CF Mounana) avant
de rejoindre l’ASO Chleff se rappelle au bon souvenir de chacun en réclamant
l’indemnité de transfert (60 000
euros) dont est redevable le club chélifien qui fait la sourde oreille.
En Algérie, la situation
des trois parties (Sokambi, ASO Chlef, CRB) est en règle. Le CF Mounana doit
attendre le bon vouloir des dirigeants chélifiens ou plutôt que la situation
financière du club s’améliore dans un temps…. Indéterminé et indéterminable.
D’autant que le cas Sokambi (on s’en doute bien) n’est pas leur priorité.
Afin d’honorer une
sélection en équipe nationale gabonaise, Sokambi rentre au pays, participe à la
victoire et s’apprête à rejoindre le CRB quand il est interpellé par les forces
de l’ordre de son pays, mis en détention, libéré après avoir passé une nuit en
cellule et interdit de quitter le territoire (retrait du passeport) à la
demande du CF Mounana qui a entrepris des actions en justice. Pour tout le
monde (les dirigeants du CRB, la presse nationale et la presse africaine),
Bonaventure est retenu en otage.
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