mardi 8 septembre 2015

Perceptions du foot pro, Le mélange des genres


Depuis des décennies, le football national à subi un processus de transformation qui a pris naissance quasiment avec le recouvrement de la souveraineté nationale. Au cours des premières années de l’indépendance, il a continué à fonctionner en reproduisant les fondements des systèmes organisationnel, conceptuel et donc  idéologique, laissés par l’administration précédente, celle de la puissance coloniale dont ils étaient le substrat.
Ces transformations ont été logiquement en phase avec les modifications économiques et politiques connues dans le cadre de l’évolution du pays. Chacune d’entre elles a marqué profondément son fonctionnement (et celui du mouvement sportif en général dont il ne représente qu’une dimension). Elles continuent de l’influencer par la perpétuation de reflexes acquis antérieurement devenus, par la force des choses et des pratiques, une seconde nature, un conditionnement difficile à effacer. Un héritage remontant aussi bien loin dans le temps de l’Empire romain et de son célèbre « panem et circenses » (du pain et des jeux) expliquant beaucoup de situations incongrues comme le peut également la formulation marxienne établissant la religion en tant qu’ « opium du peuple » dont le football est la nouvelle formulation.
Elitiste, le football (comme le furent l’ensemble des pratiques sportives) s’est transformé en un attirail populiste. Le football n’a pourtant pas changé. Il est encore et toujours une manifestation ludique réservée à de jeunes gens qui ne sont pas entrés dans la vie d’adultes. De grands enfants certes mais socialement bien intégrés dans un contexte où les rapports sociaux, les relations sociales sont animés par le moteur, essentiellement matérialiste, basé sur l’aspect monétaire « dinar-euro-dollar».
C’est cette dualité inassumée qui est dévoilée par certaines envolées discursives (journalistiques, entre autre) signifiées par des situations qui prêteraient à rire si…….elles n’étaient pas porteuses en latence de conflits sociologiques, idéologiques, etc. qui, par beaucoup d’aspects, pourraient être apparentés à la diglossie des linguistes mettant en présence, dans l’esprit du sujet parlant, plusieurs langues se heurtant, s’opposant pour donner un discours incohérent formulé dans une succession des différentes langues connues (un mélange d’arabe littéraire, dialectal, amazigh, français, etc.) surprenant pour l’auditeur mais normalement intégré par l’auteur.
C’est à cette dimension anormalement normale que nous rattacherons trois faits divers, trois situations sans grande incidence apparente au moment de leurs apparitions (mais susceptibles de dérapages en d’autres circonstances) en trois lieux géographiques distincts (Tizi Ouzou, Béjaïa et Alger) rapportées par des correspondants de presse.
A Alger, le journaliste a été surpris par l’interdiction de stationner dans les couloirs, faite à l’endroit des journalistes et des fonctionnaires de l’institution, ne permettant pas de discuter avec les personnes auprès desquelles elles sont venues s’informer ou avec celles rencontrées au hasard des tribulations de bureaux en bureaux. Comme si les bureaux de la LNF n’étaient pas un lieu de travail mais un marché de proximité.
Les second et troisième ont eu lieu lors de rencontres amicales dont les principaux instigateurs ont été la JSK et le MOB. A Tizi Ouzou, le correspondant a relevé l’absence des membres du conseil d’administration à la rencontre JSK-OMR. Comme si la préoccupation essentielle de ces « dirigeants de bureau » étaient la qualité de la passe de X, du dribble de Y ou de l’arrêt de Z. La révélation en fait que dans les clubs algériens (ou du moins selon la croyance de certains journalistes) les fonctions sont interchangeables et que donc les « dirigeants de terrain » (manager général, entraineurs en chef ou adjoint, médecin ou kiné, etc.) peuvent prendre en charge (en tant qu’activité dominante) les relations institutionnelles et la recherche de ressources financières.

A Béjaïa, le correspondant estime qu’un match amical n’est pas une rencontre officielle (ce qui fondamentalement est vraie) mais aussi, qu’en dehors du cadre imparti lors des matchs de championnat ou de coupe, tout est permis et que toutes les règles de l’art et de l’organisation peuvent être contourner. La conséquence est que nos confrères, qui auraient voulu s’installer le long de la main courante, ont été renvoyés dans les tribunes. Où ils auraient du s’installer sans qu’on les y invite.   

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