Depuis des décennies, le football national à subi un processus de
transformation qui a pris naissance quasiment avec le recouvrement de la
souveraineté nationale. Au cours des premières années de l’indépendance, il a
continué à fonctionner en reproduisant les fondements des systèmes
organisationnel, conceptuel et donc
idéologique, laissés par l’administration précédente, celle de la
puissance coloniale dont ils étaient le substrat.
Ces transformations ont été logiquement en phase avec les modifications
économiques et politiques connues dans le cadre de l’évolution du pays. Chacune
d’entre elles a marqué profondément son fonctionnement (et celui du mouvement sportif
en général dont il ne représente qu’une dimension). Elles continuent de
l’influencer par la perpétuation de reflexes acquis antérieurement devenus, par
la force des choses et des pratiques, une seconde nature, un conditionnement
difficile à effacer. Un héritage remontant aussi bien loin dans le temps de
l’Empire romain et de son célèbre « panem et circenses » (du pain et
des jeux) expliquant beaucoup de situations incongrues comme le peut également
la formulation marxienne établissant la religion en tant qu’ « opium
du peuple » dont le football est la nouvelle formulation.
Elitiste, le football (comme le furent l’ensemble des pratiques
sportives) s’est transformé en un attirail populiste. Le football n’a pourtant
pas changé. Il est encore et toujours une manifestation ludique réservée à de
jeunes gens qui ne sont pas entrés dans la vie d’adultes. De grands enfants
certes mais socialement bien intégrés dans un contexte où les rapports sociaux,
les relations sociales sont animés par le moteur, essentiellement matérialiste,
basé sur l’aspect monétaire « dinar-euro-dollar».
C’est cette dualité inassumée qui est dévoilée par certaines envolées
discursives (journalistiques, entre autre) signifiées par des situations qui
prêteraient à rire si…….elles n’étaient pas porteuses en latence de conflits
sociologiques, idéologiques, etc. qui, par beaucoup d’aspects, pourraient être
apparentés à la diglossie des linguistes mettant en présence, dans l’esprit du
sujet parlant, plusieurs langues se heurtant, s’opposant pour donner un
discours incohérent formulé dans une succession des différentes langues connues
(un mélange d’arabe littéraire, dialectal, amazigh, français, etc.) surprenant
pour l’auditeur mais normalement intégré par l’auteur.
C’est à cette dimension anormalement normale que nous rattacherons
trois faits divers, trois situations sans grande incidence apparente au moment
de leurs apparitions (mais susceptibles de dérapages en d’autres circonstances)
en trois lieux géographiques distincts (Tizi Ouzou, Béjaïa et Alger) rapportées
par des correspondants de presse.
A Alger, le journaliste a été surpris par l’interdiction de stationner
dans les couloirs, faite à l’endroit des journalistes et des fonctionnaires de
l’institution, ne permettant pas de discuter avec les personnes auprès
desquelles elles sont venues s’informer ou avec celles rencontrées au hasard
des tribulations de bureaux en bureaux. Comme si les bureaux de la LNF
n’étaient pas un lieu de travail mais un marché de proximité.
Les second et troisième ont eu lieu lors de rencontres amicales dont
les principaux instigateurs ont été la JSK et le MOB. A Tizi Ouzou, le
correspondant a relevé l’absence des membres du conseil d’administration à la
rencontre JSK-OMR. Comme si la préoccupation essentielle de ces « dirigeants
de bureau » étaient la qualité de la passe de X, du dribble de Y ou de
l’arrêt de Z. La révélation en fait que dans les clubs algériens (ou du moins selon
la croyance de certains journalistes) les fonctions sont interchangeables et
que donc les « dirigeants de terrain » (manager général, entraineurs
en chef ou adjoint, médecin ou kiné, etc.) peuvent prendre en charge (en tant
qu’activité dominante) les relations institutionnelles et la recherche de
ressources financières.
A Béjaïa, le correspondant estime qu’un match amical n’est pas une
rencontre officielle (ce qui fondamentalement est vraie) mais aussi, qu’en
dehors du cadre imparti lors des matchs de championnat ou de coupe, tout est
permis et que toutes les règles de l’art et de l’organisation peuvent être
contourner. La conséquence est que nos confrères, qui auraient voulu
s’installer le long de la main courante, ont été renvoyés dans les tribunes. Où
ils auraient du s’installer sans qu’on les y invite.
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