vendredi 18 septembre 2015

Controverses footballistiques, En sirotant un thé devant les caméras



Nacer Bouiche, ancien goléador du Mouloudia d’Alger et de l’équipe nationale, silencieux depuis bien longtemps, s’est autorisé une intervention, une pique à l’intention des dirigeants du Mouloudia auxquels il a demande de se faire plus discret, de s’occuper de leurs affaires de dirigeants et de laisser aux joueurs la place dans les médias.
C’est quasiment le même message que nous avons envie d’adresser aux dirigeants de la JS Kabylie, à « Moh » Cherif Hannachi et à ses « ennemis intimes » du comité de sauvegarde. Les membres de ce dernier et le plus vieux président de club jouent depuis quelques mois une partie de ping-pong. Chaque déclaration de l’une des partie est suivie automatiquement d’une répartie aussi fracassante de l’autre, dans une guerre de la parole qui ne dit pas son nom mais s’étale amplement dans les journaux. Il est devenu patent aujourd’hui (même pour ceux qui, il y a quelques mois, voulaient restreindre le débat à l’univers sportif) que la querelle dépasse  le cadre du football et s’est immiscé dans d’autres sphères où le fair play n’est pas de rigueur. D’ailleurs, ce sont les mêmes outils, les mêmes moyens de propagande qui sont employés avec un débordement sur la voie publique qui, à Tizi Ouzou et ailleurs en Kabylie, rappellent des heures où le sang fut versé et qu’il vaut mieux tenter de ne pas répéter pour des histoires sans queue ni tête de ballon rond. Non, pardon ! Nous oublions que le football est un fabuleux levier capable de soulever le monde.  
Les apostrophes, les interpellations se succèdent en rafales. On se croirait presque dans les vieux films de série B d’antan, que diffusaient les salles de cinéma aujourd’hui fermées,  où le héros disait, avant d’ouvrir le feu sur son rival, avec son Colt à six coups ou son Magnum 357 : « pas de pitié pour les salopards».
« Moh » Cherif Hannachi, Menad, Aiboud, Abdeslam, maitre Meriem et bien, d’autres encore, ceux que l’on fait revivre dans les colonnes de journaux le temps d’une déclaration insipide ou incendiaire (selon le tempérament des uns et des autres), avec toutefois une médiatisation exacerbée pour celles du second type, sont à bien y réfléchir comme des gamins ou des adolescents dans la cour de récréation où chacun, mots à l’appui voudrait dominer les autres avant que les coups ne soient donnés.
Les intentions (véridiques ou factices) sont prises pour des actions à la réalisation immédiate. Quand Hannachi dit en substance « je laisse ma place à qui met 20 milliards sur la table », Menad répond qu’ « il vienne demain chez le notaire ». Pourtant, tous les deux savent que les démarches ne sont pas aussi aisées que le laissent entendre leurs déclarations. En fait, disons le crûment, les grands et vieux gamins ont quitté les bancs de l’école et se sont installés dans le café du coin (les cafés du commerce d’hier et d’avant-hier) sirotant un thé (ou autre chose) tout en jouant une partie de cartes ou de dominos devant les copains du quartier.
Sauf que l’aréopage qui les entoure est décuplé d’abord par la presse sportive devenue presse-people et les chaînes de télévision satellitaires privées, toutes deux à l’affut de sensationnel.
Hannachi, Menad et consorts se donnent en évidence en spectacle. Eux et leurs pairs (à la JSK ou ailleurs, au MCA, au CSC, à l’ESS, etc.) ne peuvent d’ailleurs se passer de cette puissante drogue qui fait partie de leur existence depuis le temps où ils s’exhibaient en cuissettes et maillots sur les terrains de foot.

Les improvisations de ces épanchements dignes de la commedia dell arte ont cependant des répercussions négatives dans les gradins des stades. La pierre qui a tué Albert Ebossé, les menaces qui ont conduit Yesli à fuir Tizi et à se réfugier chez lui, hors de frontières, sont le produit de cette fermentation déplorable et inutile. La solution à cette guerre des chefs existe, ils la donnent dans leurs imprécations et au lieu de la mettre en œuvre, ils préfèrent continuer à s’égosiller.       

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