L’
|
Arbaâ est une ville moyenne comme il y en a tant dans le pays. Une de
ces petites villes d’hier qui se sont développées, où le béton s’est emparé des
terres agricoles. Parmi les plus belles du pays. Celles qui faisaient le
bonheur des colons d’avant-hier et des exportateurs de céréales des Hauts
Plateaux et d’agrumes de la Mitidja. Un village de l’immense jardin de l’Alger
ottomane et de ce que d’aucuns firent la métropole.
On pourrait, sans trop d’efforts intellectuels, comparer l’Arbaâ à
d’autres agglomérations moyennes telles qu’El Eulma ou à Tadjenanet qui elles
aussi abritent des clubs professionnels de football rivalisant avec les ténors
de la Ligue 1. De moyennes villes, des
cités de l’Algérie profonde qui se hissent progressivement au niveau des chefs
lieux de wilaya qu’elles ne sont pas et qui prétendent l’être dans le découpage
territorial à venir.
En quelques années, l’équipe phare de l’Arbaâ est passée des
profondeurs de la hiérarchie footballistique algérienne au niveau supérieur
ajoutant chaque année une accession à la précédente. Pendant deux saisons,
comme toutes les équipes montantes dont le parcours antérieur fut souvent aussi
chaotique, le RCA a fait illusion en se plaçant aux avant-postes de la
hiérarchie nationale et en jouant l’année dernière la finale de la Coupe
d’Algérie face à une équipe (MO Béjaïa) qui l’avait accompagnée dans
l’accession vers le palier ultime.
La persévérance n’est pas indubitablement la qualité première des
clubs algériens. On le sait depuis longtemps si ce n’est depuis toujours. Comme
si l’inconstance était justement le fondement de leurs démarches, de leurs
projets sportifs. Arrivé en Ligue 1, le
RCA s’est vu obliger d’adopter le statut de SSPA (société sportive par actions)
perçue comme la panacée aux maux du football national privatisé. Changement de
statut, changement de dirigeants (même si une partie importante s’est retrouvée
parmi les actionnaires) et de…. président du club devenu président du conseil
d’administration d’une SSPA disputant, à son corps défendant, le pouvoir de
décision aux anciens joueurs et anciens dirigeants (porteurs de la légitimité
footballistique historique dont se vêtent ₺les enfants du club₺),
aux supporters constitués en masse populaire et aux élus locaux formant le club
sportif amateur dont, pour son malheur, la SSPA est issue et auquel elle est liée
par un ombilic réglementaire par lequel transite les aides financières des
collectivités locales.
A la première crise fomentée dans les entrailles du CSA, selon une
tradition frappant la croissance de tous les clubs, la direction s’est débinée
dans le plus beau style des associations sans fondation. Chacun est retourné sous
sa tente, à ses affaires personnelles, après avoir annoncé à tue-tête, par
presse interposée devenue crieur public des temps modernes, sa démission. Sans
aucun respect pour ce formalisme juridique qui aurait du être le seul et unique
rempart de la bonne gestion.
A l’Arbaâ, comme sous d’autres cieux, ce sont les bonnes vielles
règles de la gestion administrative et comptable qui, semble-t-il, gênent. Du
moins, elles seraient à l’origine des dissensions entre actionnaires,
dirigeants sportifs amateurs et élus locaux. Ceux-ci évoluent dans un univers
où la séparation entre le pouvoir décisionnaire des dirigeants de l’instance
exécutive du club et le pouvoir de contrôle de la gestion par les membres du
conseil d’administration ne sont qu’une lubie et se confondent dans l’opacité
la plus complète. Si complète que les experts en comptabilité et les juristes
en perdent les notions les plus élémentaires de leurs professions respectives.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire