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Oran que l’on surnomme
« El Bahia », le football comme partout ailleurs dans le pays et peut
être plus que partout ailleurs, est une passion enivrante qui fait perdre à
tout un chacun les limites de la raison.
Il nous faut reconnaitre avant tout qu’Oran et sa région sont un
espace géographique où le talent na jamais été absent. L’histoire regorge du
nom des magiciens de la balle ronde. Pas seulement l’histoire. Le vivier
oranais est si prolifique et les clubs de renom (ou du moins continuant à faire
partie de l’élite nationale) si peu nombreux qu’ils en ont été contraints à des
mouvements migratoires internes si nombreux que beaucoup d’observateurs ont
transformé cette mobilité professionnelle en une sorte d’instabilité. Certains
d’entre eux se sont même interrogés sur les motivations qui les animaient. Sans
trop les trouver. Ou peut être sans trop approfondir la question au risque de
se retrouver dans des situations ambigües dont il serait difficile de
s’extirper.
Les sciences sociales et humaines expliqueront, sans doute un jour
quand les universitaires algériens voudront bien se pencher sur les thématiques
sportives, la passion envoutante, enivrante qui animent les supporters et les
dirigeants du Mouloudia d’Oran, nés par un curieux hasard dans les quartiers
populaires de la vieille ville avant que les migrations intra urbaine ne les
conduisent vers les cités dortoirs des nouvelles villes. Les mouloudéens à Oran
comme à Alger ou encore Béjaïa ont, de longue date, fait leurs nids dans les
ruelles étroites, sinueuses et protectrices des casbahs médiévales, dans ces
maisons mauresques popularisées par Dar Sbitar de Mohamed Dib.
Dans ces fiefs de Mouloudia, marqueurs d’une naissance ou de
renaissance, résonnent (selon les circonstances) les cris de joie ou de colère
mais essentiellement cette effervescence synonyme de vie en communauté, de
microsociétés repliées sur elles mêmes, intimement isolées du reste l’univers
bien qu’utilisant, comme outils de communication, les gadgets modernes mis à
leurs disposition.
Depuis quelques années, le Mouloudia d’Oran survit. Il vit en réalité
sur les vestiges de son passé, ressassant dans des récits sans fin un passé
footballistique plus qu’honorable, ressuscitant les exploits sportifs d’hier,
les jours heureux d’une période légendaire où de subtils et alertes manieurs de
ballon formés des légions.
La version actuelle du Mouloudia d’Oran est à classer dans
l’inénarrable sur un fond d’histoires qui auraient, il y a quelques décennies,
ravi les bambins, regroupés dans les mansardes autour de kanouns aujourd’hui
remplacés par des chauffages au gaz, apprenant de leurs ainés l’autodérision et
le sens du ridicule qui ne tue plus. Des récits, empreints de cet humour
populaire corrosif qui seyait si bien aux supporters inconditionnels prompts à
tous les excès langagiers, où figurerait la narration hautement picaresque de
ce jour désastreux où cette équipe chère au cœur des Hamraoua se présenta sur
un stade en double : deux équipes de joueurs chacune ayant son staff
technique et son groupe d’accompagnateurs. Une situation si guignolesque que
leurs adversaires du jour, qui recevaient le Mouloudia, crurent un instant que
c’était les effets visuels dévastateurs
d’une piquette. Les amoureux du Mouloudia appréhendent un retour à ce
gente d’agissements préjudiciables à l’honorabilité des couleurs du club.
Depuis quelques semaines, des dissensions sont apparues. D’abord,
entre les membres du staff dirigeant classés entre les membres
« actifs », excessivement présents,
et les autres que, par un de ces raccourcis qu’apprécient les esprits
aiguisés, on pourrait qualifier de « passifs », si peu présents
qu’ils sont souvent en situation d’absentéisme lorsque leur présence est
nécessaire. Ensuite, entre les membres si actifs et si représentatifs qu’ils en
viennent à piétiner les territoires où, dans la logique des relations
fonctionnelles régissant le bon fonctionnement de l’organisation, leur
activisme n’est pas souhaitable.
Pour agrémenter la pièce théâtrale relevant du répertoire de la
comédie de boulevard, les acteurs principaux se cherchent et ne se trouvent
pas. Leurs emplois du temps se chevauchent, leurs horaires ne concordent
pas….Pendant ce temps, les décisions importantes ne se prennent pas, sont
repoussées aux calendes grecques, les réunions de travail sont reportées et,
les personnages….. ne peuvent et ne veulent pas se parler.
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