mercredi 18 janvier 2017

Polémiques (86), La vision de Bouraâda

La difficulté première du décathlon (ou de son équivalent féminin, l’heptathlon) réside dans l’accumulation des efforts consentis pendant dix épreuves regroupées en deux jours. Des épreuves connues, difficiles lorsqu’elles sont pratiquées isolément et qui le sont encore plus lorsqu’il faut les accomplir en un laps de temps réduit. Avec une récupération minimale, jamais complète entre chaque épreuve appartenant au vaste éventail des épreuves athlétiques, obligeant l’athlète complet, le « superman », à un apprentissage technique multiple. Ces deux aspects primordiaux (accumulation d’efforts diversifiés, et apprentissage technique multiple) ne sont pas mis en valeur. Le regard est porté sur le matériel et les ressources. Comprendre qu’au décathlon, le matériel fait le champion !

Nous restons médusés lorsque nous lisons que Larbi Bouraâda « n’a pas les mêmes moyens que ses concurrents ». Il sera intéressant de comparer en premier lieu les statuts sociaux puis les conditions de préparation qui sont offertes aux athlètes en présence lors des jeux olympiques. Sans trop nous engager, nous ne serions pas surpris que Larbi fasse partie des mieux lotis. Mieux que ceux qu’il précède et mieux que certains de ceux qui le devancent. Une certitude, il n’est pas tenaillé par le poids de la hantise des lendemains difficiles si la question est correctement prise en charge. Son profil cependant ne permet pas une reconversion aisée. Sa discipline n’est pas porteuse et rémunératrice comme pourrait l’être les courses.

Quel matériel pédagogique est  nécessaire à la pratique des épreuves combinées? Rien de bien particulier. Des haies, des startings blocks, des javelots, des disques et des perches. Un matériel disponible sur n’importe quel stade d’Alger et d’Algérie. Brahmia et Mahour Bacha ont été d’accord sur un point, la CPO a permis d’acquérir des perches neuves. Un médaillé olympique a même été dépêché à Paris pour permettre cette acquisition. La perche, le seul engin qui est véritablement spécifique.

Larbi Bouraâda n’a pas les mêmes moyens que ses adversaires. Etrangement à cette affirmation, il nous revient à l’esprit que le comité olympique avait fait la proposition d’une préparation aux Etats Unis, portés au rang de l’Eden des épreuves combinées. Une proposition qui ne fut pas prise en considération.

En matière de récupération, Larbi Bouraâda a bénéficié de la cryothérapie (certes de fortune) et de la Técarthérapie grâce à l’aide de l’USMA. Lorsqu’il a fallu soigner sa « présumée » blessure au dos qui le perturba au point de rater les championnats du monde en salle, il s’est rendu au Portugal pour une injection sous le couvert d’un dossier de sortie.

Il est vrai que les compétitions ont sans doute été insuffisantes. Mais, il a raté le rendez-vous important de Portland (championnat du monde en salle). Quant à la DTN, qui le positionne en catégorie A, elle a mis à sa disposition des billets d’avion (pour se rendre sur les stades abritant les compétitions choisis)  dont le nombre était ouvert (comme pour Makhloufi, d’ailleurs).

Larbi Bouraâda est dans la situation d’un athlète qui ne se consacre qu’à sa carrière sportive. Un professionnel de l’athlétisme, certes sans statut, mais avec les avantages immédiats. Pourtant, il n’est pas heureux de son état : «On manque de beaucoup de choses nécessaires et incontournables pour pouvoir gagner des médailles ». L’insatisfaction permanente qui écarte de la pensée le contrat de sponsoring avec l’opérateur de téléphonie mobile dont on ignore l’usage qu’il en est fait.

Alors que l’on s’attend (par accoutumance, dirions-nous) à des attaques dirigées vers le comité olympique et sa CPO, Larbi Bouraâda vise directement la fédération algérienne d’athlétisme au sujet de laquelle il affirme qu’il est de son rôle « de satisfaire toutes ces exigences » qui ne sont pas définies clairement et que, vraisemblablement  par facilité, il regroupa dans la formule « de choses nécessaires et incontournables pour pouvoir gagner des médailles ». Ce qui exempte de les définir. Un peu plus tard, dans une autre partie de sa déclaration, il sera plus prolixe.


Cela lui permet de décrire le fonctionnement intellectuel au sein du mouvement sportif et de la fédération d’athlétisme où « on demande aux athlètes de se préparer » à l’approche des Jeux. Pour enfoncer le clou, il observe une vérité de la Palice traversant un discours traditionnellement matraqué dans les coulisses. Le Sato déteint sur les athlètes !

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