lundi 17 avril 2017

Les Algériens et le dopage (11), Le tournant de l’an 2012

Les chemins de Bouraâda et de Mahour Bacha se sont séparés. Le premier s’est rapproché géographiquement de Londres en se préparant dans la région parisienne. Il s’est aussi rapproché de la médaille en s’entraînant avec un entraîneur dont le record personnel est proche du sien et qui ne trimbale pas derrière lui des casseroles.

Mahour Bacha a rejoint, en Arabie Saoudite, la famille reconstituée. La famille au sens habituellement consacré de relations parentales, de liens familiaux ainsi que la « famille » (dans sa perception maffioso algéroise) qui, à l’exemple de celles de Sicile et de Calabre, telle une pieuvre, plonge ses tentacules dans le dopage.

Les accusations qui furent portées à l’encontre de quelques notables de la discipline (Mahour Bacha évidemment, Bouras et Brahmia) sont aujourd’hui adressées à d’autres entraîneurs qui justement élisent domicile en ces lieux et seraient proches du trio. En équipe nationale et dans les clubs.

Jusqu’en 2012, les assertions des uns et des autres étaient reçues, par l’auditoire incrédule, comme faisant partie d’une gigantesque farce, une manipulation des esprits complétées par  des tentatives de dénigrement de l’Autre.

Les médisances se sont toutefois transformées en réalité lorsque, au début de l’été 2012, trois athlètes ont été pris en flagrant délit de dopage lors de contrôles effectués en dehors du territoire national.

Mohamed Réda Megdoud était licencié au GSP, le fief de Brahmia. Dans les semaines qui suivirent, ce furent Larbi Bouraâda et Zahra Bouras, deux athlètes très proches du duo Mahour Bacha-Bouras, qui furent pris dans le filet. Notons qu’Amar Bouras ne sera élu président de la FAA que quelques mois plus tard.

Une année plus tard (en plein été 2013), après l’irruption de ce scandale dans l’univers de l’athlétisme algérien, il est signalé un événement frappant qui passa inaperçu. Ainsi que le rapporta publiquement dernièrement Kamel Benmissi, la délégation  algérienne ayant participé aux championnats du monde d’athlétisme de Moscou (2013) aurait rapporté dans ses bagages (avec pour justificatifs de dépenses, selon des propos tenus en off, une facture rédigée cyrillique) des produits pharmaceutiques disponibles dans les officines nationales et des produits dopants. La valeur de ce stock, introduit sur le territoire national dans les bagages de la délégation, a été estimée à 2 000 euros (correspondant grosso modo au cours de l’époque à plus de 200 000 dinars, 20 millions de centimes). De quoi remplir abondamment les étagères d’une pharmacie.

C’est à partir de cette date (qui semble marqué un tournant dans la perception que l’on a en Algérie du dopage) que ce qui n’était que suspicions, rumeurs a pris de l’ampleur et corps.

Le phénomène est certes universel. Toute performance sortant de la norme habituelle devient suspecte, fortement entachée par l’éventualité d’une pratique d’infraction à l’éthique, de recours à des produits prohibés par la réglementation sportive, de pratiques qui ne sont pas formellement interdites tout en prêtant à suspicion. Sans compter le « dopage autorisé » via les autorisations à usage thérapeutiques de produits interdits.

L’affaire « Zahra Bouras et Larbi Bouraâda » s’est achevée en queue de poisson. Les plaintes déposées (que l’on devrait plus exactement, cinq années plus tard, appréhender en tant qu’intentions de « plaintes contre X » médiatisées à grand renfort de déclarations tonitruantes dans la presse nationale) par Amar Bouras et Ahmed Mahour Bacha, n’ont pas abouties. Pour plus d’exactitude, on ne connait pas le sort qui a été le leur.

Les accusations portées par Zahra Bouras contre son ex-entraîneur Mahour Bacha (qu’elle avait quitté quelques mois avant les deux contrôles positifs pour poursuivre sa préparation pour les championnats d’Afrique et les jeux olympiques sous la houlette de son père) n’ont également pas eu d’échos. Elles n’ont pas suscité de réactions officielles visibles.

La fédération, qui n’était pas encore présidée par Amar Bouras, est restée impassible. Sans réaction qui puisse entraver la calamité en gestation. En fait, nous pensons qu’un sentiment d’impunité s’est alors installé.

Nous sommes tentés de croire que la pratique maléfique a été encouragée en permettant en particulier à nos deux lurons (Bouras et Bouraâda) de continuer à bénéficier des avantages d’athlètes d’élite dont la prise en charge de stages. Aveugle et complice, la fédération l’est encore plus sous la présidence Bouras. Elle écopera d’une mise en garde de l’IAAF.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire