Les chemins de
Bouraâda et de Mahour Bacha se sont séparés. Le premier s’est rapproché
géographiquement de Londres en se préparant dans la région parisienne. Il s’est
aussi rapproché de la médaille en s’entraînant avec un entraîneur dont le
record personnel est proche du sien et qui ne trimbale pas derrière lui des
casseroles.
Mahour Bacha a rejoint,
en Arabie Saoudite, la famille reconstituée. La famille au sens habituellement
consacré de relations parentales, de liens familiaux ainsi que la « famille »
(dans sa perception maffioso algéroise) qui, à l’exemple de celles de Sicile et
de Calabre, telle une pieuvre, plonge ses tentacules dans le dopage.
Les accusations qui
furent portées à l’encontre de quelques notables de la discipline (Mahour Bacha
évidemment, Bouras et Brahmia) sont aujourd’hui adressées à d’autres
entraîneurs qui justement élisent domicile en ces lieux et seraient proches du
trio. En équipe nationale et dans les clubs.
Jusqu’en 2012, les
assertions des uns et des autres étaient reçues, par l’auditoire incrédule,
comme faisant partie d’une gigantesque farce, une manipulation des esprits
complétées par des tentatives de
dénigrement de l’Autre.
Les médisances se sont
toutefois transformées en réalité lorsque, au début de l’été 2012, trois
athlètes ont été pris en flagrant délit de dopage lors de contrôles effectués
en dehors du territoire national.
Mohamed Réda Megdoud
était licencié au GSP, le fief de Brahmia. Dans les semaines qui suivirent, ce
furent Larbi Bouraâda et Zahra Bouras, deux athlètes très proches du duo Mahour
Bacha-Bouras, qui furent pris dans le filet. Notons qu’Amar Bouras ne sera élu
président de la FAA que quelques mois plus tard.
Une année plus tard
(en plein été 2013), après l’irruption de ce scandale dans l’univers de
l’athlétisme algérien, il est signalé un événement frappant qui passa inaperçu.
Ainsi que le rapporta publiquement dernièrement Kamel Benmissi, la délégation algérienne ayant participé aux championnats du
monde d’athlétisme de Moscou (2013) aurait rapporté dans ses bagages (avec pour
justificatifs de dépenses, selon des propos tenus en off, une facture rédigée cyrillique)
des produits pharmaceutiques disponibles dans les officines nationales et des
produits dopants. La valeur de ce stock, introduit sur le territoire national
dans les bagages de la délégation, a été estimée à 2 000 euros
(correspondant grosso modo au cours de l’époque à plus de 200 000 dinars,
20 millions de centimes). De quoi remplir abondamment les étagères d’une
pharmacie.
C’est à partir de
cette date (qui semble marqué un tournant dans la perception que l’on a en
Algérie du dopage) que ce qui n’était que suspicions, rumeurs a pris de
l’ampleur et corps.
Le phénomène est certes
universel. Toute performance sortant de la norme habituelle devient suspecte, fortement
entachée par l’éventualité d’une pratique d’infraction à l’éthique, de recours
à des produits prohibés par la réglementation sportive, de pratiques qui ne
sont pas formellement interdites tout en prêtant à suspicion. Sans compter le « dopage
autorisé » via les autorisations à usage thérapeutiques de
produits interdits.
L’affaire « Zahra
Bouras et Larbi Bouraâda » s’est achevée en queue de poisson. Les
plaintes déposées (que l’on devrait plus exactement, cinq années plus tard,
appréhender en tant qu’intentions de « plaintes contre X »
médiatisées à grand renfort de déclarations tonitruantes dans la presse
nationale) par Amar Bouras et Ahmed Mahour Bacha, n’ont pas abouties. Pour plus
d’exactitude, on ne connait pas le sort qui a été le leur.
Les accusations
portées par Zahra Bouras contre son ex-entraîneur Mahour Bacha (qu’elle avait
quitté quelques mois avant les deux contrôles positifs pour poursuivre sa
préparation pour les championnats d’Afrique et les jeux olympiques sous la
houlette de son père) n’ont également pas eu d’échos. Elles n’ont pas suscité
de réactions officielles visibles.
La fédération, qui
n’était pas encore présidée par Amar Bouras, est restée impassible. Sans réaction
qui puisse entraver la calamité en gestation. En fait, nous pensons qu’un
sentiment d’impunité s’est alors installé.
Nous sommes tentés de
croire que la pratique maléfique a été encouragée en permettant en particulier
à nos deux lurons (Bouras et Bouraâda) de continuer à bénéficier des avantages
d’athlètes d’élite dont la prise en charge de stages. Aveugle et complice, la
fédération l’est encore plus sous la présidence Bouras. Elle écopera d’une mise
en garde de l’IAAF.
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